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Top Gun: Maverick

Publié le par Rosalie210

Joseph Kosinski (2022)

Top Gun: Maverick

J'aurais bien aimé revoir le premier "Top Gun" réalisé en 1986 dont je n'ai plus guère de souvenirs avant d'aborder celui-ci mais j'ai raté l'opportunité et il fallait se décider avant qu'il ne quitte les salles obscures étant donné que c'est un film qui se savoure mieux sur grand écran.

"Top Gun: Maverick" est un blockbuster entièrement construit autour de Tom Cruise, l'un des derniers acteurs de chair et d'os à pouvoir dicter ses exigences aux studios hollywoodiens. Le scénario, ultra convenu doit être lu à l'aune de la star sexagénaire qui se bat pour rester au top alors que la jeune génération aimerait le mettre au placard. La fin est de ce point de vue, limpide. Cruise alias Maverick et son protégé s'emparent d'un F-14, un avion datant de l'époque du premier Top Gun jugé bon pour la casse mais qui entre les mains des pilotes chevronnés fait encore des prouesses ("on a vu souvent, rejaillir le feu, de l'ancien volcan, qu'on croyait trop vieux"). Il ne s'agit pas seulement de nostalgie mais d'une métaphore car ce qui fait la valeur d'un avion "ce sont les pilotes" et à côté du petit jeune qu'il est chargé de former, Cruise doit montrer qu'il en a encore sous la pédale. L'autre cheval de bataille de l'acteur est d'ailleurs résumé dans la scène introductive où il se mesure à un drone: aucune technologie ne pourra se substituer à l'être humain. Comme dans les "Mission: impossible", les effets spéciaux numériques ne remplacent pas le réel. Même si les acteurs n'ont pas eu l'autorisation de piloter eux-mêmes les avions de chasse, ils ont tourné à l'intérieur de véritables appareils et non de simulateurs si bien qu'ils ont ressenti les effets des accélérations et autres voltiges que l'on voit dans le film. Ce souci du réel (même si l'intrigue est truffée d'invraisemblances, les pilotes étant "Incassable" pour reprendre le titre du film de M. Night Shyamalan) est ce qui distingue les films d'action de Tom Cruise du tout-venant. Ce panache du dernier des mohicans qui accouche de scènes d'action spectaculaires avec ce petit supplément d'âme qui fait toute la différence.

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Robin des Bois (Robin Hood)

Publié le par Rosalie210

Allan Dwan (1922)

Robin des Bois (Robin Hood)

S'il ne s'agit pas de la première adaptation cinématographique du mythe du justicier hors la loi qui vole aux riches pour donner aux pauvres, il s'agit de l'une des premières superproductions de l'histoire: 2h20, un budget de 1,4 millions de dollars, des milliers  de figurants, le plus grand décor alors jamais construit pour un film muet et le plus  grand succès de l'année 1922. A cela il faut ajouter la première superstar de la cascade, Douglas Fairbanks dans l'un de ses rôles les plus célèbres. Et pour cause, il livre une prestation en apesanteur, multipliant les prouesses acrobatiques et interprète un Robin des bois joyeux, léger et perpétuellement en mouvement d'un charme irrésistible: 100 ans après, il crève toujours l'écran. Eternel adolescent, on le voit s'amuser avec ses ennemis de façon très cartoonesque (on pense aussi à la façon dont Astérix sous potion et Obélix envoient valser les romains dans les airs). Cependant, il faut attendre plus d'une heure avant de voir surgir le diablotin bousculant une mise en scène bien trop sage. La faute à un prologue fastueux pour ne pas dire fastidieux (que l'on appellerait aujourd'hui une préquelle) essayant de donner une explication réaliste à l'origine du personnage avant que la légende telle qu'on la connaît se déploie dans toute sa splendeur, entraînant une nette accélération du rythme du film.

