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Cinquième Colonne (Saboteur)

Publié le par Rosalie210

Alfred Hitchcock (1942)

Cinquième Colonne (Saboteur)

"Cinquième colonne" est l'œuvre de transition parfaite entre "Les 39 marches" (1935) qui selon François TRUFFAUT symbolisait la période anglaise de Alfred HITCHCOCK et "La Mort aux trousses" (1959) qui toujours selon Truffaut symbolisait sa période américaine. Les trois films bénéficient de structures similaires (la cavale d'un faux coupable assisté d'une blonde qui finit par devenir sa complice) et la fin spectaculaire de "Cinquième colonne" du haut de la statue de la liberté ressemble beaucoup à celle de "La Mort aux trousses (1959) sur le mont Rushmore. Ces deux monuments filmés par Hitchcock comme point culminant de ses films d'espionnage symbolisent les valeurs des USA face aux ennemis de l'intérieur qui cherchent à déstabiliser le pays en période de guerre (seconde guerre mondiale pour "Cinquième colonne", guerre froide pour "La Mort aux trousses" (1959)). Cependant le ton de "Cinquième colonne" est moins joueur que dans "La Mort aux trousses" (1959) car il s'agit d'un film de propagande où le héros doit sauver l'industrie de guerre des USA d'un réseau nazi qui s'est infiltré partout en s'y infiltrant à son tour. Ce héros est par ailleurs joué par un acteur (Robert CUMMINGS) nettement moins flamboyant que Cary GRANT. Mais Hitchcock nous régale d'une série de morceaux de bravoure qui compense largement ce que le film peut avoir de trop sérieux. La scène du ranch par exemple est assez remarquable avec son ambiance faussement légère où l'on découvre que le grand-père d'une famille américaine "modèle" qui joue avec son bébé est en réalité un chef nazi. Il en va de même avec la traque du faux coupable dans le torrent où la mise en scène effectue en même temps que le héros et son complice de circonstance un véritable tour d'illusionnisme, la grande scène de bal pleine de chausse-trappes et enfin la scène de fusillade dans un cinéma où la réalité finit par se confondre avec la fiction (scène qui a sans doute inspiré Quentin TARANTINO pour le final de "Inglourious Basterds") (2009).

Le film de Hitchcock est intéressant aussi dans le fait de rendre hommage au genre fantastique dans un film d'espionnage. La scène de la cabane où un aveugle reconnaît l'innocence de Barry Kane est une allusion à "La Fiancée de Frankenstein" (1935) alors que celle où Patricia et lui sont cachés par un cirque composé de monstres de foire fait penser à "La Monstrueuse Parade" (1932).

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Judex

Publié le par Rosalie210

Georges Franju (1963)

Judex

Je vais tout de suite parler du principal problème que pose aujourd'hui "Judex": son scénario "abracadabrantesque". Nous ne sommes plus habitués aux romans feuilleton qui faisaient les choux gras de la presse au XIX° siècle et qui pour tenir en haleine le public ne lésinaient pas sur les péripéties sensationnelles, les rebondissements, un suspense haletant et les grands sentiments pour donner envie de lire l'épisode suivant. "Le Comte de Monte-Cristo" qui est pourtant devenu un classique use des mêmes ficelles que "Judex". La trame de base est celle d'une vengeance ou plutôt d'une "justice personnelle" où le héros doté de pouvoirs quasi surnaturels devient un deus ex machina qui peut manipuler ses ennemis grâce à ses super déguisements, les séquestrer et même les faire passer pour mort. Il y a toujours un moment également où pour donner du piment à l'histoire, le (super)héros ou bien l'un de ses proches tombe amoureux de la fille de l'ennemi, une blanche colombe par opposition au "vilain" qu'il combat. Si le "vilain" est une "vilaine" elle portera alors un masque et des collants noirs, diablesse certes mais terriblement sexy!

