Charlot Pompier, deuxième film réalisé pour la Mutual a été tourné en partie dans une véritable caserne de pompiers. Deux maisons condamnées à la démolition furent brûlées pour donner plus d'authenticité au film. On peut également relever l'utilisation de trucages.
Mais en dépit de ses gros moyens, le film n'est pas meilleur que ceux de la Essanay. Les gags sont moins inventifs que ceux de son premier film à la Mutual Charlot chef de rayon et se situent dans la plus pure tradition slapstick de la Keystone. Peut-être parce que Chaplin avait peur de dérouter ou décevoir son public. Mais un jour, il reçut une lettre d'un admirateur qui avait vu Charlot pompier et qui lui fit part de sa déception. Mais ce n'était pas celle qu'il imaginait: "J’ai remarqué dans votre dernier film une manque de spontanéité. Même si le film fait mouche à tous les coups et déclenche le rire sans cesse, ce rire n’est pas si entier et généreux que pour vos films précédents. Je crains que vous ne deveniez l’esclave de votre public, alors que pour la plupart de vos films, c’est au contraire le public votre esclave. Les spectateurs, Charlie, aiment être esclaves." Ce spectateur rendit un grand service à Chaplin en l'aidant à libérer son talent. Les effets s'en firent ressentir dès le film suivant, Charlot musicien.
Ce film de 30 minutes est le premier des 12 courts-métrages que Chaplin a réalisé pour la Mutual entre 1916 et 1917. Il ouvre en beauté une des périodes les plus fastes de sa carrière. En lui laissant carte blanche et en lui donnant un copieux salaire, la Mutual lui permit de développer la qualité et la créativité de ses œuvres dans des proportions très supérieures à tout ce qu'il avait pu faire jusque là.
Le thème principal du film qui résonne de façon troublante avec notre actualité est le vol sous toutes ses formes. Du sans-le-sou pique-assiette jusqu'au directeur (Eric Campbell) et son chef de rayon (Lloyd Bacon) qui cherchent à se faire la malle avec la caisse du magasin en passant par les clients propres sur eux qui volent à l'étalage, la malhonnêteté est partout. Une allusion au choix des studios Essanay pour lequel il avait travaillé avant de partir à la Mutual de remonter et rallonger un de ses films (Charlot joue Carmen) sans son accord.
Outre cette thématique traitée de façon assez féroce, le film offre un festival de créativité burlesque qui préfigure des œuvres ultérieures. Les gags dans l'escalator seront partiellement réutilisés dans Charlot rentre tard. On assiste également à l'embryon de la célèbre scène du miroir de Sept ans de malheur (Max Linder) et de La soupe aux canards (Marx Brothers). Quand Charlot rencontre son sosie Lloyd Bacon, il croit être devant une glace car tous deux font exactement les mêmes mouvements.
La fin du film est assez abrupte car il manque les dernières secondes de pellicule où les dirigeants malhonnêtes sont arrêtés. Charlot est félicité et en profite pour commencer à draguer la secrétaire (Edna Purviance).
Je vais essayer d'expliquer pourquoi à mes yeux ce film est à vomir. Avant de commencer, je voudrais souligner qu'il est anormal qu'un petit film français vaguement auteurisant obtienne plus d'éloges que nombre de chefs-d'oeuvre y compris parmi les grands classiques. Comment expliquer un tel hold-up?
- Le sujet sans nul doute y est pour beaucoup. Seul un cœur de pierre ne peut compatir aux malheurs de Valérie Donzelli et de Jérémie Elkaïm, parents d'un enfant atteint d'une tumeur au cerveau et à leur besoin de catharsis en forme d'auto-fiction. Sauf que dans le film, ce pauvre petit, on ne le voit guère, il n'est qu'un prétexte, un faire-valoir. Et le lien avec ses parents n'est absolument pas montré. Amateurs d'histoires vraiment intimistes, passez votre chemin! Car ce que l'on voit par contre jusqu'à la nausée ce sont les tronches de Donzelli et de son mec en train de jouer (faux) les Romeo et Juliette des temps modernes (oui, ils ont osé, plus c'est gros, plus ça passe), le couple fort dans l'adversité sous toutes les coutures en mode m'as-tu vu: comme on s'aime, comme on souffre, comme on surmonte, comme "on s'amuse, on pleure, on rit." et même comme on se sépare (dans la dignité bien sûr).