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Enorme

Publié le par Rosalie210

Sophie Letourneur (2019)

Enorme

Comédie dont j'ai pu découvrir un extrait lors d'une conférence sur le cinéma burlesque français, "Enorme", s'il n'est pas totalement réussi sort des sentiers battus et mérite d'être vu (d'ailleurs Arte l'a mis à son programme). La volonté de casser les codes est manifeste, tant sur la forme que sur le fond. Sur la forme, on a donc une tentative de marier des gags burlesques (comme celui qui donne son titre au film) et le réalisme documentaire, avec l'intervention de véritables professionnels de l'accouchement, particulièrement à la fin du film qui est on ne peut plus réaliste. Cela ne fonctionne pas vraiment car chaque style exclue de fait l'autre. Le fond est plus convaincant avec la description d'un couple dans lequel les rôles sont inversés: Mme est l'artiste à succès (Marina FOÏS) qui a remis sa vie et sa carrière entre les mains de M. (Jonathan COHEN) afin de n'avoir à s'occuper que de son piano. C'est donc dans la même logique lui qui prend la décision d'avoir un enfant d'autant qu'il a les moyens de parvenir à ses fins: Madame lui a remis la responsabilité de sa prise de pilule quotidienne. La polémique déclenchée par ce scénario auprès de certaines féministes n'a pas lieu d'être. En simplifiant et essentialisant le monde de façon binaire (femmes victimes/hommes prédateurs) à la manière des racistes (nous les gentils aryens/eux les méchants basanés), elles ne peuvent que passer à côté d'une réalité bien plus complexe et nuancée. Si l'on peut déplorer que Mme se retrouve avec une grossesse non désirée, ce n'est que la suite logique de sa démission envers le contrôle de ses facultés reproductives au profit de son mari. Lequel prend sa place psychologiquement au point de faire une couvade alors que sa femme considère juste son ventre comme un fardeau dont elle veut se débarrasser au plus vite ainsi que de son statut d'objet au profit d'un retour à la normale. C'est à dire dans la sphère de l'art pour elle et aux affaires matérielles pour lui dont on comprend que cela inclut de s'occuper de l'enfant. Sophie LETOURNEUR a le mérite de faire réfléchir en cassant les stéréotypes de genre, le titre étant polysémique: il peut désigner le mari qui prend toute la place, la bulle dans laquelle s'enferme sa femme qui est du genre autiste (elle déteste le contact humain) ou le poids de ce ventre gonflé jusqu'au grotesque.

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Tokyo!

Publié le par Rosalie210

Michel Gondry, Leos Carax, Bong Joon-ho (2007)

Tokyo!

D'ordinaire, je n'aime pas les films à sketchs, collectifs ou individuels. La fragmentation en plusieurs moyens métrages est frustrante, à peine entré dans une histoire qu'il faut déjà passer à autre chose sans que rien ne puisse être approfondi. Mais dans ce cas précis, la réunion de trois grandes pointures du cinéma d'auteur autour de la capitale japonaise fait des étincelles. D'ailleurs les trois segments sont de qualité à peu près équivalente (ce qui est un exploit) et entretiennent entre eux des relations plus étroites qu'il n'y paraît autour de l'exclusion et de la folie, en dépit du style très différent de leurs réalisateurs respectifs.

- Le premier volet "Interior design" signé de Michel GONDRY dépeint le mal-être d'une jeune fille qui ne parvient pas à trouver sa place à Tokyo. Un surprenant virage fantastique lui fait subir une cruelle métamorphose qui résout son problème existentiel et donne son sens au titre. Peut-être le moins (relativement) abouti des trois parce qu'il faut attendre la fin pour qu'il déploie tout son potentiel.

- Le second, signé Leos CARAX, prototype de l'une des séquences les plus célèbres de "Holy Motors" (2012) est intitulé "M. Merde". Une immonde créature surgie des égouts (de l'inconscient) jouée par Denis LAVANT sème le chaos dans la ville la plus policée du monde en multipliant les gestes puis une fois arrêtée, les propos iconoclastes. Le résultat est décoiffant et plus subversif que dans "Holy Motors" qui recherche davantage au travers du même personnage un résultat esthétique ("la belle et la bête") plutôt que politique. On reconnaît en M. Merde un avatar des créatures bestiales fantastiques nocturnes qui hantent le cinéma de Carax (le gorille de Dieu, Nosferatu...)

