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Mr. & Mrs. Bridge

Publié le par Rosalie210

James Ivory (1991)

Mr. & Mrs. Bridge

Sous sa forme classique, un film tout en cruauté feutrée comme les aime James IVORY. Sa finesse d'observation et sa manière délicate d'exprimer les non-dits de personnages aliénés font une fois de plus mouche. Car le film dépeint un couple fossilisé dans un monde en mutation. D'une certaine manière, les Bridge sont des dinosaures comme l'était Stevens le majordome dans "Les Vestiges du jour" (1993). Les deux histoires se déroulent d'ailleurs à la même époque (années 30-années 40). Ils sont donc condamnés à disparaître. Walter (Paul NEWMAN) qui est avocat (mais on le verra très peu à son travail) est l'archétype du conservateur américain. Un vieux réac rigide qui n'a jamais dû sourire une seule fois dans sa vie d'adulte mais qui est plein de certitudes sur tout. Sa femme India (Joanne WOODWARD) est quant à elle l'archétype de l'épouse au foyer puritaine et soumise. Son mal-être ne peut donc s'exprimer qu'indirectement et inconsciemment, à travers celui, plus déclaré de l'une de ses amies ou bien à travers des actes manqués dont James IVORY est friand: un gâteau préparé pour son mari qui qui s'avère raté à l'image de leur mariage sans joie ou encore la scène finale dans laquelle elle se retrouve emprisonnée dans sa voiture ensevelie peu à peu sous la neige. Leurs trois enfants rejettent ce modèle mortifère mais ne savent pas très bien par quoi le remplacer. Ces enfants sont d'ailleurs le maillon faible du film, ils sont peu creusés et antipathiques, dénigrant leur mère mais jamais leur père. Quelque chose de pas net semble relier ce père et la fille aînée qui souhaite devenir actrice, voyager et être libre. Il suffit d'écouter les paroles du fiancé de la deuxième fille pour comprendre qu'elle ratera son mariage. Quant au fils, il ignore sa mère sans que l'on comprenne pourquoi. Ces relations parents-enfants survolées donnent au film un aspect inachevé, dommage.

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