- Les références néo-nouvelle vague et le décorum bobo ou le moyen le plus sûr de se mettre Télérama et les Inrocks dans la poche. Le film est tout sauf neutre sociologiquement et idéologiquement. Quelques minutes suffisent pour que l'on comprenne que sous couvert d'histoire touchante, c'est la peinture d'un petit milieu parigot-bobo se regardant le nombril qui est le vrai sujet du film. Des références qui claquent (comme un passage chanté à la "Jacques Demy" qui tombe complètement à plat), des soirées branchées-bohèmes "décadentes" où l'on se drogue, ou l'on boit et où on se roule des pelles (entre soi s'entend) et last but no least, des remarques qui ne cherchent même pas à dissimuler le mépris de classe que ces bien-pensants ont vis à vis du "petit personnel" à qui il ne "faut pas parler." Quoique dans le mépris du genre humain, la phrase "J'ai peur qu'il devienne aveugle, sourd, muet, nain, pd, noir et qu'il vote front national" vaut également son pesant de caca(huètes).
En résumé une belle escroquerie que ce mauvais film de chapelle, égocentrique, exhibitionniste et méprisant vis à vis du reste du monde. C'est à toi que je déclare la guerre!
C'est beau, très beau même. Historiquement et culturellement c'est passionnant de découvrir le talent et le caractère hors du commun d'une femme artiste resté longtemps dans l'ombre de son illustre père avec lequel elle a travaillé en étroite collaboration pendant plus de 25 ans. L'histoire de la contribution des femmes au monde des arts et de la sciences reste encore largement à écrire. Chaque fois que l'une d'entre elle fait l'objet d'un coup de projecteur, on redécouvre les ravages du patriarcat sur l'écriture de l'histoire et sur les droits/crédits d'auteur. Mais lentement les choses évoluent: Camille Claudel réapparaît derrière Rodin, Emilie du Châtelet derrière Voltaire, Berthe Morisot derrière ses homologues impressionnistes masculins... Et O-Ei derrière Tetsuzo. O-Ei qui entretenait un relation d'égal à égal avec son père, l'appelait familièrement par son prénom (so shocking au Japon!), le critiquait, le bousculait, qui dessinait des œuvres à sa place, qui fumait la pipe, buvait de l'alcool, ne faisait pas la cuisine et préférait voir leur atelier devenir un dépotoir plutôt que de faire le ménage. O-Ei qui était très franche et n'avait pas froid aux yeux surnommait l'un des peintres apprentis d'un confrère d'Hokusai "Zen l'Empoté." N'ayant aucune des "qualités" de la bonne épouse, il n'est guère étonnant que son mariage se soit soldé par un échec. O-Ei apparaît à l'image de ses épais sourcils (si peu dans la norme) comme un cheval sauvage absolument indomptable. Cependant le portrait se nuance lorsque l'on voit O-Ei face à la sexualité et à la sororité qui ici fonctionne comme une substitution de maternité. Contrairement à son milieu d'hommes artistes vivant en symbiose avec les geishas, O-Ei est assez prude et a bien du mal à se décoincer, même pour la bonne cause (peindre des scènes érotiques crédibles). D'autre part son amour pour sa petite sœur de 6 ans O-Nao, aveugle et fragile, donne lieu aux passages les plus délicats et émouvants du film. O-Nao qui a l'inverse provoque chez son père une grande culpabilité car il est persuadé que son énergie créatrice a vampirisé sa fille.
Cependant, aussi intéressant et beau esthétiquement parlant soit-il, il manque quelque chose à ce film pour parvenir à totalement me séduire. L'histoire est quand même assez décousue. Décomposée en petites scénettes, elle manque d'enjeux forts. Et le réalisateur manque de sensibilité dans son approche des personnages. Le spectateur est placé trop loin d'eux ce qui rend ce long-métrage assez sec.
