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Articles avec #allen (woody) tag

Alice

Publié le par Rosalie210

Woody Allen (1990)

Alice

L'héroïne du film s'appelle Alice et sa sœur s'appelle Dorothy. Quelle entrée en matière! Il n'est pas difficile de comprendre que l'on va se promener dans ce film quelque part entre le pays des merveilles et le pays d'Oz. Pas au sens littéral du terme mais les herbes magiques du docteur Yang permettent à Alice une surprenante (et parfois jubilatoire) traversée du miroir.

Cette bourgeoise BCBG insatisfaite en dépit de son train de vie fastueux (montré avec force détails satiriques qui préfigurent "Match Point") voit son corps se révolter sous la forme d'un mal de dos chronique et de rêves d'adultère. Elle ose alors pousser la porte du bouge mal famé où officie l'omniscient docteur et c'est le début d'une aventure que seul le cinéma rend possible (d'où l'absence de Woody Allen à l'écran: c'est lui le docteur Yang! Et "Alice" préfigure de nombreux films où la magie joue un rôle important "Le Sortilège du Scorpion de Jade", "Scoop", "Magic in the Moonlight" etc.)

Qui n'a jamais rêvé de voir ses inhibitions tomber pour pouvoir réaliser ses désirs? Se rendre invisible pour savoir ce que l'on dit de soi ou surprendre son mari en flagrant délit d'infidélité? Revivre des moments heureux du passé avec les gens que l'on a aimé? S'envoler au-dessus de la ville avec le fantôme de son premier mari? Rencontrer sa muse pour réaliser ses aspirations artistiques? Mia Farrow s'en donne à cœur joie dans plusieurs registres, passant de la catho coincée à la nymphomane en un clin d'œil, le tout avec cette sensibilité qui donnent aux films de Woody Allen de cette époque leur aura particulière. 

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Harry dans tous ses états (Deconstructing Harry)

Publié le par Rosalie210

Woody Allen (1997)

Harry dans tous ses états (Deconstructing Harry)

C'est l'un des films les plus déconstruits de Woody Allen, le titre en VO s'intitule d'ailleurs "Deconstructing Harry" (en référence également au courant philosophique du déconstructionnisme qui traque les significations sous-jacentes des textes, à l'insu de leur propre auteur). Le montage est haché avec des jump-cuts très fréquents. Le générique donne le ton. Sur fond noir comme tous les Allen mais entrecoupé d'une séquence (Judy Davis sortant furieuse d'un taxi) qui se répète 4 fois! La narration éclatée est elliptique et digressive et on navigue sans arrêt entre deux niveaux de fiction: celle du personnage principal, Harry et celle des personnages et histoires qu'il réinvente à partir de sa vie. Parfois il s'agit d'un copier-collé des événements vécus (on les voit donc deux fois avec des acteurs différents). Parfois il s'agit de la traduction de ses fantasmes qui les font évoluer vers le fantastique (l'apparition de la grande faucheuse comme dans le "Septième sceau" de Bergman, la séquence en enfer.) Tout cela étant aussi une mise en abyme de la personnalité du réalisateur (qui joue Harry, évidemment): son rapport à la création, aux femmes, au judaïsme, à la mort. La narration déstructurée et le personnage en panne se rapprochent de "8 1/2" de Fellini mais avec un fil directeur sorti tout droit des "Fraises sauvages" d'Ingmar Bergman (le voyage pour recevoir un hommage).

En dépit de ses qualités, le film, trop nihiliste et trop sec ne fait pas partie de mes préférés de Woody Allen. On a l'impression que la sophistication du récit lui sert surtout à déverser sa détestation du genre humain. Toutes les femmes y sont hystériques, déloyales ou vénales. Lui-même se dépeint sous les contours d'un personnage médiocre qui ne sait pas ce qu'il veut et sème la pagaille sur son passage. C'est d'ailleurs pour faire le point qu'Harry tente de transformer sa vie en création. Sauf qu'il a du mal à y parvenir comme le montre son personnage-acteur "flou" (joué par Robin Williams). Lui-même étant un personnage de fiction, il devient flou à son tour jusqu'à ce que la pute au grand coeur (bonjour les clichés) ne le ramène sur terre.