Tout cela pour dire que "Judex" qui date de 1963 est un formidable film-passeur qui fait le lien entre la culture populaire écrite puis cinématographiée des origines et celle d'aujourd'hui. "Judex" est en effet un hommage aux serial de Louis FEUILLADE, l'un des pionniers du cinéma muet qui a adapté pour le septième art au début du XX° siècle le concept du roman feuilleton qui paraissait dans la presse. Parmi ses sérials les plus célèbres, Fantômas, "Les Vampires" (1915) et Judex dont le film homonyme de Georges FRANJU est le remake. Si l'intrigue est rocambolesque c'est à dire invraisemblable avec des personnages archétypaux (parfois très mal interprétés) qui semblent surgir de nulle part et agir selon des motifs pas toujours clairs, la poésie visuelle du film est tellement fulgurante qu'elle a eu des répercussions dans le cinéma contemporain. La filiation entre les héros masqués et capés des serial et les super-héros des comics saute aux yeux et si Judex peut préfigurer Batman, il est encore plus évident que MUSIDORA et son avatar chez Franju, Diana Monti interprétée par Francine BERGÉ est l'ancêtre de Catwoman. D'autre part la séquence anthologique du bal costumé avec des masques en forme de têtes d'oiseaux a inspiré à la fois Stanley KUBRICK pour son dernier film "Eyes wide shut" (1999) et la costumière de "Au revoir là-haut" (2016) de Albert DUPONTEL.

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Speed

Publié le par Rosalie210

Jan de Bont (1994)

Speed

"Speed" est l'un des meilleurs films d'action de la fin du XX° siècle avec "Piège de cristal" (1988). Un film haletant, sans temps morts où la gestion intelligente de l'espace-temps et des rebondissements ne fait jamais retomber la tension. Il faut dire que les deux films sont des huis-clos plus propices au suspense qu'à l'action proprement dite qui se déploie dans de grands espaces. Les interactions entre les otages enfermés à l'intérieur des lieux clos jouent un rôle aussi important que les tentatives extérieures pour les délivrer. Le héros est lui-même enfermé avec les otages tout en étant distinct d'eux car il a plus de marge de manœuvre. Néanmoins il est faillible et ne peut s'en sortir seul ni physiquement, ni psychiquement. Dans "Piège de cristal" (1988), le soutien téléphonique du sergent Powell et les pieds nus ensanglantés du héros symbolisaient cette vulnérabilité. Dans "Speed", Jack (Keanu REEVES) échoue dans sa tentative de désamorcer la bombe placée sous le bus, n'est ramené à l'intérieur que grâce à l'aide des passagers avant de craquer lorsqu'il apprend la mort de son coéquipier. Il ne reprend le dessus que par le soutien psychologique de la passagère devenue conductrice Annie (Sandra BULLOCK qui a été révélée par le film). Car, d'une autre manière que dans le film de John McTIERNAN, "Speed" remet en cause les canons de la virilité de l'époque, l'invincibilité, l'appât du gain (principale motivation de terroristes très charismatiques, Dennis HOPPER étant un habitué des rôles de psychopathes), le goût du pouvoir, la tour phallique carcérale étant remplacée par une vitesse devenue piège mortel. Dans cette nouvelle donne, la femme se trouve une nouvelle place aux côtés du héros et non à sa remorque pour l'épauler et non subir sa loi. Enfin les deux films soulignent le rôle délétère que peuvent jouer les médias dans les situations de crise bien que Jack parvienne à les retourner à son avantage.

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Le Bossu

Publié le par Rosalie210

Philippe de Broca (1997)