Le sujet était casse-gueule et ce ne sont pas les prix et les critiques dithyrambiques qui allaient me rassurer. Ces mêmes critiques avaient bien encensé il y a quelques années des films français absolument détestables sur des sujets relatifs à l'enfance meurtrie (Polisse, La guerre est déclarée...) Cependant un élément m'a convaincu de tenter l'expérience: la présence de Céline Sciamma au scénario. Céline Sciamma a prouvé avec Tomboy qu'elle pouvait traiter avec justesse de thèmes délicats concernant la construction identitaire de l'individu dans l'enfance. C'est aussi ce qui ressort de Ma vie de courgette qui aborde de front mais sans pathos la maltraitance des enfants et leur protection juridique. La sinistre réalité qu'ils ont connu n'est jamais édulcorée même si elle est évoquée avec des mots d'enfant et à hauteur d'enfant. Des mots simples qui vont droit au but et une technique d'animation en stop motion qui tape dans le mille pour représenter leur monde. Les corps des marionnettes animées portent les stigmates de ce lourd passé (cernes, cicatrices...), les milieux d'où sont issus ces enfants sont très défavorisés voire marginaux ce qui fait d'eux doublement des parias. Mais le film n'est pas sinistre pour autant. Il montre que le meilleur peut sortir du pire et que pour reprendre les mots de Boris Cyrulnik, les tuteurs de résilience existent. Solidarité entre enfants, créativité artistique permanente, adultes bienveillants sont autant de perches salvatrices. Sans parler de l'étonnante capacité des enfants à rebondir et à se créer des bulles de survie même au cœur de la pire des situations. Ainsi le héros, Courgette (alias Icare) qui a transformé son père disparu en super-héros dessiné sur un cerf-volant, qui fait des châteaux avec les canettes de bière que sa mère alcoolique laisse traîner partout ou Camille qui sans se démonter trouve un moyen astucieux de se libérer de sa tante-marâtre avec l'aide de Courgette et de Simon, le (faux) petit dur de la bande.
Un film d'animation hors des sentiers battus du genre et beaucoup plus profond que nombre de films live sur le sujet.
"De la mort surgit la vie; du masculin surgit le féminin; de la terre surgit l'éther" dit Katerina (Géraldine Chaplin), professeur de danse à Benigno (Javier Camara), l'infirmier qui veille jour et nuit sur son ancienne élève plongée dans le coma Alicia (Léonor Watling). Parle avec elle est un grand film de la trans(fusion), l'énergie vitale, le sang, la magie, le miracle s'incarnant tour à tour dans l'amitié, l'amour, la parole, l'art, la foi:
- Transfusion de la chair (terre) à l'esprit (éther): Alicia et Lydia (Rosario Flores) sont mortes pour la science, mortes pour Marco (Dario Grandinetti) qui raisonne en cartésien. Alicia est vivante pour Benigno et Katerina, des mystiques qui croient aux forces de l'esprit, à l'impalpable, à l'invisible, à l'inconnaissable "le cerveau des femmes est un mystère, surtout dans cet état." A la fin Benigno est à son tour devenu éther, il occupe un siège vide entre Marco et Alicia. A moins qu'il soit à jamais en Alicia.
- Transfusion du masculin au féminin: "L'amant qui rétrécit", court-métrage muet en noir et blanc réalisé dans le style expressionniste des films des années 20 montre un homme qui retourne dans "l'origine du monde." Il ne fait plus qu'un avec la femme qu'il aime. Avant de s'occuper d'Alicia, Benigno s'est dévoué corps et âme pour sa mère au point d'effacer toute trace de vie personnelle. D'autre part Lydia est une femme androgyne qui est toréador. Pourtant après avoir hurlé de peur face à un serpent et s'être faite encorner par un taureau (des symboles phalliques évidents), elle termine comme Alicia en belle endormie condamnée à une totale passivité.
- Transfusion de la mort à la vie et du mal vers le bien: le comportement psychotique de Benigno (amoureux fou d'une morte à la manière de Scottie dans Vertigo) et son acte transgressif, jugé comme criminel par la société est aussi un comportement sacrificiel et un acte d'amour et de foi. Pour qu'Alicia revive, Benigno accepte de mourir socialement et finit par mourir physiquement.