- Enfin le troisième segment, réalisé par BONG Joon-ho et intitulé "Tokyo shaking" établit un parallèle entre les tremblements de terre et les ébranlements du coeur de son protagoniste principal qui est tellement allergique au changement et au contact humain qu'il est devenu hikikomori c'est à dire reclus volontaire. Ce repli sur soi semblable à l'autisme (le refus du social et même simplement du contact visuel avec autrui, la compulsion de répétition routinière, d'accumulation d'objets, empilés ou alignés avec un perfectionnisme maniaque) est montré au final comme un fléau collectif: lorsque le héros se décide à sortir, il se retrouve dans une ville dont les espaces publics ont été désertés par leurs habitants. Quant à la jeune fille dont il est amoureux, on ne sait pas si elle est de nature humaine ou mécanique. Le résultat est étrangement hypnotique et poétique.

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Flee (Flugt)

Publié le par Rosalie210

Jonas Poher Rasmussen (2020)

Flee (Flugt)

"Flee" (et heureusement) n'est pas un énième film d'animation sur l'oppression du régime des Talibans en Afghanistan. Ces derniers n'occupent qu'une place périphérique dans le récit, même s'ils sont à l'origine de l'exil d'Amin et d'une partie de sa famille. En matière de violation des droits de l'homme et de traitements inhumains et dégradants, presque tout le monde est renvoyé dos à dos: le régime communiste de Kaboul à l'origine de l'arrestation et de la disparition du père d'Amin ainsi que de l'exil de son grand frère (pour échapper à l'enrôlement dans la guerre qui l'opposait aux moudjahidines soutenus par les USA); la police russe post-soviétique totalement corrompue qui harcèle Amin et sa famille à cause de sa situation irrégulière dans le pays; les passeurs qui les font traverser dans des conditions qui mettent leur vie en danger; les occidentaux qui regardent ces migrants comme des attractions touristiques, les enferment en centre de rétention et les traitent comme des parias; les procédures de demande d'asile qui obligent à trafiquer les faits etc.

Toutes ces péripéties proviennent du récit d'Amin, brillant universitaire d'origine afghane réfugié au Danemark que le réalisateur a rencontré lorsqu'il est arrivé dans son village alors âgé de 16 ans et avec lequel il est devenu ami. 20 ans plus tard, Jonas Poher Rasmussen a l'idée de le faire parler et de transformer ce témoignage en film d'animation, ponctué d'images d'archives live fournissant des repères historiques. L'animation elle-même est de deux sortes: réaliste dans les moments calmes, elle se transforme en esquisse lorsqu'on touche à la mémoire traumatique d'Amin, c'est à dire aux épisodes de fuite et d'arrestation (en cela, j'ai pensé à un autre récit de réfugiés de guerre transposé en animation "Josep") (2020) et aussi bien sûr à "Valse avec Bachir" (2007) pour la confession d'un traumatisme qui remonte peu à peu à la surface). Peu à peu, Amin est amené à se défaire de la version officielle de sa vie, telle qu'il l'a donnée à son arrivée au Danemark en tant que réfugié mineur isolé et telle qu'il nous la donne au début du film. En effet, même une fois à l'abri, on découvre que celui-ci est resté prisonnier de son passé qu'il a tenu secret et que celui-ci l'empêche de se projeter dans l'avenir. Hormis dans le domaine de sa carrière, Amin a tellement peur d'être trahi (comme il l'a été à plusieurs reprises) qu'il est devenu paranoïaque et répugne à s'engager. Ce réflexe de dissimulation recouvre une autre dimension de la personnalité d'Amin, son homosexualité, taboue en Afghanistan, qui colore son ressenti mais qu'il ne peut ouvertement exprimer qu'à son arrivée au Danemark. Enfin, le film est une réflexion sur le poids des liens familiaux: l'entraide s'avère être un facteur décisif dans la réussite de l'entreprise mais la séparation également. Quant à l'intégration, on voit bien comment elle est entravée par ces mêmes liens qui font passer la famille (et sa survie) avant tout autre engagement sans parler du sentiment de dette que Amin ressent envers ceux qui se sont sacrifiés pour lui.

