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The Duke

Publié le par Rosalie210

Roger Michell (2020)

The Duke

"The Duke" est le dernier film de fiction Roger MICHELL, le réalisateur de "Coup de foudre à Notting Hill" (1998) décédé en 2021. Les deux films ont pour point commun d'être des comédies (romantique pour l'un, sociale pour l'autre), de réunir des acteurs charismatiques et de reposer sur une intrigue invraisemblable. Sauf que "The Duke" s'appuie sur des faits réels s'étant déroulés en 1961, comme quoi la réalité dépasse parfois la fiction. On se demande encore comment il était possible de dérober un tableau-vedette à la National Gallery avec cette facilité. La manière dont il est restitué est d'ailleurs tout aussi surréaliste et le réalisateur se paye gentiment la tête des institutions, persuadées d'avoir affaire à un gang organisé alors que le vol est l'oeuvre d'un papy inoffensif et quelque peu excentrique, Kempton Bunton (Jim BROADBENT). Un idéaliste farfelu et autodidacte que l'on compare à Robin des bois ou à Don Quichotte parce qu'il n'est jamais en reste pour défendre la cause des plus faibles, se faisant renvoyer de plusieurs emplois et refusant de payer la redevance TV qui estime-t-il devrait être gratuite pour les plus pauvres. Ne parvenant pas à se faire entendre, il a alors l'idée de voler le portrait du duc de Wellington peint par Goya et de le cacher dans son modeste logis. Il s'agit d'une revanche sociale symbolique dont la portée s'étend également à l'ancien Empire britannique. Dans le film, Bunton défend notamment un pakistanais victime de brimades racistes et le nom de Wellington a été donné à la capitale de la Nouvelle-Zélande qui comme chacun sait est un territoire maori (il est d'ailleurs question aujourd'hui de faire ressurgir dans l'espace public de la ville la nomenclature indigène aux côtés de celle des anciens colonisateurs). L'autre intérêt du film au délicieux charme suranné repose sur le contraste de caractères entre le fantasque Bunton et sa femme, Dorothy, angoissée et à cheval sur les règles. Helen MIRREN aura décidément parcouru tout le spectre social, elle qui a incarné la reine d'Angleterre chez Stephen FREARS et incarne ici une domestique.

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Cuisine et dépendances

Publié le par Rosalie210

Philippe Muyl (1993)

Cuisine et dépendances

Alors que j'ai vu et revu la plupart des films du brillant duo formé par Agnès JAOUI et Jean-Pierre BACRI dont je suis fan, je n'avais jamais vu leur première oeuvre, celle qui les a révélés. Je connaissais seulement quelques extraits comme celui dans lequel le personnage joué par Bacri refuse de se plier au diktat de la majorité à la façon de Alexis de Tocqueville ^^. On reconnaît les qualités d'observation et d'écriture qui feront leur succès, en particulier leur talent pour mettre à jour les fractures sociales derrière le vernis des apparences. La pièce qui a engendré le film ne s'appelle pas pour rien "Cuisine et dépendances" (1993): la cuisine qui est quasiment le lieu unique du film est l'équivalent des coulisses du spectacle dans laquelle deux personnages qui n'existent que par leur rôle social n'apparaissent jamais. Quant aux "dépendances", elles sont à prendre au sens figuré et évoquent les nombreuses relations de sujétion qui se sont créées dans un groupe d'amis autrefois unis: dépendance de l'épouse vis à vis de son mari, dépendance du frère immature et irresponsable vis à vis de la soeur et du beau-frère, dépendance de l'ami raté vis à vis du couple qui l'héberge, dépendance enfin de ce même couple dont la cuisine délabrée révèle les failles vis à vis d'un ancien ami perdu de vue qui a mieux réussi qu'eux et est devenu une vedette de la télévision. Leur réunion sous le même toit à l'occasion d'un dîner est le prétexte à un grand déballage en arrière-plan des rancoeurs, frustrations, haines, regrets avec l'originalité que ce qui d'ordinaire est caché est ici mis au centre du jeu alors que le dîner en lui-même est occulté.