Les transfusions sont réversibles. Ainsi les œuvres d'art captent le mouvement de la vie pour le retranscrire en "natures mortes" avant d'irriguer de nouveau le cerveau et le cœur des vivants (pour d'éventuelles œuvres d'art futures). Et des œuvres d'art contenues dans Parle avec elle, il y en a plusieurs. "L'amant qui rétrécit", la tauromachie (vue comme un art chorégraphique), la sublime voix de Caetano Veloso sur la chanson mélancolique "Cucurrucucu Paloma" mais aussi l'extrait de Café Müller, spectacle de Pina Bausch qui ouvre le film. Comment ne pas voir dans ces deux femmes somnambules qui dansent en miroir et manquent trébucher à chaque pas, veillées par un homme qui écarte les obstacles sur leur route une métaphore de l'histoire des deux couples Alicia-Benigno et Lydia-Marco? Deux couples en miroir qui finissent par fusionner. Benigno se fond en Alicia et il trouve son double en Marco comme le montre le passage où les deux hommes joignent leurs mains de part et d'autre d'une vitre. Chacun injecte un peu de sa substance à l'autre. Benigno finit par instiller en Marco sa croyance dans le pouvoir magique de la parole. Marco ramène Benigno sur terre à tous les sens du terme. Les deux femmes sont également le miroir l'une de l'autre en étant plongées dans un coma jugées irréversible. Et leurs destinées se répondent. L'une se dessèche parce qu'elle est privée d'amour, l'autre renaît sous l'effet de la puissance d'un amour hors des lois humaines.
Dès les premières images, la satire politique est en marche. Trois agents du ministère soviétique du commerce, Iranoff, Buljanoff et Kopalski (aux visages évoquant Lénine, Staline et Trotski) se laissent tenter par un séjour dans la suite royale (cherchez l'erreur) d'un grand hôtel parisien. Officiellement il s'agit de profiter du coffre de la suite pour déposer en lieu sûr les bijoux confisqués à l'aristocratie russe et que les trois hommes sont venus vendre. Officieusement, les trois hommes en profitent pour prendre du bon temps. Lubistch joue avec les clichés de la vie parisienne où tout n'est que luxe, calme et volupté. Il faut dire que par contraste la vie en URSS montrée à la fin du film est rabat-joie au possible: pénuries, appartements partagés et surpeuplés, surveillance permanente, censure. Quant à l'idéologie communiste et aux purges staliniennes, elles donnent lieu à des dialogues étincelants signés par le duo Wilder-Brackett comme " Quelles sont les nouvelles de Moscou ? - Bonnes, excellentes : les derniers procès ont été une vraie réussite : il y aura moins de Russes mais ils seront meilleurs!" Ou " Le camarade Cazabine ? Non, je suis désolé, il nous a quitté il y a six mois, il a été rappelé en Russie pour enquête. Vous aurez plus de détails avec sa veuve." Ou encore "Puis-je avoir vos bagages, Madame ? - Pourquoi ? - C'est un porteur, il veut les porter - Pourquoi ? Pourquoi voudriez-vous porter les bagages des autres ? - Mais c'est mon métier, Madame - Ce n'est pas un métier, c'est une injustice sociale - Ça dépend du pourboire." Le capitalisme corrupteur et exploiteur en prend en effet lui aussi pour son grade comme le montrent les dernières images du film.
Evidemment la satire politique n'est que le hors-d'œuvre. Le plat de résistance, c'est la comédie sentimentale avec l'entrée en scène de Garbo. Elle incarne Nina Ivanovna Yakouchova dite Ninotchka, une soviet psychorigide endoctrinée au point de parler comme une machine à slogans qui va se laisser griser par les charmes insoupçonnés du capitalisme. Lequel est incarné par un aristocrate jouisseur et décadent, amant de la comtesse Swana dont les bijoux font partie du lot confisqué pendant la révolution russe. Garbo dont c'est la première comédie et l'avant-dernier film même si ce n'est pas le premier où elle rit(contrairement à ce qu'affirmait une publicité mensongère) peut ainsi jouer du contraste entre son apparence glacée et une vraie fantaisie révélée par la caméra de Lubitsch dont la capacité à mélanger harmonieusement le léger et le grave se vérifie parfaitement ici.
Le roman comique de Charlot et Lolotte a le goût des premières fois. Il est en effet souvent présenté comme la première comédie de long-métrage produite à Hollywood (cela dépend des critères de durée qui délimitent moyen et long métrage, variables d'un pays à l'autre). Ce sera d'ailleurs le seul essai de la Keystone dans ce domaine. Le personnage principal, Tillie (Lolotte en VF) était inspiré de l'opérette de 1910 Tillie's nightmare (de A. Baldwin et Edgar Sloane), gros succès de Broadway qui mettait en vedette Marie Dressler.