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Elvis

Publié le par Rosalie210

Baz Luhrmann (2022)

Elvis

J'ai bien aimé sur le moment les films précédemment vus de Baz Luhrmann ("Roméo + Juliette", "Moulin Rouge", "Ballroom Dancing") mais honnêtement, je n'en ai pas retenu grand-chose. "Elvis" tout aussi démesuré et baroque dans sa mise en scène me semble se situer un cran au-dessus des films précédemment cités. Donc être un film plus mémorable, et ce au moins pour trois raisons. La première tient à l'acteur qui incarne Elvis, Austin Butler qui est troublant de vérité en plus d'être incroyablement charismatique et d'avoir une voix proche de celle du King (sans parler de sa façon de bouger sur scène). On sent que son engagement est total. La deuxième tient à une lecture non manichéenne des personnages et de leurs relations qui fait l'objet d'un travail de fond. C'est une bonne idée d'avoir fait du colonel Parker (Tom Hanks, remarquable), l'impresario d'Elvis le narrateur du récit. Cet escroc manipulateur à l'identité mystérieuse et au passé trouble est à la fois celui qui a compris le potentiel d'Elvis et l'a amené au sommet et celui qui a tout fait pour lui couper les ailes afin de l'exploiter jusqu'à l'os avec un sens consommé du marketing. Et face à cette emprise, Elvis adopte une attitude étrange, tantôt soumise et néfaste, tantôt rebelle, comme s'il avait besoin d'une figure paternelle coercitive pour pouvoir s'affirmer et faire briller son talent. Enfin la troisième réside dans la lisibilité des enjeux autour de l'histoire et de la personnalité artistique du King. Le film se divise clairement en deux parties. Dans la première (années 50 et 60) qui repose sur une mise en scène hystérique coutumière du réalisateur avec une succession rapide de plans voire une combinaison d'images hétéroclites reliées par le split-screen, Elvis est un chanteur subversif qui s'attire les foudres du patriarcat puritain et raciste WASP en popularisant auprès des blancs une musique pétrie d'influences afro-américaines et en excitant les jeunes filles avec son déhanché suggestif. Dans la seconde au contraire (années 70) à la réalisation beaucoup plus posée permettant d'approfondir la dramaturgie, il se retrouve enfermé dans une tour d'ivoire par le colonel Parker qui parvient ainsi à le contrôler en l'empêchant de voyager hors des USA (car alors il lui aurait échappé) et à le transformer en machine à cash lui permettant d'éponger ses dettes de jeu en empochant jusqu'à 50% de ses gains (la norme étant 10% comme le souligne la série du même nom). Cette mue donne au film toute sa résonance et s'avère prometteuse pour la suite de la carrière de Baz Luhrmann.

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Carrie au bal du diable (Carrie)

Publié le par Rosalie210

Brian de Palma (1976)

Carrie au bal du diable (Carrie)

Adaptation brillante du premier roman de Stephen King par Brian de Palma, "Carrie au bal du diable" mêle habilement fanatisme religieux, teen-movie et horreur, donnant à la schizophrénie des sociétés puritaines et conformistes un relief saisissant. La scène du générique est programmatique: une jeune fille en fleurs (Sissy Spacek) se douche dans un halo hamiltonien mais brusquement le rose associé à la pureté virginale vire au rouge sang quand les premières règles font leur apparition. Elles révèlent de façon traumatique à l'héroïne son impureté ontologique soigneusement dissimulée par sa mère (Piper Laurie), religieuse fanatique qui ne supporte pas sa fille, laquelle lui rappelle sans cesse par sa seule existence sa véritable nature (soulignée par sa chevelure rousse, laquelle est associée dans l'inconscient à la sorcellerie, elle-même liée à la sexualité). Cette introduction nous prépare au climax de l'histoire, quand la scène se répète symboliquement devant la micro-société dans laquelle vit Carrie. Inadaptée au monde moderne fondé sur la compétition et la marchandisation du corps et du sexe, celle-ci est raillée par ses camarades de classe jusqu'à ce qu'elle devienne à son insu la marionnette de deux polarités féminines opposées. L'angélique Sue (Amy Irving), conseillée par une prof bienveillante la transforme par petit ami interposé devenu prince charmant en reine de la soirée de bal de promo, celui-ci prenant la forme d'un rêve éveillé plus que jamais hamiltonien. Mais la diabolique (et très sexuelle) Chris (Nancy Allen), exclue par cette même prof de la soirée décide telle la méchante reine de "La Belle au bois dormant" de se venger, elle aussi par petit ami interposé (un des premiers rôles de John Travolta) en transformant la soirée de rêve en cauchemar et la princesse rose bonbon en poupée tueuse rouge sang. S'ensuit un déchaînement dévastateur de sexualité contrariée se muant en folie meurtrière ne pouvant trouver d'issue que dans le feu purificateur. Sans que pour autant la dualité mortifère de la culture américaine ne soit remise en cause comme le montre la très symbolique scène de fin où une main ensanglantée venue des profondeurs de l'inconscient saisit un bras virginal.