Cependant, comparativement à leurs productions ultérieures, celle-ci est en dessous. D'abord parce que le réalisateur, Philippe MUYL n'est ni Cédric KLAPISCH, ni a fortiori Alain RESNAIS et n'a pas beaucoup d'idées pour animer ce qui reste du théâtre filmé. Et ensuite parce qu'en dépit des plaintes du caractère trop salé des plats dans le film, les Jabac sont plutôt des spécialistes des recettes douce-amère (dont je raffole, l'un de mes films préférés est d'ailleurs "La Garçonnière" (1960) de Billy WILDER qui est un modèle de réussite du genre) et que je trouve ici la recette bien plus amère que douce. Autrement dit s'il y a beaucoup de vacheries, il manque la tendresse qui fait justement tout le sel de "Un air de famille" (1996), "On connaît la chanson" (1997) et des films réalisés par Agnès JAOUI comme Le Goût des autres" (1999).

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Conte d'hiver

Publié le par Rosalie210

Eric Rohmer (1992)

Conte d'hiver

C'est peut-être parce que son sujet de départ est proche de "Le Rayon vert" (1986) (la croyance en une magie amoureuse) que "Conte d'hiver" a été celui que j'ai préféré la première fois que j'ai vu le cycle de Éric ROHMER. La présence de Marie RIVIÈRE au moment des retrouvailles entre les deux ex-amants n'est peut-être pas le fruit du hasard ^^. Le fait est que comme tant de personnages rohmériens, Félicie (Charlotte VÉRY) est une indécise, hésitant entre plusieurs lieux et plusieurs hommes dont aucun ne la convainc véritablement. Nous non plus d'ailleurs. Loïc (Hervé FURIC) est un intello chrétien ennuyeux et Maxence (Michel VOLETTI) est un coiffeur sans relief. Mais contrairement à d'autres personnages déboussolés de Rohmer, Félicie se raccroche à une croyance, celle de son amour de vacances perdu à la suite d'une erreur d'adresse. Un lapsus plutôt selon ses propres dires qui lui permet d'entretenir le rêve d'un amour idéal plutôt que de le vivre véritablement. Cela pourrait être assez pathétique s'il n'y avait pas la petite Elise à ses côtés comme preuve de l'existence de cette relation ainsi que le goût d'inachevé de son interruption. Pourtant Félicie ne cherche nullement à le retrouver étant donné qu'elle ne sait rien de lui et de son côté, Charles (Frédéric VAN DEN DRIESSCHE) avec sa fausse adresse n'a pas les moyens d'être plus entreprenant. Résultat, chacun semble être entré en hibernation et compter sur un miracle pour se retrouver.

De deux choses l'une: ou le spectateur acceptera le jeu des hasards et coïncidences du film (ou bien son système de croyances, de signes, de prémonitions) et sera enchanté par ce conte de noël ou bien non et il trouvera l'histoire invraisemblable. Au premier visionnage, j'étais plutôt dans la première catégorie. L'avoir revu m'a plutôt mis dans la seconde. C'est sans doute lié au fait que les acteurs sont tous globalement un peu fades et que ni Félicie, ni Charles ne semblent mériter les attentes qu'ils suscitent. Les discours de Loïc sont casse-pied et Hervé FURIC n'est pas Jean-Louis TRINTIGNANT qui parvenait à mieux faire passer les passages philosophiques. Reste un début vraiment enchanteur, plein de sensualité et qui en dit plus long sur le désir que n'importe quel discours.

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Conte d'automne

Publié le par Rosalie210

Eric Rohmer (1998)

Conte d'automne

Bien avant que la télévision ne s'empare du problème du célibat des agriculteurs et agricultrices avec "L'amour est dans le pré", Éric ROHMER campait une vigneronne d'âge mûr désirant refaire sa vie (Béatrice ROMAND qu'il a filmé dans chacun de ses cycles, adolescente dans l'un de ses contes moraux, "Le Genou de Claire" (1970), jeune adulte dans l'une de ses comédies et proverbes, "Le Beau mariage" (1982) avant de la retrouver à 45 ans pour "Conte d'automne"). Soit disant trop occupée mais en réalité trop fière pour se lancer elle-même dans la recherche de l'âme soeur, Magali confie cette tâche à des intermédiaires de choix: la petite amie de son fils, Rosine (Alexia PORTAL) qui est étudiante et sa meilleure amie Isabelle qui est libraire (Marie RIVIÈRE, autre habituée du cinéma de Éric ROHMER). Rosine souhaite la caser avec son ancien prof de philosophie (Didier SANDRE), deux fois plus âgé qu'elle et avec qui elle a eu une liaison. Isabelle a recourt aux petites annonces pour dénicher la perle rare et ayant le nez creux, tombe sur Gérald (Alain LIBOLT).

