Wim Wenders, Desperado
Eric Friedler, Andreas "Campino" Frege (2020)
Le documentaire "Wim Wenders, Desperado" réalisé à l'occasion de son 75eme anniversaire est à la hauteur du cinéaste: éclairant, brillant et passionnant. On frise vraiment la perfection. On le voit jouer dans les scènes les plus emblématiques de ses films reconstituées à l'identique à la place de Harry Dean STANTON et de Bruno GANZ ou simplement se promener dans leurs décors quand un savant montage ne met pas le Wim WENDERS d'aujourd'hui avec un journal faisant allusion au décès de l'ange Damiel face au Benjamin Zimmermann de "L'Ami américain" (1977). Cet aspect ludique et nostalgique qui fait penser à la recréation de "Shining" (1980) dans "Ready Player One" (2018) vient aérer une analyse de fond qui nous apprend beaucoup sur la manière de travailler du cinéaste. Wim WENDERS fonctionne à l'intuition et créé son film au fur et à mesure de son tournage ce qui en dépit de sa fascination pour le cinéma hollywoodien le rend incompatible avec lui. Un constat fait par lui et Francis Ford COPPOLA au travers de "Hammett" (1982) et de "L'État des choses" (1982), le deuxième faisant presque figure de "making of" du premier. C'est également ce besoin de liberté dans la création, sans canevas préalablement établi qui explique le choix de Wim WENDERS de se tourner vers le documentaire au détriment de la fiction à partir surtout des années 2000*. Autre aspect bien mis en valeur par le film, la polyvalence artistique de Wim WENDERS qui a choisi le cinéma comme synthèse de tous les autres arts. Et c'est bien ainsi qu'apparaissent ses meilleurs films: des oeuvres d'art totales. Les nombreux témoignages d'archives ou contemporains du film font ressortir l'aspect cosmopolite de ses collaborateurs et amis, qu'ils soient allemand comme Rüdiger VOGLER et Werner HERZOG, suisse comme Bruno GANZ, néerlandais comme Robby MÜLLER, belge comme Patrick BAUCHAU, américain comme Harry Dean STANTON ou français comme Agnès GODARD et Claire DENIS. Un film qui ouvre en grand l'appétit de voir et de créer des films.
* Une démarche assez semblable à un autre de mes cinéastes préférés, John CASSAVETES ce qui explique la présence de Peter FALK dans "Les Ailes du désir" (1987) et sa suite.
Commenter cet article