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Un p'tit truc en plus

Publié le par Rosalie210

Artus (2024)

Un p'tit truc en plus

Voilà une comédie au succès mérité et qui respire la sincérité jusqu'au fond de ses tripes. On dit souvent qu'on ne fait pas de bons films avec de bons sentiments mais cette phrase mérite d'être nuancée. Il faudrait plutôt dire qu'il est difficile de faire un bon film avec de bons sentiments. "Un P'tit truc en plus" y parvient grâce à deux ingrédients bien dosés: l'humour et la tendresse. Pour cela, il propose de briser la barrière qui sépare habituellement le monde des handicapés de celui des valides. A la suite d'un quiproquo, un valide est pris pour l'un des pensionnaires d'un centre s'occupant de jeunes adultes atteints de handicaps mentaux ou neurodéveloppementaux. Le valide, c'est Paulo alias ARTUS qui cherche à échapper à la police après un braquage avec son père (joué par Clovis CORNILLAC) et se glisse donc dans la peau d'un handicapé, nous permettant de découvrir leur monde. Un principe qui a été la base de quelques monuments de la comédie, tels que "Certains l'aiment chaud" (1959) ou "Les Aventures de Rabbi Jacob" (1973). " Un P'tit truc en plus" n'a pas la prétention de les imiter, pourtant, c'est avec un naturel confondant que l'intrus s'intègre au milieu de ses nouveaux compagnons qui ne sont pourtant pas dupes, contrairement aux éducateurs qui se laissent berner. Un renversement de perspective réjouissant qui fait penser au génial "Ya Basta" (2010) de Gustave KERVERN dans lequel les handicapés prenaient les valides au propre piège de leurs préjugés. Quant au père de Paulo qui pour justifier sa présence doit se faire passer pour un éducateur, son attitude sans filtre remet en cause certains des principes du fonctionnement du centre (c'est à dire de la société), à commencer par la vie sous cloche, même dans un gîte en pleine nature. Il commence par dégager le ballon de Baptiste, l'un des jeunes handicapés fan de Ronaldo au fin fond de la forêt, le laissant aller seul le chercher. Mais c'est lorsqu'il propose de substituer l'aviron à la pâte à sel et qu'il doit se mettre de nouveau hors-la-loi pour y parvenir que l'on se rend compte combien la liberté de mouvement est un droit à défendre face à la tentation de l'enfermement. Ce que faisait déjà Fernand Deligny dans "Ce gamin, la" (1975) qui avait sorti les autistes des hôpitaux pour les laisser vagabonder dans les Cévennes ou encore le personnage (lui aussi intrus) de Patrick McMurphy qui le temps d'une séquence réussissait à prendre la mer avec ses compagnons dans "Vol au-dessus d'un nid de coucou" (1975). ARTUS poursuit donc cet engagement avec talent.

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Promène-toi donc tout nu!

Publié le par Rosalie210

Emmanuel Mouret (1999)

Promène-toi donc tout nu!

Un homme, trois femmes, combien de possibilités? Film de fin d'études de Emmanuel MOURET qui avait déjà réalisé trois courts-métrages pendant son cursus à la Fémis, "Promène-toi donc tout nu" est un moyen métrage qui fait beaucoup mais alors vraiment beaucoup penser à du Eric ROHMER, celui de "La Collectionneuse" (1967) ou du "Conte d'ete" (1996). L'histoire se déroule à Marseille, la ville d'où est originaire Emmanuel MOURET et raconte une jeu amoureux entre un jeune homme immature (Emmanuel MOURET), sa petite amie qui souhaite qu'il s'engage et lui pose un ultimatum en ce sens et deux filles pas farouches (une amie et "l'amie de son amie" ^^) qui jouent à pile ou face pour qu'il teste l'une d'entre elles avant qu'il ne se décide. Au menu: des jeunes gens en vacances au bord de la mer ou dans des villas désertées, les jeux de l'amour et du hasard, un ton décalé et ludique, des dialogues et des situations à la fois libertins (et parfois vulgaires) et candides, une mise en abyme (Clément est le narrateur de l'histoire et certaines des phrases qu'il emploie sont ensuite récitées par les personnages ce qui renvoie au fait qu'il est interprété par le réalisateur), des filles (Constance et Liberté ah ah ah!) qui mènent le jeu autour d'un garçon qui le subit jusqu'à ce qu'il finisse par se prendre en main. Au final, on a un assez joli conte initiatique, pas impérissable mais annonciateur de la suite de sa carrière.