Ce récit fascinant est innervé par les obsessions hitchcockiennes du réalisateur. De la musique qui rappelle fortement "Psychose" (et pour cause, c'est Bernard Hermann qui devait à l'origine la composer) à la relation torturée entre une mère et une fille à la sexualité névrosée et aux pouvoirs paranormaux (qui rappelle Tippi Hedren aussi bien dans "Pas de printemps pour Marnie" que dans "Les Oiseaux") en passant par un plan-séquence dirigeant l'oeil du spectateur dans la foule vers des objets-clés, lui permettant d'anticiper le drame à venir à la manière de "Les Enchaînés", tout rappelle Hitchcock (douche comprise ^^) mais revu et corrigé par un cinéaste du nouvel Hollywood lui-même hanté par une enfance difficile. Culte, passionnant et virtuose.

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Rifkin's Festival

Publié le par Rosalie210

Woody Allen (2020)

Rifkin's Festival

J'ai eu plaisir à renouer le fil des rendez-vous cinéphiles avec Woody ALLEN. Après "Un Jour de pluie à New York" (2017) et une carrière américaine interrompue par les scandales, j'avais entendu dire qu'il tournait un nouveau film en Espagne avec Sergi LÓPEZ et que celui-ci ne serait pas aussi facilement distribué. Mais finalement, après un peu d'attente, le nouveau Woody Allen est bien présent sur les écrans français.

Cependant, force est de constater que si le film est agréable à regarder, il manque de dynamisme et n'apporte rien de nouveau à la filmographie du réalisateur. On est clairement dans du réchauffé ou plutôt du recyclage: celui de la carte postale touristique des années 2010 quand Woody Allen délocalisait les marivaudages sentimentaux de ses couples de bourgeois intellos new-yorkais aux quatre coins de l'Europe de l'ouest avant que le climat de cette région du monde ne tourne à l'étuve estivale. Plus précisément, c'est à une version light de "Vicky Cristina Barcelona" (2007) que l'on a affaire au travers de la romance de Mort, l'anti-héros joué par un second couteau récurrent du cinéma de Woody Allen, Wallace SHAWN avec une médecin espagnole (Elena ANAYA) formant un ménage explosif avec un peintre volage (alias Sergi LÓPEZ). Mais celui-ci qui n'a que quelques minutes d'écran ne peut rivaliser avec Javier BARDEM pas plus que Elena Anaya avec Penélope CRUZ. L'autre intrigue sentimentale concerne l'épouse de Mort, Sue (Gina GERSHON) avec Philippe, un jeune cinéaste imbu de sa personne (Louis GARREL qui peut ainsi compléter la liste des acteurs et actrices français "fils et filles de" ayant joué dans un Woody Allen). Là encore, on retrouve un leitmotiv des films du cinéaste au travers d'un humour cynique à la Groucho MARX lorsque Mort descend en flammes les réalisations de son rival quoique lui-même soit un écrivain raté. Bien que tournant au procédé systématique manquant un peu de rythme (et lui aussi guère neuf, on pense par exemple au voyage temporel du héros de "Minuit à Paris") (2011), les scènes pastichant les films préférés de Woody Allen dans lesquelles Mort projette son imaginaire sont finalement ce qui s'avère être le plus sympathique dans le film. Federico FELLINI, Ingmar BERGMAN mais aussi Orson WELLES, Luis BUÑUEL ou encore la nouvelle vague française se rappellent à notre bon souvenir et Christoph WALTZ se paye même le luxe de reprendre le rôle de la Mort dans une version revue et corrigée de "Le Septième sceau" (1957).