Ce conte qui est sans doute mon préféré des quatre a un charme fou. Éric ROHMER parvient à faire ressortir avec beaucoup de finesse les désirs secrets de ses quadragénaires (voire pour certains quinquagénaires) et concocte un scénario irrésistible à base de quiproquos. Entre les moues boudeuses de Magali (qui de son propre aveu a un caractère de cochon accordé à ses cheveux en bataille), le goût prononcé de Etienne le prof de philo pour la chair fraîche et le jeu de séduction qui s'installe entre Gérald et Isabelle qui se fait passer pour Magali et ainsi retrouve le goût des premiers émois amoureux on se régale. Et puis Rohmer n'oublie jamais d'inscrire ses personnages dans un territoire, ici le sud de la vallée du Rhône entre les centrales nucléaires du Tricastin et Saint-Paul-Trois-Châteaux, la Drôme et l'Ardèche sans oublier bien évidemment de filmer longuement le vignoble bio de Magali qui laisse les mauvaises herbes l'envahir pour mieux l'aider à "bien vieillir": de quoi alimenter une réflexion on ne peut plus actuelle...

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Les Trois mousquetaires (The Three Musketeers)

Publié le par Rosalie210

George Sidney (1948)

Les Trois mousquetaires (The Three Musketeers)

C'est passionnant de regarder différentes adaptations d'une même oeuvre car cela nous éclaire sur le contexte du tournage autant sinon plus que sur l'oeuvre elle-même. Ainsi la version de George SIDNEY qui date de 1948 est l'un des fleurons de la MGM, le studio à l'origine du second âge d'or de la comédie musicale dans les années 50 dont l'exemple le plus célèbre est "Chantons sous la pluie" (1952) qui d'ailleurs contient des images en noir et blanc de "Les trois mousquetaires" (renommées sous le titre "Le Spadassin Royal"). La parenté entre le film de cape et d'épée de George Sidney et les comédies musicales produites par le studio à la même époque sont donc nombreuses que ce soit dans l'emploi d'un technicolor flamboyant (la plupart du temps sur fond de superbes paysages) ou dans une mise en scène qui fait une large place à de splendides duels chorégraphiés comme des ballets où Gene KELLY absolument parfait dans le rôle de d'Artagnan multiplie les sauts et acrobaties à la Douglas FAIRBANKS avec une touche de grâce en plus. Cet aspect du film absolument génial est on peut le dire également visionnaire puisque pour retrouver un tel concept, il faudra attendre que les films d'arts martiaux chinois, eux aussi fondés sur des combats-ballets aériens "infusent" dans le blockbuster américain: ce sera "Matrix" (1998) et ses suites. On peut également ajouter que l'adaptation de George SIDNEY comme celle de Richard LESTER 25 ans plus tard est fidèle au roman de Alexandre Dumas et en restitue les épisodes essentiels, y compris les plus dramatiques. En revanche, la différence d'époque est flagrante au niveau du traitement des moeurs et c'est sur cet aspect que le film de George Sidney est le plus daté. En effet, là où le contexte libertaire des années 70 permettait à Richard LESTER d'évoquer l'adultère, le polyamour, le libertinage présent dans l'oeuvre d'origine, la censure du code Hays frappe lourdement le scénario du film de George Sidney. Tout le monde y est monogame (même Milady de Winter jouée par la charismatique Lana TURNER qui n'en a qu'après De Wardes), Constance (la douce June ALLYSON) y devient la filleule de Bonacieux et épouse d'Artagnan, on ne sait absolument pas comment Milady obtient les deux ferrets du duc de Buckingham et elle est privée de ses talents de séductrice (son geôlier devient Constance Bonacieux ce qui n'est absolument pas crédible). Quand il est impossible d'enlever les péripéties amoureuses comme la relation entre la reine de France (Angela LANSBURY) et Buckingham ou l'entreprise de d'Artagnan pour obtenir les faveurs de Milady et de sa servante, elles sont édulcorées (c'est sans doute pour cela que l'acteur qui joue le roi Louis XIII a près de 60 ans). En revanche, la tragédie de Athos est incarnée de façon poignante par Van HEFLIN (ses camarades Porthos et Aramis sont en revanche sous-exploités). Signalons également Vincent PRICE dans le rôle de Richelieu, peut-être pas assez fourbe pour le rôle mais quelle prestance!