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Golden Eighties

Publié le par Rosalie210

Chantal Akerman (1986)

Golden Eighties

Très chouette, cette comédie musicale bariolée, énergique et colorée de Chantal Akerman, panaché de pop culture des années 80 et de nouvelle vague des années 60 qui annonce "Vénus Beauté institut" (qui s'en est inspiré de façon évidente). Côté années 80, les couleurs, les looks, les styles musicaux m'ont fait penser à la couverture de l'album de Lio "Pop Model" sorti la même année et que j'avais reçu pour mon anniversaire. Lio justement joue dans le film mais paradoxalement, ne chante pas. Côté nouvelle vague, deux références sautent aux yeux. Les comédies musicales aux couleurs pimpantes de Jacques Demy mettant en scène des commerçants derrière les vitres de leurs magasins sauf que années 80 oblige, ceux-ci travaillent désormais dans une galerie commerciale de studio qui fait penser à un décor de sitcom (surtout lors des scènes du bar tenu par Myriam Boyer). Je me demande même si le générique n'est pas une citation de celui de "Les parapluies de Cherbourg" avec une chorégraphie de jambes traversant le sol de la galerie en diagonale. Sans parler de l'un des personnages dont le coeur balance entre la jeune fille en fleurs un peu sage (Lio à contre-emploi comme une Audrey Tautou avant la lettre) et l'incendiaire femme fatale du salon de coiffure (Fanny Cottençon). Et "Baisers volés" de François Truffaut avec Delphine Seyrig dans le rôle d'une vendeuse de vêtements et de chaussures qui fait furieusement penser à Fabienne Tabard. Mais une Fabienne Tabard avec vingt ans de plus, mélancolique, fatiguée et marquée (son personnage est une ancienne déportée) mais prête à s'enflammer de nouveau pour un ancien amour auquel elle a renoncé pour un mariage "raisonnable" avec M. Schwartz (Charles Denner dont c'était le dernier film apparaît lui aussi bien fatigué). Elle apporte un peu de profondeur à un film qui sinon apparaît comme une bulle de légèreté avec ses marivaudages incessants commentés par un choeur de shampouineuses cancanières sur un air irrésistible (on oubliera en revanche leurs équivalents masculins, totalement ridicules). Belles idées de mise en scène utilisant les bacs à shampoings et les cabines d'essayage et une fin qui symboliquement s'échappe de son décor factice pour entrer dans le monde réel lorsque l'une de ces vies semble enfin sortir du carcan imposé pour s'accorder avec son désir.  

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Astrid et Raphaëlle (saison 5)

Publié le par Rosalie210

Laurent Burtin et Alexandre de Seguins (2024)

Astrid et Raphaëlle (saison 5)

Un succès qui ne se dément pas! "Astrid et Raphaëlle" en est déjà à sa cinquième saison et le tandem de choc se surpasse toujours autant pour nous offrir des enquêtes haletantes au léger parfum ésotérique. Il s'agit encore et toujours de pénétrer des cercles souvent très fermés ou occultes. Au menu cette fois-ci: du bouddhisme, des mormons, du vaudou, un cartel mexicain, des services secrets, un club hippique, un plateau de tournage. Bientôt la franc-maçonnerie et les Illuminati? Ceci étant, ce penchant pour le mystère et l'étrange va de pair avec la compréhension du personnage d'Astrid qui se passionne pour les puzzles et les casse-têtes tout en étant une énigme en elle-même. Les épisodes sont toutefois d'un intérêt inégal. Certains sont de purs divertissements (les deux premiers notamment). D'autres abordent des sujets plus graves comme l'exploitation des migrants, la maltraitance envers les handicapés ou la difficulté de reconnaître et d'exprimer ses sentiments quand on est autiste, problèmes qui provoquent des crises épileptiques chez Astrid. Dommage qu'ils ne soient pas davantage approfondis. En tout cas, son duo avec la fougueuse Raphaëlle est toujours aussi attachant. Le féminisme de la série est un peu plus souligné que d'ordinaire parce que toutes deux sont en couple et que leurs compagnons ne rentrent pas non plus dans les clous comme le fait remarquer un criminel à Nicolas en lui disant qu'il se laisse mener par les femmes. La fin est un cliffhanger donc aucun doute sur le fait qu'une saison 6 est déjà dans les tuyaux.

