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L'Effrontée

Publié le par Rosalie210

Claude Miller (1985)

L'Effrontée

"L'Effrontée" est l'un des films importants de ma propre adolescence et que je n'avais jamais revu à l'âge adulte. Entretemps j'ai découvert les autres films de Claude MILLER et notamment celui qui est devenu mon préféré, "La Meilleure façon de marcher" (1976). Néanmoins, "L'Effrontée" tient encore aujourd'hui remarquablement la route, notamment grâce à la prestation à fleur de peau de la toute jeune (alors) Charlotte GAINSBOURG. Je n'ai pas vu souvent au cinéma une adolescente mal dans sa peau aussi criante de vérité, que ce soit dans ses postures corporelles pleine de gaucherie ou dans ses comportements oscillant entre inhibition et rébellion. Depuis que les témoignages de femmes ont afflué (Vanessa Springora, Flavie Flament, Jennifer Fox, Judith Godrèche etc.) on a réalisé combien les filles de 13 et 14 ans, âge particulièrement délicat sont des proies faciles pour les prédateurs et le film de Claude MILLER n'élude pas la question. Le personnage de Charlotte est écrit avec beaucoup de finesse, que ce soit les difficultés relationnelles avec son entourage (son père, son frère, sa nounou, la petite Lulu), son sentiment de vide existentiel (symbolisé par la scène de la piscine) ou sa quête d'identité qui lui fait rejeter son milieu modeste au profit de celui de Clara Bauman, la petite pianiste prodige au mode de vie clinquant qui la fait rêver. Quête illusoire qui la fait prendre des risques inconsidérés puisque c'est pour approcher Clara qu'elle se met à fréquenter Jean (Jean-Philippe ECOFFEY), un ouvrier plus âgé qu'elle et dont le comportement ne laisse guère de doutes sur ce qu'il recherche. L'inexpérimentée Charlotte n'est pas insensible à son intérêt pour elle mais elle ne voit évidemment pas venir le danger, contrairement au spectateur adulte. Le personnage n'est pas sans rappeler celui de Patrick BOUCHITEY dans "La Meilleure facon de marcher" (1976): quête identitaire (et sexuelle), manque de confiance en soi, attraction pour un double envié en apparence plus sûr de lui et jusqu'au costume de scène enfilé par l'un et par l'autre, une robe rouge. Outre Charlotte, deux autres personnages sont assez inoubliables: la collante mais adorable Lulu (est-ce une coïncidence si elle porte un surnom aussi important pour la famille Gainsbourg?) et Leone qui m'a fait découvrir Bernadette LAFONT. Pour moi elle est à jamais associée à ce rôle et à ce film.

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