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Conte d'Eté

Publié le par Rosalie210

Eric Rohmer (1996)

Conte d'Eté

Si "Conte de Printemps" (1990) me faisait penser (toutes proportions gardées) à "Les Nuits de la pleine lune" (1984), c'est de "Pauline à la plage" (1983) que "Conte d'été" se rapproche le plus. De part la présence de Amanda LANGLET qui bien que devenue adulte a conservé une allure juvénile. Mais aussi de part l'ancrage dans un territoire. Car ce que l'on retient d'abord de "Conte d'été" c'est sa géographie. Les personnages passent l'essentiel du film à arpenter un périmètre bien délimité principalement entre Dinard, Saint-Malo et Saint-Lunaire. Arpenter, cheminer, labourer: il y a certes quelques moments statiques mais pour l'essentiel, Éric ROHMER fait des travellings suivant les personnages en train de marcher le long des plages ou des sentiers côtiers, ou se déplacer en bateau, à vélo ou encore en voiture. Ces êtres en perpétuel mouvement rappellent ce qui est pour moi le film fondateur du style de Éric ROHMER, "Le Signe du Lion" (1959). Un film non pas fondé sur le verbe contrairement au cliché auquel on veut le réduire mais sur une errance muette et solitaire lors d'une "vacance" d'été dans un Paris déserté. Gaspard (Melvil POUPAUD qui avait alors 23 ans mais en paraissait 18) semble lui aussi s'être "échoué" à Dinard comme une bouteille jetée à la mer. Totalement seul (il affirme à plusieurs reprises détester les groupes), il n'a durant les premières scènes personne à qui parler, sinon à sa guitare et erre comme une âme en peine d'un lieu à un autre. C'est Margot qui le remarque et engage la conversation avec lui à la plage, c'est elle qui lui propose des sorties, lui présente des amis et surtout prête une oreille à ses confidences quelque peu complaisantes. Il s'avère alors qu'à l'image du Pierre de "Le signe du Lion", Gaspard est "comme un clochard qui se réveille milliardaire": il passe du vide au trop plein, sans l'avoir vraiment cherché tant il se laisse porter par les événements. Sa passivité, son manque de caractère se confirment en effet lorsqu'il se retrouve tiraillé entre trois filles. Margot qui se pose en amie avec un copain tout aussi absent que la copine officielle de Gaspard mais qui n'hésite pas à flirter avec lui, Solène (Gwenaëlle SIMON), rencontrée via Margot, une pulpeuse brune avec laquelle il entretient un rapport de séduction et qui le somme de choisir et enfin Léna (Aurélia NOLIN) la petite amie officielle, une caricature de lui-même en girouette lunatique et irresponsable qui sème le chaos. Au final, Gaspard qui a promis à chacune d'entre elles de les emmener quelques jours à Ouessant saisit le premier prétexte pour prendre la fuite. Il faut dire qu'il aurait eu bien du mal à emmener qui que ce soit quelque part: il passe l'essentiel du film à se faire balader au sens propre par Margot et Solène (qui ont une voiture et pas lui) et au sens figuré par Léna qui souffle le chaud et le froid.

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Conte de Printemps

Publié le par Rosalie210

Eric Rohmer (1990)