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Mon amoureux

Publié le par Rosalie210

Daniel Metge (2011)

Mon amoureux

Un court-métrage lumineux qui aborde un sujet tabou: la sexualité des personnes handicapées placées en institution. Dans celle où vivent Lorie et Romain, "Les Eglantines", les relations sexuelles sont interdites. Du moins, officiellement. Les pensionnaires souhaitant passer outre sont obligés de se cacher là où ils peuvent*. C'est pourquoi dans une scène à la fois drôle et dérangeante, Lorie et Romain se font surprendre dans les toilettes publiques par une usagère outrée parce qu'ils pensent que c'est là où cela se passe. Comme souvent en pareil cas, c'est la personne-ressource qui leur vient en aide. Laquelle n'est autre que la soeur de Lorie, Estelle (jouée par Salomé STEVENIN) qui les emmène au vert mais doit tout de même beaucoup prendre sur elle pour qu'ils arrivent à "conclure". Drôle et dérangeant à la fois, le film l'est à plusieurs occasions car à l'image des personnages il est sans filtre social. Idéal pour aborder nombre de thèmes frontalement comme celui de la contraception ou de la masturbation. Mais surtout moyen de soulever de vraies questions de société sur l'espace accordé aux handicapés pour vivre une relation intime et la place que doivent occuper leurs proches en pareil cas.

* L'actualité révèle également que de nombreux abus sexuels sont commis dans certaines de ces institutions.

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La Plus précieuse des marchandises

Publié le par Rosalie210

Michel Hazanavicius (2024)

La Plus précieuse des marchandises

La rencontre entre Michel HAZANAVICIUS et Jean-Claude GRUMBERG a accouché d'un conte qui entre en collision avec l'Histoire. La demeure isolée dans la forêt, le bébé abandonné dans la neige et recueilli par une pauvre bûcheronne en mal d'enfant, l'effroi qu'inspire au début le bûcheron puis ses collègues de travail que l'on identifie à des ogres. Mais impossible d'ignorer le contexte historique: la guerre est mentionnée, les trains ne cessent de traverser la forêt, non loin de la maison des bûcherons et lorsque le point de vue change, adoptant celui du père du bébé jeté par-dessus bord, on découvre que le camp de Auschwitz n'est qu'à quelques pas. Comment ne pas penser à "Shoah" (1985) et aux témoignages des paysans polonais gavés de préjugés antisémites ayant regardé passer les trains? Les nazis avaient bien retourné le cerveau de ces populations incultes sous l'emprise d'un catholicisme obscurantiste pour qu'ils deviennent les complices de leurs crimes. Pourtant c'est aussi en Pologne qu'il y a eu le plus de Justes et ce film le rappelle, au travers du couple de bûcherons protecteurs et également d'une gueule cassée de la grande guerre qui va apporter à l'enfant une drôle de mère nourricière sans lequel il n'aurait pas survécu. L'appel de la vie fut parfois plus fort que n'importe quelle idéologie, plus fort que les passions les plus tristes. Le choix de l'animation permet un travail remarquable de stylisation qui rend l'approche sensible: sur le blanc cotonneux de la neige étouffant les sons, les trains se détachent tels des masses noires sifflantes crachant le feu de l'enfer. Ils hantent les cauchemars des personnages, des gens simples pris dans des enjeux qui les dépassent et dont aucun ne sortira indemne. Ce qui également contribue à la force du récit, c'est d'entendre comme sortie d'outre-tombe la voix de Jean-Louis TRINTIGNANT qui a eu tout juste le temps d'enregistrer la voix du narrateur de l'histoire avant de s'éteindre en 2022.

