Personne ne m'aime
Marion Vernoux (1993)
Le premier long-métrage de Marion VERNOUX est, trois après après "Thelma et Louise" (1991) la déclinaison française du road-movie au féminin qui a ensuite essaimé dans le cinéma français (exemple: "Elle s'en va") (2012). Quatre femmes assez dissemblables et tentées par les dissensions partagent le temps d'un voyage en camping-car vers la mer l'objectif commun de se libérer de la dépendance aux hommes. Que ce soit pour affirmer un désir propre, prendre une revanche ou fuir une situation aliénante, ces femmes sont démangés par le besoin de liberté que l'on sent parfois venir nous ébouriffer les cheveux. Et elles puisent leur force dans la sororité du groupe ce que les hommes savent faire en faisant corps là où les femmes s'isolent dans de stupides rivalités. Comme un contrepoint à leur odyssée, Marion VERNOUX filme également la fille de l'une d'entre elles, Marie (jouée par LIO) qui essuie échec sur échec en ne se définissant que par rapport aux hommes, lesquels en prennent pour leur grade (de façon trop caricaturale à mon avis). Le quatuor du camping-car est dominé de la tête et des épaules par le duo formé par Bernadette LAFONT et Bulle OGIER qui jouent des soeurs que tout oppose: l'une est alcoolique et mène une vie désordonnée, l'autre est une bourgeoise guindée qui n'imagine même pas que son mari puisse la tromper. Toutes deux sont surtout des monstres sacrés de la nouvelle vague et lorsque Annie évoque la perte de sa fille de fiction, on ne peut s'empêcher de penser aux filles bien réelles que toutes deux ont perdu, Pauline LAFONT et Pascale OGIER. Grâce à leur abattage, à la musique de ARNO et à quelques moments inspirés, on ferme les yeux sur l'aspect quelque peu confus de la mise en scène.
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