Le Bossu

J'avais beaucoup aimé cette version cinématographique du "Bossu" adaptée du roman-feuilleton de Paul Féval à sa sortie et le revoir m'a procuré tout autant de plaisir. Bien sûr, il s'agit d'un film qui n'a d'autre prétention que de divertir et pour cause, le roman, modèle du genre "cape et épée" est lui-même truffé de péripéties rocambolesques savoureuses mais complètement invraisemblables sur un (vague) fond historique. Mais Philippe de BROCA qui était alors au creux de la vague réalise un film bien rythmé qui a permis au public de redécouvrir son savoir-faire dans le domaine de la superproduction bondissante. La mise en scène est soignée (beauté des décors qu'ils soient naturels ou reconstitués, chorégraphies précises des combats) et les acteurs sont particulièrement inspirés (ou bien dirigés). Outre le clin d'œil à "Que la fête commence" (1975) avec un Philippe NOIRET qui reprend son rôle du régent 20 ans après le film de Bertrand TAVERNIER, Vincent PEREZ qui était alors le jeune premier à la mode dans le genre s'en sort bien dans le rôle du Duc de Nevers. Mais les deux stars sont sans conteste Daniel AUTEUIL dans le rôle du chevalier de Lagardère et Fabrice LUCHINI dans celui de Philippe de Gonzague. Certes, Daniel Auteuil est clairement trop âgé pour un rôle aussi physique qui est aussi un rôle de séducteur (mais à cette époque comme plus tard les romances entre quadra-quinqua et jeunettes à l'écran étaient quasiment la norme) mais il fait merveille dans celui du bossu, double fantasmatique de Lagardère. Car le bossu est une projection de sa psyché, lui qui se voit comme le vilain petit canard parvenu dans le monde de la haute société qu'il est amené à fréquenter. Quant à Luchini, il compose un Gonzague aussi inquiétant qu'hilarant. C'est avec ce film que j'ai changé d'avis sur cet acteur que je n'appréciais pas jusque là car je pensais à tort qu'il était incapable d'autodérision.

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Akira

Publié le par Rosalie210

Katsuhiro Otomo (1988)

Akira

"Akira" est le premier long-métrage d'animation japonais que j'ai vu au moment de sa sortie en France en 1991. Et pour cause, c'était l'un des premiers qui était projeté au cinéma dans l'hexagone parallèlement à la publication du manga qui a joué le même rôle pionnier (avant que les éditions Glénat ne se lancent dans le format noir et blanc de poche avec "Dragon Ball" et "Ramna 1/2".) Confidentielle à sa sortie, elle a gagné depuis un statut mérité d'œuvre culte en plus d'être un chef d'oeuvre de la SF cyberpunk ce qu'a récemment souligné récemment Steven SPIELBERG dans son "Ready Player One" (2018) en faisant de la moto écarlate de Kaneda un étendard de la pop culture au même titre que la DeLorean du Dr Emmett Brown.

"Akira" est une claque visuelle (les traînées lumineuses laissées par les motos, les "trips hallucinogènes", les hologrammes), auditive (la bande originale est tout simplement l'une des plus somptueuses jamais composée pour un film), innervée de bout en bout par un sentiment de rage et d'urgence. Bref, une œuvre d'art totale extrêmement immersive qui s'écoute autant qu'elle se regarde. Bien que profondément nippone par ses thèmes post-apocalyptiques et son esthétique (Katsuhiro Otomo, primé à Angoulême, dessine des personnages aux traits asiatiques beaucoup plus marqués que ce que l'on peut voir habituellement dans les mangas), "Akira" est aussi une œuvre universelle qui fait autant penser à "Metropolis" (1927) qu'à "Blade Runner" (1982)* alors que ses courses à moto ne sont pas sans rappeler "Easy Rider" (1968). Bien que stimulant les sens (et il vaut mieux avoir le cœur bien accroché!), "Akira" est aussi une œuvre dystopique réflexive particulièrement pertinente imaginant un cauchemar urbain qui fait penser aux deux facettes du nazisme: anomie et anarchie d'un côté, régime policier et biopouvoir de l'autre. Toutes les structures sociales ayant disparu comme en temps de guerre, on y suit des jeunes livrés à eux-mêmes dont le seul repère est la camaraderie et l'ultraviolence (omniprésente). On pense à "Orange mécanique (1971) et le lien avec le film de Stanley KUBRICK ne s'arrête pas là puisque l'un de ces jeunes, Tetsuo est enlevé par les autorités pour être soumis à des expériences scientifiques hasardeuses destinées à le transformer en "super-arme" dont le résultat va forcément à un moment ou à un autre échapper à ses initiateurs et donner lieu à l'une des mutations les plus monstreuses et marquante de l'histoire du cinéma. La fin aux résonances métaphysiques est un écho au manga où cet aspect est beaucoup plus développé.