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La Chimère (La Chimera)

Publié le par Rosalie210

Alice Rohrwacher (2023)

La Chimère (La Chimera)

J'ai beaucoup aimé ce film qui est le premier que je regarde de Alice ROHRWACHER. Le personnage principal, Arthur (Josh O'CONNOR) avec son air désemparé et ses incongrus vêtements blancs (alors qu'il passe beaucoup de temps sous terre) semble ne pas appartenir à ce monde. De fait il y a un décalage énorme entre ses dons surnaturels lui permettant de mettre au jour des trésors archéologiques dans son village situé au bord de la mer Tyrrhénienne et son statut de paria condamné à la marginalité et à l'exclusion. Son désarroi face à la cupidité de ses semblables qui n'hésitent pas à vandaliser les oeuvres pour mieux les voler alors que lui aime juste les admirer en fait une figure sacrificielle qui arrive au bout d'une chaîne d'exploitation. Mais le film de Alice ROHRWACHER s'il contient une part de critique sociale est en même temps poétique, joyeux, coloré, rempli de personnages pittoresques. Il est impossible de ne pas penser à l'univers de Federico FELLINI, plus précisément celui des oisifs de province de "Les Vitelloni" (1953) et celui des arnaqueurs de "Il Bidone" (1955) creusant de fausses tombes avec des trésors de pacotille pour abuser les villageois. On peut aussi y voir l'influence de Pier Paolo PASOLINI, Arthur (qui est joué par un anglais et défini comme tel) faisant penser à l'ange joué par Terence STAMP dans "Theoreme" (1968). De même que l'ouverture des tombes fait ressurgir le passé étrusque de l'Italie, l'âge d'or du cinéma italien s'invite aussi au travers de la présence de Isabella ROSSELLINI dans le rôle d'une matriarche mystérieuse. Tout aussi mystérieuse, sa fille disparue apparaît dans les rêves de Arthur qui parvient à la rejoindre. Dans quel monde? La est toute la question.

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Sans jamais nous connaître (All of Us Strangers)

Publié le par Rosalie210

Andrew Haigh (2023)

Sans jamais nous connaître (All of Us Strangers)

La bande-annonce, censée donner envie d'aller voir un film m'avait plutôt fait fuir. Ca avait l'air trop mélo, trop chromo et noyé dans une bande-son abrutissante. Si le film n'évite effectivement pas ces écueils (oui, c'est racoleur et assumé comme tel), il est plus subtil qu'il en a l'air. Il faut dire qu'il s'agit de l'adaptation (la deuxième) d'un roman japonais, "Strangers" de Taichi Yamada. Cette influence, on la ressent au travers des fantômes qui obsèdent Adam (Andrew SCOTT que j'avais beaucoup aimé dans "Pride") (2014). Ils l'obsèdent tellement que sa vie présente est un désert. Pourtant, une autre solitude vient à lui. Cela m'a fait penser un bref instant à "Une journee particuliere" (1977), ces deux solitaires exclus de la vie qui se croisent dans un immeuble vide. Mais Adam ferme sa porte à Harry (Paul MESCAL). Il préfère imaginer tout ce qu'il aurait aimé dire à ses parents disparus quand il avait 12 ans ce qui donne lieu à des scènes assez troublantes de par le choix de faire jouer les parents par des acteurs plus jeunes que Andrew SCOTT (Claire FOY et Jamie BELL alias "Billy Elliot") (2000). On pense à un moment donné que Adam va se réconcilier avec la vie, on pense que celle-ci est représentée par Harry qui finit par s'inviter chez lui, dans sa vie et dans ses rêves, bref par pénétrer son intimité. Mais ce Harry là n'est peut-être qu'une illusion lui aussi. Evidemment on a du mal à démêler le vrai du faux tant la réalité et le rêve se confondent à l'image. Néanmoins, ce travail de deuil qu'Adam ne semble pas parvenir à faire jette un doute sur sa capacité à sortir de son isolement. Dommage d'avoir exprimé des émotions simples et universelles avec des images parfois clichetoneuses qui à l'image d'Adam mettent le spectateur à distance, le tout sur un rythme qui se traîne.

