Toute une vie
Claude Lelouch (1974)
"Toute une vie" est une grande fresque s'étendant sur trois générations, même si c'est la dernière des trois, celle des années 60-70 qui se taille la part du lion. Il paraît qu'il existait une autre fin d'anticipation allant jusqu'en l'an 2000 mais la version que propose Arte s'arrête en 1974. Claude LELOUCH voit grand, mêlant petite et grande histoire à celle du cinéma pour raconter finalement une simple rencontre amoureuse un peu à la manière de "Les Demoiselles de Rochefort" (1966) ou de "Deux moi" (2019) (les futurs amoureux se croisent sans se voir ou se ratent) mais en beaucoup plus grandiose. Le résultat est toutefois inégal. Autant les premières séquences en noir et blanc évoquant la Belle Epoque, la Grande Guerre et la Shoah sont très réussies évoquant à chaque fois une variante de la rencontre amoureuse dont la dernière est la plus émouvante, autant ça se gâte à partir des années 60. Claude LELOUCH veut tellement mettre d'événements que cela devient un défilé sans plus guère de rapport avec l'histoire de ses personnages: mort de Marylin, assassinat de Kennedy, guerre d'Algérie et du Vietnam, guerre froide, premier pas sur la lune, élections de 1965, mai 68 etc. tout cela est évoqué en quelques secondes sans pour autant dater le film. Car à partir des 16 ans de Sarah (Marthe KELLER) en 1962, on a l'impression d'être en permanence sur un plateau de variétés kitsch des années 70 façon Maritie et Gilbert Carpentier en raison de l'omniprésence de Gilbert BECAUD et de ses chansons que Claude LELOUCH ne sait pas doser. Pas plus que les propos sentencieux du père de Sarah (Charles DENNER) ou les mouvements de caméra ostentatoires dans lesquels il pratique l'auto-citation (le tournoiement autour de Andre DUSSOLLIER sur la plage de Deauville ça rappelle forcément "Chabadabada"). Heureusement, les acteurs sont formidables. J'ai regardé essentiellement ce film pour Marthe KELLER qui interprète trois générations de femmes dont la richissime et blasée Sarah mais Andre DUSSOLLIER est très bon également dans le rôle du petit voyou qui parvient au cinéma par des chemins de traverse (la publicité et le porno). Néanmoins, parvenue à la fin du film je suis restée perplexe sur leurs atomes supposés crochus.