* Les influences sont réciproques car "Blade Runner" (1982) se déroule dans un environnement asiatique et une autre des références majeure d'Otomo, Moebius est également très proche artistiquement de l'univers du manga et de l'anime de SF japonais.

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Robin des bois (Robin Hood)

Publié le par Rosalie210

Ridley Scott (2010)

Robin des bois (Robin Hood)

"Robin des bois" fonctionne comme une préquelle "pseudo-historique" à la célèbre légende du hors la loi au grand cœur mainte fois illustrée au cinéma. La volonté de réalisme affichée par le film enlève ce que cette histoire peut avoir de jubilatoire, de carnavalesque et de flamboyant (pas seulement à cause des célèbres collants verts flashy de Errol FLYNN que Ridley SCOTT n'avait pas le droit de réutiliser mais aussi par le renversement de l'ordre social qui y est opéré) sans pour autant en faire une œuvre historique satisfaisante. En fait ce "Robin des bois" aurait pu s'intituler "Naissance d'une nation" car il fonctionne comme un cours d'éducation civique (et patriotique) avec une grille de lecture anachronique à l'usage des anglais. L'histoire tourne autour de la trahison de Godefroy (Mark STRONG), conseiller du roi Jean (Oscar ISAAC) qui s'est vendu aux français. Face à eux, Robin (Russell CROWE) et son père de substitution, Sire Walter Loxley (Max von SYDOW) sont les défenseurs de la nation britannique et de ses valeurs puisque ce dernier transmet à Robin la Magna Carta (rédigée par le père de Robin dans la film, par les barons anglais dans la réalité historique), rejetée par le roi Jean à la fin du film (mais acceptée par lui plus tard dans la réalité historique) qui a servi de base à l'Habeas Corpus du XVII° siècle ayant contribué à mettre fin à l'absolutisme en Angleterre. Les intérêts de caste des nobles sont transformés dans le film en défense des intérêts du peuple tout entier tandis que le débarquement des français ressemble à un "6 juin 1944" à l'envers pour transformer ce moment en grande communion nationale. Or, la nation et le patriotisme sont des notions anachroniques, les appartenances identitaires étant au Moyen-Age dynastiques, claniques, communautaires ou encore régionales. Ainsi Richard Cœur de Lion, sa mère Aliénor d'Aquitaine et son frère Jean étaient aussi "anglais" que Marie-Antoinette était "française".

Ces réserves faites, il n'en reste pas moins que le film de Ridley SCOTT bien que ne lésinant pas sur le manichéisme primaire est divertissant et maîtrisé avec de belles scènes d'action et un sens aiguisé du décor et de l'esthétique de l'image.

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Inglourious Basterds

Publié le par Rosalie210

Quentin Tarantino (2009)

Inglourious Basterds

Le septième film de Quentin TARANTINO est définissable dès son ouverture avec la mention "Il était une fois" (dans la France occupée par les nazis). On sait d'emblée que nous allons être dans une uchronie et non dans un film historique. Dans "Le Maître du haut château" de Philip K. Dick", l'uchronie résidait dans le fait que les nazis avaient gagné la guerre. Dans "Inglourious Basterds"* (2009) les juifs se vengent des nazis, un schéma narratif que l'on retrouve dans le film suivant de Tarantino "Django Unchained" (2012) qui d'ailleurs possède les mêmes qualités et les mêmes défauts. Mais le "Il était une fois" est également un clin d'œil à Sergio LEONE, la géniale séquence introductive de 20 minutes reprenant tous les codes de celle où Lee VAN CLEEF va exécuter un contrat dans "Le Bon, la brute et le truand" (1966), film cité à plusieurs reprises par Tarantino. La mise en scène n'est pas toutefois la seule raison de la réussite totale de cette séquence, l'époustouflante composition de Christoph WALTZ joue également un rôle capital. Comme il le fera avec non moins de réussite dans "Django Unchained" (2012), sa prestation repose sur un décalage, ici entre le prédateur calme et méthodique aux yeux froids qu'est le colonel Hans Landa et les exquises manières dont il se sert avec une maestria jubilatoire pour mieux ferrer ses proies, celui-ci maîtrisant à la perfection les règles de la courtoisie aussi bien que les langues étrangères (il faut voir comment il met au tapis d'une simple phrase les trois "Basterds" incapables de bredouiller trois mots d'italien alors que lui le parle à la perfection). Pour finir "Il était une fois" se réfère aux contes de fées et le fétichisme des pieds de Tarantino trouve ici une issue des plus jouissives avec un détournement audacieux et ironique de l'histoire de la pantoufle de vair de Cendrillon.