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Oasis

Publié le par Rosalie210

Justine Martin (2022)

Oasis

Court-métrage québécois sensible et lumineux sur la fin de l'enfance lors d'un dernier été vécu comme un moment suspendu avant le retour au temps du réel, à la manière de "Tomboy" (2010). Tout fait penser dans ce film justement titré "Oasis" à une bulle d'insouciance avec les activités estivales en pleine nature, baignades, pédalo, pêche, camping, vélo, paddle etc. Le temps suspendu, c'est aussi le skatepark qui ouvre et ferme le court-métrage (on pense forcément un peu à Gus van SANT). Mais c'est aussi dans ce lieu que se profile la séparation des deux frères jumeaux de 14 ans Raphaël et Rémi que la réalisatrice connaît pour les avoir gardé quand ils étaient petits. En effet contrairement aux scènes dans les bois, celles qui se déroulent dans le skatepark forment un petit théâtre social qui souligne le décalage entre les deux frères. Le premier en train d'entrer dans l'adolescence, entouré de son groupe de skateurs et le second resté dans l'enfance en raison de son handicap, assis à l'écart occupé à gonfler des ballons et à les modeler. Comme souvent en pareil cas, celui des frères ou des soeurs qui n'est pas handicapé est appelé à jouer le rôle de protecteur et d'aidant. Dans le contexte du film de Justine MARTIN, ce rôle est mis à mal par le désir de s'intégrer au groupe et de grandir. C'est en naviguant entre ces différents pôles (temps suspendu/temps réel, nature/culture, fusion/séparation etc.) que le film trouve son centre de gravité.

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Le Capitaine Volkonogov s'est échappé (Kapitan Volkonogov bezhal)

Publié le par Rosalie210

Natasha Merkulova et Aleksey Chupov (2021)

Le Capitaine Volkonogov s'est échappé (Kapitan Volkonogov bezhal)

Si j'ai quelque chose à reprocher à ce film, c'est son caractère programmatique et un peu mécanique. Une fois que "Le Capitaine Volkonogov s'est echappe" (2021) et surtout, une fois qu'il a reçu (en rêve) la mission qui donne du sens à son évasion, on devine sans peine dans quelle direction le film va et comment il va se terminer. De plus, même si cela est fait d'une manière élégante, parfois même burlesque, l'odyssée du capitaine se résume à des variations autour d'un même enjeu à la manière d'un film à sketches: rencontrer des familles de personnes victimes des purges staliniennes auxquelles il a participé afin d'obtenir un pardon et ainsi, sauver son âme. On objectera que chaque rencontre enrichit un peu plus le tableau de l'effroyable totalitarisme stalinien. Bienvenue dans un système de terreur orwellien et kafkaïen reposant sur la paranoïa et la délation où n'importe qui pouvait être torturé et exécuté non pour les crimes qu'il avait commis mais pour ceux qu'il était susceptibles de commettre sur la foi de ses origines, de ses liens de parenté ou de camaraderies, de ses activités, de ses comportements. Un système dans lequel grâce à des "méthodes spécifiques", des innocents finissaient par avouer une culpabilité imaginaire ce qui justifiait leur élimination bien réelle. Quant aux familles, elle n'étaient pas informées et certaines préféraient pour leur propre survie renier ceux que le régime avait frappé. Un système dans lequel, Volkonogov l'apprend à ses dépends, le chasseur devient le chassé le jour où STALINE décide de retourner les grandes purges contre leurs auteurs afin de les "réévaluer" c'est à dire leur faire porter le chapeau des crimes et de s'en exempter lui-même. D'ailleurs, celui qui poursuit Volkonogov a lui-même une épée de Damoclès sur la tête. Bref, c'est irrespirable et on ressent bien la culture de mort qui règne dans le film ainsi que l'absence de toute humanité (aucun lien n'est possible puisqu'il est aussitôt entaché de soupçon et chacun apparaît comme un mort en sursis). Seulement ce caractère monolithique du film est franchement plombant à la longue en dépit d'une esthétique rétro-futuriste originale (on appréciera particulièrement l'utilisation de la couleur rouge) et de l'interprétation magistrale de Yuriy BORISOV.

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