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Le Parti des choses: Bardot et Godard

Publié le par Rosalie210

Jacques Rozier (1963)

Le Parti des choses: Bardot et Godard

"Mettre en scène, c'est prendre, modestement, le parti des choses". Cette phrase, Jacques Rozier la prononce tout en filmant son ami de la nouvelle vague Jean-Luc Godard tourner une scène de "Le Mépris" avec Michel Piccoli, Brigitte Bardot et Fritz Lang. Il ajoute donc un niveau de réflexion sur le cinéma à un film qui était déjà une mise en abyme du septième art. En seulement dix minutes, Jacques Rozier décortique les enjeux du film. Au travers  de la scène filmée à Capri, d'abord dans une crique puis refaite sur un bateau, il souligne la caractéristique fondamentale de la nouvelle vague qui est de s'appuyer sur un dispositif léger et des décors naturels en acceptant la part d'imprévu que le fait de ne pas pouvoir contrôler l'environnement comporte. Il évoque aussi l'acte créateur qui dans le film échoit à Fritz Lang, alter ego du cinéaste et  "porte-parole des Dieux" puisque celui-ci a tout pouvoir sur le destin de ses personnages. La statue de Zeus qui revient à plusieurs reprises dans "Le Mépris", le lieu de l'action ainsi que le sujet du film tourné par Fritz Lang, L'Odyssée se réfère à la tragédie antique, laquelle laisse une grande place à la fatalité c'est à dire à l'homme comme jouet des Dieux exactement comme les personnages sont les créatures du cinéaste. Enfin il évoque le mythe Brigitte Bardot, né dans un film intitulé "Et Dieu... créa la femme" et ajoute "Le Mépris ayant Brigitte Bardot comme objet ne peut avoir que le cinéma pour sujet". 

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Les Minions 2: Il était une fois Gru (Minions: The Rise of Gru)

Publié le par Rosalie210

Kyle Balda (2020)

Les Minions 2: Il était une fois Gru (Minions: The Rise of Gru)

Ayant été déçue par "Les Minions" (2014) et par "Moi, moche et méchant 3" (2017), je n'avais aucune espèce d'attente pour celui-ci, ayant été le voir uniquement pour faire plaisir à mon cadet. Sans casser des briques, celui-ci est néanmoins meilleur que son prédécesseur et ce pour une raison très simple: il s'agit d'une préquelle là où "Les Minions" était un spin-off. La différence ne réside pas dans la chronologie, antérieure à "Moi, moche et méchant" dans les deux films mais dans l'équilibre entre les protagonistes. L'erreur fondamentale de "Les Minions" comme celle de "Solo: A Star Wars Story" (2018) était d'avoir transformé les adjuvants du héros (selon le schéma actanciel de Greimas) en héros sans adjuvants. Les minions, comme Han Solo sont les "sidekicks" de Gru et de Luke Skywalker et comme tout sidekick qui se respecte, ils sont chargés de faire rire (comme le fait Ron auprès de Harry Potter par exemple). Mis au centre des récits, ces personnages perdent tout intérêt car ils ne peuvent tenir la distance d'un long-métrage et a fortiori quand ils sont dénués de langage intelligible comme c'est le cas des minions. Dans ce deuxième opus, le schéma actanciel est beaucoup mieux respecté ce qui donne de l'efficacité au récit: Gru enfant est le héros/anti-héros, les minions sont à son service et une bande de (vrais) méchants joue le rôle d'opposant. Il y a même un adjuvant-mentor en la personne du vieux Will Karnage, un ex super-vilain lâché par la bande que rêve d'intégrer Gru. Les autres personnages de la saga (la mère de Gru, le professeur Nefario) sont présents mais font de la figuration. Le contexte seventies bien mis en valeur dans les costumes, les coiffures et la musique donne un petit cachet au film ainsi que quelques références cinématographiques disséminées ici et là, de "King Kong" (1931) à "Le Jeu de la Mort" (1978). Rien de transcendant mais au moins on passe un moment agréable.

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