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Maris et femmes (Husbands and Wives)

Publié le par Rosalie210

Woody Allen (1992)

Maris et femmes (Husbands and Wives)

Les films de Woody Allen sont tellement proches de lui qu'il est devenu courant de les interpréter à l'aune des rebondissements de sa vie privée compliquée (comme les critiques de son dernier opus "Wonder Wheel" le montrent).

"Maris et femmes" est de ce point de vue un cas d'école. C'est en effet le dernier film qu'il a tourné avec Mia Farrow, juste avant qu'ils ne se séparent. En effet pendant le tournage, elle a découvert la liaison qu'il entretenait avec sa fille adoptive Soon Yi et a eu bien du mal à terminer le film. Or justement, "Maris et femmes" est un film sur la crise du couple où l'effet de mise en abyme joue à plein. L'annonce de la séparation de leurs amis Sally (Judy Davis) et Jack (Sydney Pollack) déstabilise profondément le couple formé par Judy (Mia Farrow) et Gabe (Woody Allen) qui se croyaient à l'abri. La tourmente conjugale est soulignée par une mise en scène hachée novatrice à l'époque avec un tournage caméra à l'épaule et de nombreux jump-cuts. On remarque également que pour la première fois, Mia Farrow n'est pas magnifiée mais enlaidie. Son personnage porte des vêtements informes, ses cheveux sont coupés courts, son visage est livide et elle pratique derrière sa fragilité de façade le mensonge et la manipulation pour parvenir à ses fins.

Woody Allen se donne évidemment le beau rôle dans cette histoire. Il apparaît comme une victime de Judy et suscite l'admiration de Rain (Charlotte Lewis), une très belle étudiante qui rêve d'avoir une relation avec lui. On ne compte plus le nombre de films où Woody Allen (ou ses clones) entretiennent une relation amoureuse avec une jeune fille, la relation prof-étudiante en étant une des variantes (on la retrouve dans "L'Homme Irrationnel"). Quant à Jack, autre avatar d'Allen, il se ressource dans les bras d'une jeune fille inculte (thème central de "Wathever works"). Evidemment la différence majeure avec la réalité réside dans le fait que ces relations asymétriques ne sont pas incestueuses. Néanmoins on peut remarquer que dans le film, une des raisons profondes de la séparation du couple Judy/Gabe est le refus de ce dernier d'avoir un enfant avec elle, celle-ci étant déjà mère d'une précédente union. Un reflet troublant de la réalité puisque le couple Farrow/Allen s'est révélé stérile, leur seul enfant prétendument biologique étant probablement celui de Frank Sinatra, son précédent mari.

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Wonder Wheel

Publié le par Rosalie210

Woody Allen (2017)

Wonder Wheel

Le titre et l'affiche ne mentent pas: c'est la circularité qui caractérise ce film.

D'abord parce qu'il recycle (avec brio toujours mais c'est quand même du recyclage) les thèmes, personnages et références du cinéaste. Ginny la flamboyante rousse interprétée par Kate Winslet est une lunatique dont l'humeur fait des tours de montagnes russes (celles de Coney Island qui sert de toile de fond au film). Et quand elle est en bas (ce qui est souvent le cas) on reconnaît en elle une nouvelle "Blue Jasmine" sortie de l'univers de Tennessee Williams. Le chef opérateur Vittorio Storaro joue beaucoup avec ces deux couleurs pour dépeindre les états d'âme successifs de son héroïne qui oscille entre d'un côté ses rêves de gloire évanouis et sa quête chimérique d'amour et de l'autre sa frustration liée à sa vie minable somatisée sous forme de maux de tête récurrents.

