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Divertimento

Publié le par Rosalie210

Marie-Castille Mention-Schaar (2021)

Divertimento

La mort récente de Niels ARESTRUP a fait ressurgir à la télévision son dernier film, "Divertimento". Un biopic qui a le mérite de mettre en lumière la cheffe d'orchestre Zahia Ziaouni (interprétée par Oulaya AMAMRA) dont les années de formation ont été semées d'embûches relatives à son genre, à sa classe sociale et à ses origines. D'ailleurs le film rappelle s'il en était besoin que dans le monde seulement 6% des chefs d'orchestre sont des femmes et encore moins en France (4%). Zahia détonne donc dans le milieu machiste et élitiste de la direction d'orchestre classique, tout comme sa soeur jumelle, Fettouma, brillante violoncelliste (jouée par Lina EL ARABI). L'amour du père (Zinedine SOUALEM) pour la musique classique est mis en avant pour expliquer l'éveil musical précoce de ses deux filles et leur engagement visant à permettre à un plus large public d'accéder à la culture. Ces parcours hors-normes auraient cependant mérité d'être illustrés de façon moins convenue et moins maladroite. Tel quel, le film accumule les poncifs du genre "avec la persévérance, on y arrive" et les maladresses. Après un bizutage en bonne et due forme, l'hostilité des élèves parisiens friqués fond comme neige au soleil lorsque Zahia est repérée par un mentor faisant autorité c'est à dire un chef d'orchestre reconnu et cochant toutes les cases du bon profil. Heureusement que c'est Niels ARESTRUP qui l'interprète mais son personnage a tendance hélas à se réduire à sa fonction, rebattue au cinéma: propulser Zahia Ziaouni vers la réussite. Il en va de même avec la facilité déconcertante avec laquelle Zahia et sa soeur réussissent à créer de la mixité avec leur orchestre mêlant beaux quartiers parisiens et conservatoire de banlieue, y incluant même une jeune fille handicapée. Bref, on est davantage dans le conte de fées que dans la réalité, dans des schémas usés jusqu'à la corde que dans la nouveauté. Le récent "En fanfare" (2023) qui pose également la question du comblement du fossé social par la musique et l'illustre dans sa scène finale par l'interprétation du Boléro de Ravel s'avère autrement plus percutant.

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