Si l'ensemble du film avait la même tenue que sa séquence introductive, on tenait un chef d'œuvre. Hélas "Inglourious Basterds" est un film inégal avec des séquences éblouissantes comme celle que je viens d'analyser ou encore celle de la taverne, qui elle aussi repose sur un secret dissimulé derrière une mauvaise couverture et une dilatation du temps distillant peu à peu un suspense insoutenable. Il y a aussi un plan devenu iconique, celui de Mélanie LAURENT en robe rouge sang (effectivement, elle s'apprête à commettre un carnage) contemplant depuis sa cabine de projection la salle qu'elle s'apprête à embraser sur le titre écrit et interprété par David BOWIE "Cat people" (Putting Out Fire). Le nitrate est une matière hautement inflammable comme le rappelle l'insert d'un extrait de "Agent secret" (1936) de Alfred HITCHCOCK alors que Tarantino en profite pour multiplier les allusions au cinéma de cette époque qu'il soit allemand ("L'Enfer blanc" (1929) de Georg Wilhelm PABST et l'apparition d'un acteur jouant Emil JANNINGS) ou français (avec une insistance sur les films réalisés pendant la guerre par Henri-Georges CLOUZOT).

Hélas le film est trop long (2h30) et ne parvient pas sur cette durée à tenir la distance. Entre les morceaux de bravoure et éclairs de génie que j'ai cité, il faut subir de longs tunnels ennuyeux de bavardages creux. La paresse dans l'écriture des "Basterds" est à mon avis un élément de compréhension essentiel de ce bilan mi-figue mi-raisin. Ceux-ci se réduisent en effet à un stéréotype qui est contenu dans leur surnom "Aldo l'apache", "L'ours juif" etc. ce qui en fait des pantins interchangeables sans intérêt. Le personnage de Mélanie LAURENT au moins bénéficie d'un réel charisme (il est sans doute construit sur le modèle d'Harmonica de "Il était une fois dans l'Ouest") (1968). Ce n'est pas le cas des Basterds et cela affaiblit beaucoup le film.

* Titre qui fait allusion au titre anglais ("The Inglorious Bastards") d'un western italien de série B "Une poignée de salopards" (1978) inspiré des "Les 12 salopards" (1967). Les fautes d'orthographe du titre du film de Tarantino illustre la question de la maîtrise du langage et des accents qui joue un rôle clé dans le film.

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Inception

Publié le par Rosalie210

Christopher Nolan (2010)

Inception

"Non, rien de rien, non, je ne regrette rien. Ni le bien, qu'on m'a fait, ni le mal, tout ça m'est bien égal"*. Si les personnages d'"Inception" étaient semblables à la chanson qu'ils utilisent pour leur indiquer qu'il est bientôt  l'heure de se réveiller parmi les différentes strates de rêves dans lesquels ils sont plongés, il n'y aurait pas "d'Inception". Il n'y aurait pas de coffre à secrets, de phrase malentendue ou mal interprétée, d'acte manqué ou funeste revenant hanter son protagoniste. Il n'y aurait pas de question non résolue telle que "suis-je responsable de la mort de ma femme?", "Pourquoi n'ai-je pas pris le temps de regarder le visage de mes enfants avant de partir?" ou "suis-je un raté aux yeux de mon père?". Ainsi "Inception" derrière ses allures de labyrinthe du casse de l'esprit est aussi une gigantesque thérapie visant à offrir à des personnages tourmentés le repos de l'âme. Peu importe au fond de distinguer le vrai du faux comme le montre la réponse que Cobb implante dans l'esprit de Fisher (qui est d'ailleurs peut-être la vérité, qui sait! Ce qui compte au fond, c'est qu'elle le libère) et la fin volontairement ouverte où l'on se demande si Cobb (Leonardo DiCAPRIO) est véritablement revenu dans la réalité ou s'il ne rêve pas encore. Comme dans "Interstellar" (2014), des personnages qui se sont arrachés de la pesanteur terrestre et des êtres qu'ils y aimaient se perdent dans une autre dimension et ont toutes les peines du monde à revenir au point de ne pas y parvenir comme le montre le personnage de Mal (Marion COTILLARD).

