Le Grand amour
Pierre Etaix (1968)
Bien que "Le Grand Amour" soit un bon film, je l'ai moins aimé que "Le Soupirant" (1962) et "Yoyo" (1964). Le thème du film y est sans doute pour quelque chose. Pierre ETAIX change en effet de registre en passant de la comédie burlesque quasi muette en noir et blanc à la comédie dramatique dialoguée et en couleur sur les conventions bourgeoises, le délitement du couple et le démon de midi façon "7 ans de reflexion" (1955). Cela ne m'a jamais passionnée. De plus, la bande-son est moins riche qu'à l'ordinaire, le parlant devenant envahissant. Néanmoins les moeurs étriquées de la petite bourgeoise provinciale sont finement observées, la poésie surréaliste du cinéaste (et de son scénariste, Jean-Claude CARRIERE) fait merveille dans une narration non linéaire, brouillant les frontières entre le rêve et le réel, entre le passé et le présent, entre les images et le récit. On oscille entre un ton gentiment satirique et une certaine mélancolie. Car si le film est drôle, c'est la désillusion qui l'emporte. Les grands élans romantiques et romanesques de Pierre, symbolisés par la superbe scène du lit voyageur se heurtent à une réalité prosaïque qui repose sur une impossible intimité. Ce que symbolisent notamment les lits jumeaux mais bien séparés du couple bourgeois dont chaque membre joue la comédie à l'autre. Une comédie jouée d'avance d'ailleurs, chaque pièce du jeu étant présentée comme interchangeable.
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