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Le Soupirant

Publié le par Rosalie210

Pierre Etaix (1962)

Le Soupirant

"Le Soupirant" est le premier long-métrage de Pierre ETAIX et l'un des plus beaux, avec "Yoyo" (1964). La quintessence du burlesque s'incarne dans le personnage du Pierrot lunaire inventé par Pierre ETAIX. Lunaire au sens propre d'ailleurs puisque sa chambre est recouverte, submergée même par la documentation qui se rapporte aux voyages stellaires. Au-delà du genre burlesque, la lune symbolise les rêveurs inadaptés au monde réel dans nombre de films, des personnages de Leos CARAX à Doc Brown dans "Retour vers le futur III" (1990) en passant par Baptiste dans "Les Enfants du paradis" (1945) disant "c'est mon pays la lune!" Dans "Le Soupirant", Pierre est tellement "dans la lune" qu'il n'entend pas un mot de ce que ses parents tentent de lui dire. L'incommunicabilité au sein de cette famille bourgeoise est d'ailleurs une source de gags désopilants, des bouchons d'oreille insonorisant de Pierre (j'aimerais bien avoir les mêmes!) à la jeune fille au pair qui ne parle pas un mot de français en passant par le subterfuge par lequel le père boit de l'alcool sous le nez de sa femme sans qu'elle ne s'en aperçoive (Pierre ETAIX n'était pas magicien pour rien!) Aussi quand Pierre se lance dans l'entreprise consistant à se trouver une femme, il ne sait évidemment pas s'y prendre et toutes ses tentatives sont un désastre, pour le plus grand plaisir du spectateur car chaque échec est évidemment une source de gags dont l'un des plus réussis repose également sur un tour de passe-passe avec un cigare et un rouge à lèvres. Mais comme Pierre agit non par conviction mais pour faire plaisir à ses parents, il retombe "dans la lune" mais cette fois, elle prend le visage d'une chanteuse inaccessible prénommée "Stella" dont il recouvre sa chambre: une obsession en a remplacé une autre. Pierre parviendra-t-il un jour plutôt que de vouloir décrocher la lune à redescendre sur terre? C'est tout l'enjeu de ce petit bijou de poésie burlesque.

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