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Guest of Honour

Publié le par Rosalie210

Atom Egoyan (2019)

Guest of Honour

Après Terry GILLIAM, j'ai continué sur le thème "ex cinéastes de génie aujourd'hui en perdition" avec le dernier film de Atom EGOYAN qui pour mémoire n'est même pas passé par le grand écran dans de nombreux pays (dont la France) où il est sorti directement en VOD. Si je rapproche ces deux cinéastes, c'est aussi parce que "Guest of honour" a pas mal de points communs avec "Exotica" (1994) comme "Zero Theorem" (2013) en a avec "Brazil" (1985) comme si ces cinéastes tentaient de renouer avec la formule magique de leurs meilleurs films, ceux qui firent leur gloire dans les années 80 et 90. Hélas, dans un cas comme dans l'autre, ils ne livrent qu'une pâle copie. Par un pur effet de hasard, il se trouve que David THEWLIS joue dans ces deux films mais il a le rôle principal de "Guest of honour" et sans jeu de mots, il réussit à sauver l'honneur de ce long-métrage qui se perd un peu dans les sables. En voulant créer un mystère autour de la relation entre un père psycho rigide et sa fille qui s'accuse d'un crime qu'elle n'a pas commis, Atom EGOYAN s'enlise dans les pistes d'explication qu'il ouvre mais qu'il n'approfondit jamais, finissant par créer de la confusion voire des incohérences, surtout en ce qui concerne Veronica (Laysla DE OLIVEIRA) dont le comportement est difficilement déchiffrable. Le père Jim (David THEWLIS donc) est plus facile à suivre au travers de la manière plutôt discutable dont il exerce son métier de contrôleur pour le ministère de la santé publique en inspectant les restaurants et leur délivrant (ou non) le sésame pour qu'ils puissent continuer leur activité. Les thèmes de la honte et de la culpabilité étant récurrents chez Atom EGOYAN, il faut toujours qu'il y ait quelque part dans ses films un contrôleur ou un inspecteur qui trouve "la faute" et désigne "les fautifs" avant que l'on ne découvre que le premier des "fautifs", c'est lui, toujours au travers d'une relation dysfonctionnelle avec sa fille. C'était la trame de "Exotica" (1994) mais aussi d'un autre film majeur du cinéaste, "De beaux lendemains" (1997). On retrouve donc cette trame inchangée ou presque dans "Guest of honour". Sauf que comme je le disais précédemment, Atom EGOYAN ne maîtrise pas bien les différentes nappes de temporalité qu'il met en scène (des changements de filtres de couleur et deux acteurs enfants ne suffisent pas à donner l'impression de revenir vingt ans en arrière) et n'approfondit pas ses personnages (en particulier les hommes qui tournent autour de Veronica) ce qui rend sa démonstration plutôt laborieuse, inutilement surchargée par des éléments dont la symbolique nous échappe (le lapin).

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Les trois jours du Condor (Three days of the Condor)

Publié le par Rosalie210

Sydney Pollack (1975)

Les trois jours du Condor (Three days of the Condor)

 "Les gens de ma génération se sont battus pour des idéaux auxquels ils croyaient dur comme fer. Quand John Kennedy a été élu, nous étions sûrs que le monde allait changer. Et nous nous sommes retrouvés à devoir digérer nos désillusions." (James Grady, ex-journaliste d'investigation et auteur du roman "Les six jours du Condor" paru en 1974 dont le film de Sydney Pollack est l'adaptation). "Les trois jours du Condor' (pourquoi a-t-il perdu trois plumes au passage de l'écrit à l'écran, mystère) fait partie de ces grands thrillers américains contestataires, paranoïaques et désenchantés emblématiques des années 70 marqués par l'assassinat de Kennedy, la guerre du Vietnam et le scandale du Watergate. Sa force est d'adopter le point de vue d'un citoyen (presque) lambda à la dégaine d'étudiant attardé façon "40 ans, toujours puceau" qui est le rouage d'une vaste machine kafkaïenne qui le dépasse, du moins au début et l'amène à devenir un fugitif traqué. Vous avez reconnu l'intrigue de "La mort aux trousses" de Hitchcock? Et bien "Les Trois jours du Condor" s'en rapproche. Sauf que Turner (Robert Redford, l'acteur engagé incontournable de ce genre et de cette époque) est tout de même un agent de la C.I.A et même s'il appartient à une antenne "intello idéaliste" qui se croit à l'abri du danger* et qui de ce fait va perdre son innocence au contact des remugles fétides d'une institution corrompue, il ne manque pas de ressources. En plus de son intégrité, de sa culture livresque en matière d'intrigues d'espionnage et de ses compétences techniques dans les télécommunications qui vont lui être très utiles, il a un oeil acéré et un esprit clairvoyant (je soupçonne d'ailleurs son surnom d'être lié à ces qualités: le condor est cet oiseau essentiel à la santé de l'écosystème chargé d'assainir l'atmosphère en faisant le ménage). Face à l'opacité d'un organisme gouvernemental tentaculaire qui n'hésite pas à utiliser des méthodes mafieuses et à sacrifier ses employés au nom d'une vision discutable de la "raison d'Etat", il ne peut s'en remettre qu'au quatrième pouvoir pour dénoncer les abus et sauver sa peau, celui-là même qui avait dénoncé le scandale du Watergate (James Grady a évidemment prêté certaines de ses compétences au héros). Et ces qualités, on les retrouve évidemment dans sa relation avec Kathy (Faye Dunaway) qui n'a rien d'anecdotique. Au contraire, les parenthèses intimistes permettent de mesurer le talent de Turner pour lire entre les lignes et comprendre donc le non-dit: telles les photos exposées de Kathy qui expriment son désert effectif, son sentiment de vide existentiel. Voir cet homme d'un romantisme absolu (en danger de mort et beau comme un dieu) débarquer chez elle pour la prendre en otage et l'embarquer dans sa quête ne peut que la faire chavirer dans une dimension parallèle certes exaltante mais éphémère car trouble et mortifère à base de violence, de danger et de mort. Et puis il y a un troisième personnage intéressant, c'est le tueur à gages Joubert (Max von Sydow) qui ressemble beaucoup au personnage de Sentenza dans "Le Bon, la Brute et le Truand" de par son flegmatisme, son caractère impitoyable, froid et méthodique mais aussi une certaine "philosophie" de vie (celle du travail bien fait) qu'il explique à Turner et qui est à l'opposé de ses valeurs.