En plus de ces questionnements philosophiques et psychologiques, "Inception" est un grand film de structures virtuoses qui met un peu de temps à démarrer car il lui faut le temps d'exposer son dispositif complexe. Mais quand il se déploie dans toute sa splendeur il en met plein la vue avec ses différents rêves emboîtés aux temporalités différentes mais qui interagissent les uns avec les autres. Ainsi en est-il de la chute du van au ralenti qui provoque les scènes d'apesanteur surréalistes de l'hôtel et les scènes de réveil successif, strate après strate. Les références utilisées par Christopher NOLAN sont nombreuses. Il s'est beaucoup inspiré pour le scénario et certaines scènes de "Paprika" (2006) de Satoshi KON et d'ailleurs le début du film est un clin d'œil au Japon avec notamment un décor dérivé de celui du château Nijo à Kyoto. Mais sur le plan formel, le réalisateur auquel on pense le plus en dehors du "Blade Runner" (1982) de Ridley SCOTT (film également sous influence japonaise et très "architecturé") c'est Stanley KUBRICK, un architecte de l'image explorant l'espace dans "2001, l'odyssée de l'espace" (1968) et flirtant avec le cauchemar paranormal dans "Shining" (1980) (le choix du couloir d'un hôtel comme décor majeur pour le film n'est pas dû au hasard). Evidemment la saga "Matrix" (1998) ne peut pas être occultée à cause notamment de la similitude des va et vient permanents entre monde réel où les personnages sont réveillés et mondes virtuels où pendant qu'ils dorment, on retrouve leur image dans une autre dimension entre rêve et jeu vidéo. "Inception" comme "Matrix" sont des films-métaphores de l'art cinématographique lui-même puisque pendant que notre corps repose dans un fauteuil, notre esprit s'affranchit des contingences du réel pour aller à l'autre bout du monde, sous l'eau ou dans l'espace, dix siècles plus tôt ou mille ans plus tard (sans parler du fait qu'il peut aussi reconfigurer la personnalité physiquement et psychiquement par l'identification aux héros de l'histoire). Des œuvres littéraires ont également influé sur le film, notamment celle de Borges (elle imprègne toute l'œuvre de Christopher NOLAN) et "Alice au pays des merveilles".

*Evidemment, que ce soit intentionnel ou pas, on ne peut s'empêcher de penser aussi à "La Môme" (2007) qui a ouvert les portes d'Hollywood à Marion COTILLARD, protagoniste importante du film de Christopher NOLAN.

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Le Monde perdu: Jurassic Park (The Lost World: Jurassic Park)

Publié le par Rosalie210

Steven Spielberg (1997)

Le Monde perdu: Jurassic Park (The Lost World: Jurassic Park)