Ensuite parce que la circularité de "Wonder Wheel" est également liée à son caractère de tragédie familiale en huis-clos. Avec "Hamlet", "Œdipe" et "Winchester 73" pour références, on comprend que l'on va avoir droit à une histoire d'inceste et de meurtre en boucle. Pas étonnant que Ginny se sente oppressée par un sentiment de claustrophobie. Il est bien réel car c'est une vision noire de la famille qu'a Woody Allen (et qui fait couler tant d'encre depuis quelque temps). Et c'est du besoin irrépressible de s'évader de cette situation sans issue que naît le drame. L'infidélité de Ginny à son premier mari qui fait exploser sa famille et transforme son fils en pyromane. Puis son infidélité envers son deuxième mari pour un homme plus jeune et sa rivalité avec sa belle-fille qui est au cœur de l'intrigue. Kate Winslet est remarquable dans ce rôle ingrat d'épouse et de mère indigne qui s'autodétruit alors que les autres personnages peinent à exister.

Wonder Wheel malgré ses couleurs pimpantes est donc un film désespéré qui exprime la noire misanthropie de son auteur comme dans "Blue Jasmine", "L'homme irrationnel", "Crimes et Délits", "Match Point" ou "Le rêve de Cassandre".

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Celebrity

Publié le par Rosalie210

Woody Allen (1998)

Celebrity

"Celebrity" est un remake new-yorkais de la "Dolce Vita" de Federico Fellini, l'un des maîtres de Woody Allen. Un journaliste-écrivain en panne (Woody Allen dans le corps de Kenneth Branagh) décide de relancer sa vie et sa carrière en se rendant disponible (c'est à dire en divorçant de sa femme enseignante bien peu glamour), en achetant une Aston Martin et en approchant le monde des paillettes et ses stars clinquantes (Melanie Griffith et Charlize Theron vampent, Leonardo DiCaprio casse tout, se drogue et fait des parties fines entre deux avions etc.) Il n'avait cependant pas prévu que son ex-femme (Judy Davis) allait mieux réussir que lui sans même l'avoir cherché. Elle a en effet l'occasion d'entrer dans le monde de la télévision et approche même un certain Donald Trump (on est en 1998) qui lui annonce qu'il va "acheter la cathédrale St-Patrick, la raser et construire un immeuble à la place"!

Ce n'est pas un grand Woody Allen. Sa satire du showbiz est divertissante avec quelques passages amusants comme celui-ci:
"Papadakis le réalisateur est un artiste prétentieux, un de ces connards qui ne filment qu'en noir et blanc, un cliché après l'autre. Tom Dale, une grande star tourne une adaptation de la suite d'un remake. Voici un grand critique, il détestait tout, il a épousé une jeune plantureuse et il adore tout." Cependant ce dézingage des milieux intellos et people tourne rapidement à vide d'autant que l'intrigue principale sent le recyclage à plein nez (de "Maris et femmes" surtout). Les personnages principaux (un velléitaire qui ne sait pas ce qu'il veut et une hystérique qui rencontre un prince charmant qui accepte tous ses caprices)sont peu sympathiques. Le fait qu'il ne joue pas lui-même est également une faiblesse. Kenneth Branagh a été choisi sans doute parce qu'il est à la fois devant et derrière la caméra comme Woody Allen tout en étant plus jeune que Woody Allen. Mais il n'a visiblement pas le droit de faire autre chose que du Woody Allen. Résultat, cela sonne faux.

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Manhattan

Publié le par Rosalie210

Woody Allen (1979)

Manhattan

Manhattan est incontestablement l'un des plus beaux films de Woody Allen.

Visuellement, c'est une splendeur. L'ode à New-York y atteint des sommets grâce à l'utilisation du cinémascope, au noir et blanc somptueux de Gordon Willis et à la musique non moins somptueuse de George Gershwin. Woody Allen innove en remplaçant la nature par la ville comme expression des états d'âme des personnages. La simplicité et le prosaïsme des décors dans lesquels s'inscrit Tracy (Mariel Hemingway) amoureuse sincère et candide s'opposent aux aspirations grandioses et aux tourments existentiels de Mary (Diane Keaton) qui trouvent leur expression visuelle dans des séquences époustouflantes de beauté (celle du lever de soleil au petit matin est devenue iconique ainsi que celle du planétarium). Entre ces deux univers navigue Isaac alias Woody Allen. Car on reconnaît bien à travers Tracy et Mary les aspirations contradictoires du cinéaste. D'un côté une bourgeoise snob et névrosée idéale pour une relation compliquée, de l'autre une très jeune fille incarnant l'innocence et le bonheur auquel Allen n'ose pas céder. C'est pourtant elle, la "gamine" traitée ironiquement par Mary de nouvelle Lolita ("Nabokov doit bien se marrer") qui s'avère être le personnage le plus mature du film. La scène finale, très émouvante est l'une des plus belles du cinéma allénien. Lequel pour une fois perd sa langue devant la puissance salvatrice de cet amour simple et vrai "Six mois ce n'est pas si long. Tout le monde ne se fait pas corrompre. Tu devrais avoir un peu plus confiance en l'homme."  