* A juste titre, la ressortie récente du film en copie restaurée a permis de mesurer à quel point en dépit de son contexte daté, cette oeuvre n'a pas vieilli et s'avère "plastique". Elle peut tout à fait d'adapter en effet à la géopolitique actuelle. Ainsi le massacre des collègues de Turner qui a force de sonder la littérature mondiale à la recherche de fuites a fini par trouver sans le savoir un plan secret d'une unité de la C.I.A fait penser de façon troublante à celui des dessinateurs de Charlie Hebdo.

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D'Artagnan et Les Trois Mousquetaires

Publié le par Rosalie210

Toni Garcia et Stephen Hugues (2020)

D'Artagnan et Les Trois Mousquetaires

Rappelez-vous (enfin, pour ceux qui étaient enfants ou adolescents dans les années 80 et qui regardaient la télévision) ce générique "culte" interprété par Jean-Jacques Debout sur fond d'aboiements:

"Un pour tous et tous pour un
Lorsque l'on est mousquetaire
Un pour tous et tous pour un
On est comme des frères
Un pour tous et tous pour un
Il faudra s'y faire
Les autres ne sont pas loin
Quand on en voit un (...)"

Wan-wan Sanjushi est en effet une série animée hispano-nippone créée par Claudio Biern Boyd d'après le roman d'Alexandre Dumas "Les Trois Mousquetaires" avec pour caractéristique principale l'anthropomorphisme canin de ses personnages. Elle a été produite par le studio espagnol BRB et nippon animation et multirediffusée en France dans les années 80 et 90. Et voilà que quarante ans plus tard, une version cinématographique en 3D voit le jour réalisée par Toni Garcia et produite de nouveau par la BRB (via leur studio, Apolo films) . Est-ce le premier exemple d'une série de remises à jour de séries vintage ayant fait les beaux jours des émissions jeunesse du petit écran ou bien est-ce que cela restera un exemple unique? La suite nous le dira.

En tout cas le film est plutôt une réussite. On retrouve avec plaisir les péripéties d'une intrigue décidément increvable alors que les moindres détails sont connus de tout un chacun (la montée de D'Artagnan à Paris, le duel avec les trois mousquetaires, l'affrontement avec leurs antagonistes, Milady, Rochefort et le cardinal de Richelieu pour sauver l'honneur de la reine en récupérant à temps ses ferrets, la romance entre d'Artagnan et sa dame de compagnie, Constance Bonacieux etc.) Une fois les cinq premières minutes passées, on s'habitue à la 3D d'autant que par moments (notamment lorsqu'il s'agit d'illustrer des pensées ou bien lors du générique de fin), l'image revient au graphisme 2D (et pour faire plaisir aux nostalgiques, le générique est évidemment repris et réorchestré par les musiciens d'origine). Les personnages féminins ont été volontairement étoffés que ce soit Milady qui fait partie de ces femmes puissantes et donc redoutables ayant de nombreuses cordes à leur arc ou Constance qui sort de son rôle de potiche pour endosser un rôle quelque peu plus actif dans l'histoire. Enfin le moralisme un peu pesant de la série d'origine (" héros qui nous rappellent deux principes à ne pas oublier, l'honneur et l'amitié" pouvait-on lire dans le générique de début) est nuancé par la présence aux côtés de d'Artagnan de Pip, l'écuyer, une souris qui n'est pas seulement un faire-valoir comique mais aussi un faible de caractère qui a bien du mal à résister à la soif de l'or.

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