La suite de "Jurassic Park" (1993), réalisée également par Steven SPIELBERG ne bénéficie pas de la même aura que son prédécesseur. Il faut dire que celui-ci avait bénéficié d'un effet de surprise qui ne peut plus opérer. Le scénario du "Monde perdu" a donc un petit côté réchauffé et les personnages sont globalement moins travaillés. Mais il n'en reste pas moins un très bon film tant sur la forme que sur le fond. Sur la forme, il se distingue par des scènes d'action spectaculaires toujours aussi remarquablement mises en scène. Celle de la caravane est un morceau d'anthologie. Quant aux effets spéciaux ils sont évidemment toujours aussi intelligemment utilisés de façon à servir le récit et à nourrir l'émotion. Sur le fond, on retrouve une critique acerbe des actions inconsidérées de l'homme sur la nature pour des motifs aussi peu avouables que la cupidité et la vanité avec des références à plusieurs films des années 20 et 30. Tout d'abord "King Kong" (1932) est ouvertement cité sauf que le gorille géant est remplacé par un T.Rex qui est arraché à son île par des chasseurs à la solde du neveu de John Hammond (devenu écologiste entre temps et donc écarté des affaires ^^) théoriquement pour servir de tête de gondole à un projet de parc d'attraction à San Diego en réalité pour venir semer le bazar en pleine ville. Ensuite l'arrivée du bateau fantôme en pleine ville avec son chargement funeste a quelque chose de "Nosferatu le vampire" (1922), la touche d'ironie en plus (j'adore quand le T.Rex défonce la barrière du port indiquant que les animaux et végétaux importés sont interdits à partir de "ce point", comme si l'homme espérait ainsi empêcher la propagation d'une épidémie, une peur qui est loin d'avoir disparu comme le montre l'exemple actuel du coronavirus). Enfin le titre choisi par Steven SPIELBERG est un hommage au film éponyme de Harry O. HOYT de 1925 dans lequel évoluaient les dinosaures animés en stop motion de Willis O'Brien, également créateur de King Kong. Le plateau à l'écosystème du jurassien coupé du reste du monde imaginé par Conan Doyle est devenue une île menacée. Le fait d'avoir choisi des films de cette époque, dont un allemand n'est pas innocent. Beaucoup de critiques ont souligné à quel point Steven SPIELBERG était hanté par "La Liste de Schindler" (1993) tourné quatre ans plus tôt. De fait "Le Monde perdu" est plus sombre, plus violent et plus désenchanté que "Jurassic Park" (1993). Il illustre la tendance profondément autodestructrice de l'homme qui a le don de désirer ce qui est susceptible de lui faire le plus de mal. Le neveu de John Hammond (Arliss HOWARD) et sa quête insensée du profit, le chasseur Roland Tembo (Peter POSTLETHWAITE) obsédé par l'idée de compléter sa collection de trophées de chasse ou encore l'un de ses acolytes qui s'amuse avec un plaisir sadique à lancer des décharges électriques sur des espèces qui n'ont pourtant manifesté aucune intention agressive à son égard sont trois exemples édifiants du mal humain. Face à eux, c'est moins Ian Malcom (Jeff GOLDBLUM) qui s'impose (pour les besoins du film il est plus homme d'action que de réflexion ce que je trouve dommage) que sa petite amie, le Dr Sarah Harding (Julianne MOORE) qui est comparée à juste titre à Dian Fossey, la célèbre primatologue américaine immortalisée par Sigourney WEAVER dans "Gorilles dans la brume" (1988). Dian Fossey qui paya de sa vie son engagement en faveur des gorilles en raison des intérêts puissants qu'elle contrariait que ce soit ceux des braconniers, ceux des éleveurs ou ceux des trafiquants de bébés gorilles dont certains étaient hauts placés. On en comprend d'autant mieux le parallèle avec King Kong.

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Jurassic Park

Publié le par Rosalie210

Steven Spielberg (1993)

Jurassic Park

Jurassic Park qui à sa sortie a fait sensation notamment en raison de ses effets spéciaux révolutionnaires (et qui conservent toute leur puissance de frappe près de trois décennies plus tard) est aussi l'œuvre d'un grand réalisateur. Soit ce qui manque aux blockbusters actuels, pilotés par des producteurs qui pour maximiser leurs profits recyclent à l'infini les recettes scénaristiques du passé (et Jurassic park qui n'en finit plus d'avoir des avatars sans intérêt ne fait pas exception à la règle) relookés par de la surenchère technologique indigeste.