Conte de Printemps

"Qui a deux femmes perd son âme, qui a deux maisons perd la raison" était le (faux) proverbe champenois qui illustrait "Les Nuits de la pleine lune" (1984), le quatrième des six films de la série comédies et proverbes réalisés dans les années 80 par Éric ROHMER. Au début des années 90, le réalisateur débute un nouveau cycle de films, "les contes des quatre saisons" avec un "Conte de printemps" qui constitue une variation champêtre de son précédent récit. On y rencontre en effet une jeune femme, professeure de philosophie (Anne TEYSSÈDRE) qui à l'image de nombre d'héroïnes rohmériennes ne tient pas en place ou plutôt ne se sent à sa place nulle part. Jeanne se retrouve ainsi dans la situation ubuesque de posséder les clés de deux appartements (le sien et celui de son copain) mais de n'en habiter aucun, n'y faisant que passer. L'un (le sien) est en effet occupé par un autre couple et l'autre (celui du copain) est au contraire une coquille vide muséifiée. Telle Llewyn Davis, le héros SDF des frères Coen, Jeanne la nomade se met donc à squatter le canapé d'une amie lors d'une soirée où elle fait la connaissance de Natacha (Florence DAREL) qui l'invite à dormir chez elle. Plus exactement, elle l'invite à dormir dans la chambre de son père qui soi-disant n'est jamais là. Mais voilà que ledit père, un séducteur à quarantaine fringante (Hugues QUESTER) débarque juste au moment où Jeanne prend sa douche. Et pour couronner le tout, il possède lui aussi deux maisons, l'une à Paris et l'autre à Fontainebleau, idéale pour "conter fleurette" même si le panorama, à l'image du coeur des personnages est plongé dans le brouillard. A partir de là, tout est en place pour l'éclosion du désir et le marivaudage élégant dont Éric ROHMER a le secret. Et ce d'autant plus que la très jeune copine du père, Eve (Éloïse BENNETT) est détestée par Natacha qui rêve que sa place soit prise par Jeanne tandis que le copain absent de cette dernière semble ressembler presque trait pour trait au père de Natacha...

Comme à son habitude, on ne s'ennuie pas une seconde dans ce film aux dialogues finement ciselés dans lesquels le désir vient troubler les certitudes de Jeanne. On le sait, chez Rohmer les personnages se manipulent beaucoup eux-mêmes avant de l'être par les autres. Ainsi si le plan réel ou supposé de Natacha pour la jeter dans les bras de son père semble échouer, Jeanne en ressort suffisamment ébranlée pour permettre une fin ouverte à tous les vents... printaniers. S'il n'est pas le meilleur des quatre (il recycle beaucoup de thèmes vus précédemment et le casting n'est pas le plus flamboyant de la filmographie de Rohmer), il constitue un opening de bon augure pour la suite.

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Têtes de pioche (Block-Heads)

Publié le par Rosalie210

John G. Blystone (1938)

Têtes de pioche (Block-Heads)

"Têtes de pioche" commence dans les tranchées comme "Charlot soldat" (1918). Il se poursuit comme "Onoda, 10 000 nuits dans la jungle" (2021) puisque 20 ans après en 1938 Stan LAUREL n'a toujours pas compris que la guerre était terminée est est resté à son poste dans la tranchée prêt à tirer sur tout ce qui bouge. Puis avec les retrouvailles des deux buddies, il évolue vers un réjouissant jeu de massacre burlesque mené sur un rythme de plus en plus effréné dans lequel Stan LAUREL met sans dessus dessous la vie bourgeoise de Oliver HARDY. Les tacles (souvent au sens propre) s'enchaînent contre la vie conjugale et ses faux-semblants, le chef de famille autoritaire et son gosse insupportable, les signes extérieurs de richesse, la technologie etc. Oliver Hardy met finalement moins en péril son couple avec sa jolie voisine (Patricia ELLIS) qui en se cachant à la manière de Chérubin dans "Le Mariage de Figaro" découvre les infidélités de son mari qu'en ramenant Stan LAUREL chez lui. Le tandem comique a compilé des gags et des sketches qui avaient fait leurs preuves antérieurement: le résultat pour qui aime le burlesque est réjouissant.

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La Princesse errante (Ruten no ōhi)

Publié le par Rosalie210

Kinuyo Tanaka (1960)

La Princesse errante (Ruten no ōhi)