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Accords et désaccords (Sweet and Lowdown)

Publié le par Rosalie210

Woody Allen (1999)

Accords et désaccords (Sweet and Lowdown)

Dans les années 90, les films de Woody Allen m'ont globalement déçue. "Accords et désaccords" est plutôt une heureuse surprise même si je trouve le film au final assez anecdotique. C'est un film d'aficionados où Allen rend hommage à deux de ses grands amours: le guitariste de jazz manouche Django Reinhardt et le cinéaste Federico Fellini.

Comme "Zelig", "Accords et désaccords" est un faux documentaire sur Emmet Ray, un guitariste de jazz des années 30 qui aurait été le meilleur du monde, après Django. Inutile de préciser qu'Emmet Ray n'a jamais existé mais tout est fait pour entretenir l'illusion à l'aide de faux témoignages et de fausses reconstitutions de la vie d'Emmet. Un personnage haut en couleurs, romanesque mais qui à force de refuser l'attachement nous attache bien peu. Et sa façon de jouer n'a rien de gipsy, on s'ennuie assez vite.

Le personnage le plus attachant du film c'est Hattie, la petite amie muette, gauche et pleine de candeur d'Emmet. Hattie c'est la Gelsomina de Woody Allen, la même pureté, la même grâce sacrificielle lancée au cœur du monstre pour enfin le faire renaître humain. Mais Emmet Ray est un personnage trop médiocre pour que cela fonctionne pleinement. Mieux vaut revoir l'original de Fellini plutôt que la copie, aussi bonne soit-elle.

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Annie Hall

Publié le par Rosalie210

Woody Allen (1977)

Annie Hall

Annie Hall marque en 1977 un premier tournant dans la carrière de Woody Allen. Jusque là réalisateur de comédies burlesques assez légères, le voilà qui bascule dans ce que l'on peut appeler une autofiction ou une autoanalyse où il se livre avec beaucoup de sincérité et un sens de l'autodérision absolument irrésistible.

Alvy Singer et Woody Allen ne font qu'un (mais Woody Allen est-il capable de jouer autre chose que lui-même?) Juif, new-yorkais et humoriste à succès, il se penche sur les raisons de ses échecs amoureux et tout particulièrement, de sa relation avec Annie Hall. Laquelle est interprétée par Diane Keaton dont le vrai nom est Hall, le surnom "Annie" et qui fut la muse et la compagne de Woody Allen pendant 10 ans. On voit ainsi comment réalité et fiction s'entremêlent. Car à partir de leur histoire, Allen réalise une comédie romantique qui n'est pas sans rappeler les screwball comédies des années 30. C'est madame qui porte la cravate et le pantalon, c'est madame qui conduit comme un chauffard pendant que monsieur a peur de tenir un volant et passe son temps à se plaindre. Tout les oppose (caractère, milieu social, culture, religion) comme le montrent différentes scènes en split-screen ou bien avec les dialogues contredits par les pensées. Mais contrairement aux screwball, ils ne découvrent pas qu'ils sont fait l'un pour l'autre à la fin, bien au contraire, ils s'éloignent de plus en plus l'un de l'autre.