Jurassic Park se démarque de ceux-ci sur de nombreux points:

- Un art de la mise en scène qui intègre intelligemment les effets spéciaux à des scènes d'action et de suspense qui de ce fait sont passées à la postérité. Deux exemples: la découverte progressive du T.Rex depuis l'intérieur de la voiture et la scène de la cuisine à la fin où l'utilisation de l'espace et des éléments du décor est tout simplement magistrale! De plus, soucieux de conférer le plus grand réalisme possible à ses dinosaures, Steven SPIELBERG a choisi d'intégrer les images de synthèse à des scènes de nuit ou de pluie et a fait étroitement collaborer (et pas seulement cohabiter) les techniques animatroniques et numériques. De ce point de vue "Jurassic park" est un film se situant dans une transition technologique tout à fait passionnante. Car le résultat est bluffant alors que pourtant les dinosaures ne sont présents qu'un quart d'heure à l'écran (9 minutes pour les animatroniques et 6 pour les effets numériques).

- Des acteurs avec une vraie présence campant des personnages bien construits à partir d'une intrigue bien ficelée adaptée du roman de Michael CRICHTON. Sam NEILL et Laura DERN incarnent Alan et Ellie, un couple de paléontologues de renom brusquement confrontés à des dinosaures vivants recréés par la science. Ils sont tous deux fascinés par le fait de pouvoir regarder et toucher les créatures qu'ils n'appréhendaient jusque là qu'à l'état de squelettes. Le mathématicien Ian Malcom (Jeff GOLDBLUM), spécialiste de la théorie du chaos est quant à lui conscient des dangers que l'expérience fait courir à l'humanité et au monde et fait preuve d'esprit critique ce qui énerve le milliardaire inconscient John Hammond (Richard ATTENBOROUGH) qui est à l'origine du projet et passe son temps à répéter qu'il a "dépensé sans compter". Même les enfants ne sont pas là pour faire joli mais ont un vrai rôle à jouer, en particulier le petit Tim (Joseph MAZZELLO) dont les pulsions voyeuristes sont souvent soulignées. Les péripéties que vivent les personnages révèlent soit leur médiocrité (informaticien véreux, avocat d'affaires veule, garde-chasse trop sûr de lui) , soit au contraire leurs qualités (Allan et Ellie se révèlent être des héros qui sauvent la situation et protègent les enfants).

- Les thématiques qui traversent le film sont particulièrement riches et pertinentes. On y trouve d'une part une énième critique de l'homme démiurge/apprenti-sorcier/prométhéen (que l'on peut renommer "hommo occidentalus" ^^) qui croit pouvoir jouer impunément avec les règles de la nature en cherchant à la reconfigurer pour son bon plaisir et à la contrôler alors que bien entendu, elle lui échappe comme l'avait prévu Ian Malcom. A cela s'ajoute une critique de la société du spectacle fondée sur la consommation et le voyeurisme et de la technologie censée remédier aux failles humaines. Le "Jurassic Park" de John Hammond est conçu comme une sorte de zoo géant disneylandisé sauf que la visite (trop) guidée fait un flop retentissant car le vivant ne se plie pas aux désirs mercantiles alimentés par la "pulsion scopique". Lorsque les portes s'ouvrent et que la promenade en voiture (téléguidée) commence il n'y a littéralement rien à voir et les grillages électrifiés s'avèreront très vite dérisoires pour endiguer une sauvagerie moins animale qu'humaine. Le personnage de Dennis Nedry (Wayne KNIGHT), le programmeur du système de gestion automatisé du parc et responsable de la catastrophe est très intéressant à étudier comme un exemple éloquent de l'irrationnalité humaine. Son corps déborde de partout, son bureau en vrac est une poubelle à ciel ouvert, il est accablé par les problèmes financiers (s'il les gère comme son bureau ou son régime alimentaire, on comprend pourquoi) et déborde d'anxiété. Bref c'est l'homme idéal pour commettre une grosse bêtise. Car en coupant l'alimentation électrique pour voler des embryons, il ouvre en même temps la cage des dinosaures et signe son arrêt de mort. D'ailleurs Steven SPIELBERG punit d'une façon ou d'autre autre tous ceux qui cherchent à tirer profit du parc, même le petit Tim se prend un bon coup de jus pour son plaisir un peu trop manifeste devant le spectacle du "gore en live".

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