Jodie Foster, Hollywood dans la peau
Camille Juza (2021)
Un portrait très intéressant de Jodie FOSTER mais pouvait-il en être autrement avec une personnalité aussi riche? On associe Jodie FOSTER à l'intelligence, à la précocité, à sa maîtrise parfaite du français qui l'a même fait passer
pour franco-américaine ou new-yorkaise. Pourtant, c'est plus compliqué et Jodie FOSTER est une énigme, à la fois un pur produit hollywoodien et en même temps complètement à part. Le documentaire apporte quelques éléments de réponse à cette énigme. La mère de Jodie FOSTER apparaît déjà comme quelqu'un de paradoxal. D'un côté, elle a été une "stage mother" c'est à dire l'agent de la carrière de ses propres enfants si bien que Jodie FOSTER a été une enfant-star, jouant dès l'âge de 3 ans dans les publicités ou pour des programmes familiaux "american way of life" à la télévision. De l'autre, elle lui a fait connaître les films européens de la nouvelle vague dont elle était fan, a milité pour les droits des minorités, s'est installée en couple avec une femme (surnommée "tante Jo" d'où est né le surnom de l'actrice) après s'être séparée du père de ses enfants et a mis Jodie FOSTER au lycée français de Los Angeles. C'est de cette éducation multiculturelle qu'est issue la capacité de Jodie FOSTER à se réinventer et ce dès l'adolescence où par chance elle croise la route du nouvel Hollywood en la personne de Martin SCORSESE qui lui donne un rôle dans "Alice n'est plus ici" (1974) avant celui d'Iris dans "Taxi Driver" (1976) qui casse son image et la propulse sur la scène internationale: la petite américaine jouant dans le Doris Day Show devient l'égérie du festival de Cannes. Par la suite, l'actrice multiplie les cordes à son arc, devenant réalisatrice, productrice, s'inscrivant à l'université de Yale dont elle sort diplômée, tournant dans des films américains mais aussi français (sous la direction de Claude CHABROL notamment un pilier de la nouvelle vague, est-ce étonnant?) Au sein même des films américains, sa filmographie oscille entre des rôles insignifiants de femmes traditionnelles et d'autres au contraire extrêmement signifiants de femmes pionnières ou vengeresses qui lui valent ses deux Oscar. J'aime beaucoup en particulier dans le documentaire l'analyse de "Le Silence des agneaux" (1989), le soutien que lui apporte Hannibal Lecter contre les autres hommes montrés comme les vrais prédateurs (c'est toujours comme cela que j'ai perçu le film). Enfin, le documentaire évoque le fardeau de sa notoriété publique, de l'affaire John Hinckley aux pressions des mouvements LGBT lui reprochant sa discrétion quant à sa vie privée vue comme un moyen de ne pas se mouiller, un choix pleinement assumé et qu'elle a défendu en dénonçant le devoir de transparence.
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