Première superproduction de Kinuyo TANAKApour un grand studio, la Daiei en couleur et en scope, "La Princesse errante" est aussi un de ses plus beaux films. Cependant si sa splendeur esthétique fait l'unanimité (décors, costumes, photographie), les critiques français ont été moins séduits par la façon dont Kinuyo Tanaka a abordé le genre de la fresque historique, lui reprochant un manque de souffle épique et de lisibilité des enjeux. En ce qui concerne ces derniers, je ne suis pas sûre que"Ben-Hur" (1959) ou "Le Docteur Jivago" (1965) soient plus faciles à comprendre pour une personne non-occidentale. Et quant au souffle épique, je ne pense pas que ce soit son propos. Davantage que le champ, Kinuyo Tanaka s'intéresse au contrechamp, celui des "femmes de" dans un style rappelant les mélodrames flamboyants de Douglas SIRK. Elle s'intéresse particulièrement au destin de la belle-soeur de l'Empereur du Mandchoukouo, cet Etat satellite du Japon créé en 1932 à la suite de l'invasion de la Mandchourie par l'armée japonaise et dissout en août 1945 peu avant la capitulation du Japon. Ryuko (Machiko KYÔ, star de la Daiei Studios) qui est issue de l'aristocratie accepte le mariage arrangé avec le frère de l'Empereur (qui est chinois) et l'exil alors qu'elle souhaitait devenir peintre: c'est le premier de ses nombreux renoncements. Son destin la confronte en effet à la solitude (si son mari l'aime, l'Empereur et l'armée se méfient d'elle) et à une succession d'épreuves lorsque la Mandchourie est libérée par l'URSS en 1945: déportation, emprisonnement, mort de plusieurs de ses proches, perte de ses biens les plus précieux. Et lorsqu'enfin Ryuko semble retrouver une vie plus sereine, elle est frappée par un drame plus terrible que tous les autres démontrant qu'elle ne pourra jamais s'ancrer quelque part. Tout au plus pourra-t-elle faire fleurir les graines que l'impératrice du Japon lui aura donné: on remarque en effet que le premier et le dernier plan se répondent. Le premier plan est un travelling vertical allant du haut vers le bas sur des branches chargées de feuilles mortes annonçant un très long hiver, le dernier un travelling vertical du bas vers le haut sur des branches en fleur annonçant le retour du printemps.

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Le Retour des Mousquetaires (The Return of the musketeers)

Publié le par Rosalie210

Richard Lester (1989)

Le Retour des Mousquetaires (The Return of the musketeers)

Richard Lester avait le projet d'adapter la totalité de la trilogie de Alexandre Dumas et pas seulement le premier volet. Montrer le vieillissement des personnages entrait en effet dans son projet de démythification des héros de la culture populaire comme on peut le voir également dans "La Rose et la flèche". Il n'a cependant pas pu aller jusqu'au bout en raison notamment du décès de Roy Kinnear (Planchet) durant le tournage. Néanmoins, le résultat est bancal, tout comme l'était déjà "On l'appelait Milady". Certes, le troisième volet, réalisé quinze ans après les deux premiers et adaptant librement "Vingt ans après" réunit la quasi-totalité de la distribution d'origine, du moins les acteurs dont les personnages ont survécu ainsi que Jean-Pierre CASSEL qui se glisse dans la peau de Cyrano de Bergerac en lieu et place de Louis XIII. Il y a donc un indéniable réalisme dans le fait que le film montre les mêmes acteurs avec un vieillissement naturel et qui ont l'âge de leur personnage. Mais de façon contradictoire, le ton employé reste dans l'ensemble humoristique et léger dans la veine des deux premiers volets comme si rien n'avait changé. Si bien que la désunion entre les mousquetaires dont les opinions politiques et les parcours de vie ont divergé est édulcorée. Certes, il y a des scènes de discorde entre eux et Oliver Reed (Athos) joue toujours de façon aussi intense les tourments qui habitent son personnage mais "tout est bien qui finit bien". Ce qui n'arrange rien est que le méchant n'est pas à la hauteur. L'antagoniste n'est plus le fils de Milady comme dans le roman mais sa fille, Justine de Winter un personnage d'espionne séductrice et meurtrière calquée sur sa mère mais avec des qualités masculines en plus de fine lame (peu crédibles) lassante dans son obsession monomaniaque à venger sa mère qu'elle n'a pas connu (et l'actrice, Kim Cattrall joue de façon extrêmement lisse). Reste tout de même quelques bonnes idées visuelles comme la scène de la montgolfière (l'anachronisme est assumé depuis le premier volet) et quelques nouveaux personnages réjouissants comme le Mazarin joué par Philippe Noiret qui retrouve ainsi la veine des personnages historiques qu'il a joué pour Bertrand Tavernier.

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