Dans le film qui fut également un gros succès populaire, elle est cependant éclipsée par Chaplin qui dans un second rôle est tellement brillant que le public et la critique n'eut d'yeux que pour lui. Presque tous les producteurs de cinéma le sollicitèrent ensuite pour lui faire signer des contrats. Sa performance est d'autant plus remarquable qu'il joue un rôle antipathique d'escroc arrogant, violent et malhonnête. Mais il est néanmoins irrésistible. A côté de lui les autres acteurs font pâle figure. Marie Dressler notamment en fait trop ce qui enlève tout aspect pathétique à son personnage de femme abusée et le tire au contraire vers la grosse farce. D'autre part le film peine à trouver son rythme. De nombreuses scènes piétinent laborieusement et seule la course-poursuite de la fin retrouve l'esprit burlesque des films de la Keystone.
Le film de 6 bobines fut restauré en 2004 car au fil du temps il avait subit de nombreuses coupes, remontages et des effets sonores avaient été rajoutés.
A thief catcher est une comédie de Ford Sterling dans laquelle Chaplin fait une brève apparition en Keystone Cop.
Dans les années 20 et 30, le film apparaissait encore dans les filmographies consacrées à Chaplin. Mais lorsque H.D Waley, directeur technique du FBI fit en 1951 la filmographie de Chaplin qui fait aujourd'hui autorité, le titre disparut, probablement à cause d'une possible confusion avec un autre film perdu de Chaplin, Her friend the Bandit, réédité sous le titre quasi-homonyme The Thief catcher. Par miracle, une copie 16mm incomplète de A thief catcher fut découverte chez un antiquaire par le collectionneur américain Paul E. Gierucki en juin 2010. Elle portait le titre "His regular job" et la copie datait de 1918 mais le collectionneur parvient à l'identifier correctement.
Chaplin a tourné en tout 36 films pour la Keystone. 34 nous sont parvenus en intégralité. Grâce à la découverte de Paul E. Gierucki, A thief catcher a partiellement refait surface (incluant le passage où apparaît Chaplin ce qui est le plus important). On peut le regarder dans les bonus du coffret 4 DVD Lobster de 2010 qui réunit l'intégralité des films Chaplin à la Keystone sauf Her Friend the Bandit qui reste à l'heure actuelle la seule comédie Chaplin de ce studio qui semble à jamais perdue. Mais comme celui-ci en a signé le scénario, on en retrouvera la trame dans d'autres films (Charlot garçon de café, Charlot et le comte, Charlot patine, Charlot et le masque de fer).
Ne surtout pas se fier au titre en VF qui assimile le nudisme aux peaux de bête de la période préhistorique sans doute dans un but racoleur. His Prehistoric Past est la dernière comédie de deux bobines de Chaplin pour la Keystone (tournée avant Charlot et Mabel en promenade mais sorti après). Il est structuré par un procédé de rêve issu des sketchs de Chaplin pour le théâtre de music-hall de Fred Karno et qu'il réutilisera dans d'autres films (Charlot soldat, Une Idylle aux champs, The Kid, Les Temps modernes...) Le thème de la préhistoire s'est imposé car il était à la mode avec de nombreuses découvertes paléontologiques. D.W Griffith tourna en 1912 un drame d'une bobine Man's Genesis qui exploitait cet intérêt du public pour la Préhistoire et qui fut rapidement parodié. Même si le résultat n'est pas transcendant, le film de Chaplin contient des gags savoureux comme celui où il utilise des poils d'ours pour remplir sa pipe et frotte un silex contre sa jambe pour l'allumer. On le voit également disputer avec succès un harem de filles au roi local joué par Mack Swain lequel se transforme en un policier joué par Sydney Chaplin qui l'arrache à son rêve...
Analyse de classiques et de films récents par une passionnée du 7eme art. Mes goûts sont éclectiques, allant de la nouvelle vague française au cinéma japonais (animation incluse) en passant par l'expressionnisme allemand et ses héritiers et le cinéma américain des studios d'Hollywood aux indépendants.