En effet à ce canevas de comédie classique, Allen ajoute ses propres obsessions personnelles. Comme beaucoup de gens qui font rire, Woody Allen et ses doubles sont d'indécrottables névrosés. Toujours insatisfaits, perpétuellement angoissés, doutant de tout, remplis de pensées morbides, ils ont l'art de s'auto saboter. Allen multiplie les références à ses maîtres et aux œuvres qu'il admire et le moins que l'on puisse dire c'est que cela n'est pas très joyeux: Bergman, "Le chagrin et la pitié" et l'humour noir et cynique de Groucho Marx (ou de Freud c'est selon) "Je ne voudrais pas appartenir à un club qui aurait un membre dans mon genre."

Enfin Annie Hall est la première (mais pas la dernière) déclaration d'amour à New-York du cinéaste qui en revanche exècre Los Angeles et le fait savoir. La Californie est filmée comme un lieu bling-bling, irréel et sans âme alors que New-York très influencée par l'Europe garde un caractère de ville vivante avec une vie de quartier et des échanges intellectuels riches. 

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Meurtre mystérieux à Manhattan (Manhattan Murder Mystery)

Publié le par Rosalie210

Woody Allen (1993)

Meurtre mystérieux à Manhattan (Manhattan Murder Mystery)

Je n'aime pas l'expression "feelgood movie" (de quel droit décide-t-on des réactions émotionnelles du spectateur à sa place?) mais c'est une expression qui conviendrait bien à ce film en forme de délicieuse gourmandise. Une quinzaine d'années après leur dernière collaboration, le couple Allen-Keaton se reforme le temps d'un film et leur complicité est un plaisir de tous les instants. Allen qui était alors en pleine séparation conflictuelle avec Mia Farrow a dû trouver une formidable compensation à ses problèmes en faisant tourner son ancienne muse.

Pour le reste, cette parodie comique de grands films noirs (Assurance sur la mort de Billy Wilder et La Dame de Shanghai d'Orson Welles) qui donne lieu à quelques scènes très réussies, drôles ou spectaculaires est le moyen d'interroger la vie de couple au long cours. Comment éviter l'usure du quotidien, l'enlisement dans la routine? En prenant des risques et en se surprenant constamment semble répondre Woody Allen. À l'image du personnage de Diane Keaton et de ses complices (Alan Alda et Angelica Huston), le goût du jeu (ici un Cluedo live) est un moyen de conserver l'éternelle jeunesse, seul ou à deux. Woody Allen s'est peut-être également souvenu que Billy Wilder avait réalisé ses comédies les plus drôles comme un antidote au désespoir.

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Lily la tigresse (What's Up, Tiger Lily?)

Publié le par Rosalie210

Woody Allen (1966)

Lily la tigresse (What's Up, Tiger Lily?)

Vous n'avez jamais entendu parler du film japonais d'espionnage de série B "International secret police: Key of Keys" (en VO "Kokusai himitsu Keisatsu: Kagi no Kagi")? C'est normal, il était jugé si mauvais par les producteurs américains qu'il fut confié en 1966 à Woody Allen alors tout juste auréolé pour sa prestation dans "Quoi de neuf Pussycat?". Sa mission: doubler et remonter le film pour le transformer en comédie burlesque plus digérable. Le résultat: une grosse blague potache sans queue ni tête qui peut provoquer deux réactions.

Soit une franche rigolade devant le décalage bien visible entre des images premier degré et des dialogues complètement barrés. Des Yakusas qui se nomment "Pou-Lai" et "La-Pin-Chô", un mariage entre un cobra et une poule, un Sultan qui veut créer l'Etat de la Bananie dans un trou de la Mappemonde (quoique quelques années plus tard, Woody Allen réalisera Bananas), des méchants bien neu-neu "Moi ait tué fille avec ma jolie fumée"etc. Le tout avec des accents et des rires sardoniques bien ridicules.

Soit la consternation et l'ennui devant cette accumulation de séquences purement gratuites avec l'impression que le réalisateur se fait plus plaisir à lui qu'aux spectateurs. Woody Allen avait conscience d'avoir réalisé un grand n'importe quoi et ne voulait pas le sortir. Mais finalement ce fut un succès au point que les deux actrices principales furent par la suite enrôlées dans un vrai James Bond ("On ne vit que deux fois"). Quant à Woody Allen, cette première réalisation très oubliable fut un tremplin vers la carrière que l'on sait.

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