Victoria
Justine Triet (2016)
Après avoir vu et cordialement détesté le premier film de Justine TRIET, "La Bataille de Solférino" (2013) je m'étais dit que je ne remettrais plus les pieds dans son cinéma. Mais c'était il y a 10 ans et la récente Palme d'Or qu'elle a reçu m'a donné envie de voir son évolution. "Victoria" est encore bien trop hystérique pour moi (c'était ce que je reprochais à "La Bataille de Solférino") (2013) avec un personnage très proche de celui joué par Laetitia DOSCH. A savoir une jeune mère au bord de la crise de nerf à force d'être tiraillée entre un métier exigeant et des tâches domestiques trop lourdes à porter que les hommes et en particulier un ex toxique refusent de partager tout en essayant de saboter la vie professionnelle de leur ancienne compagne. S'y ajoute l'injonction inconsciente mais intégrée par Victoria (Virginie EFIRA) à avoir une sexualité épanouie qui se transforme en suite de rendez-vous stéréotypés et sordides par petites annonces dignes de "Jeanne Dielman 23, Quai du Commerce 1080, Bruxelles" (1975), l'aspect tarifé en moins. On peut y ajouter une autre injonction, celle consistant à aller bien et à avoir le contrôle de sa vie qui ne fait que faire courir davantage Victoria de son cabinet de psy à sa diseuse de bonne aventure sans qu'elle n'y voit plus clair pour autant dans sa vie. Conséquence, elle vit dans un tourbillon permanent comme le montrait déjà le générique de "La Bataille de Solférino" (2013) qui l'enfonce toujours davantage dans son aliénation.
La différence avec "La Bataille de Solférino" (2013) qui en restait au niveau des tripes avec une suite de scènes chaotiques remplies de disputes incessantes (et indigestes) jusqu'à l'épuisement c'est qu'il y a un début d'introspection dans "Victoria". Grâce principalement au personnage de marginal joué par Vincent LACOSTE qui parvient à instaurer un échange avec celui de Virginie EFIRA. Le spectateur voit tout de suite la différence alors que pour elle, il n'est qu'un élément du décor parmi d'autres et qu'elle n'a pas "deux secondes de calme intérieur" pour y réfléchir. Du moins jusqu'au dérapage de trop qui lui offre l'espace mental dont elle a besoin. La fin de "Victoria" se détache alors du reste du film, prend de la hauteur et offre à Virginie EFIRA l'occasion de libérer une palette d'émotions apaisantes et apaisées qui font du bien. Je l'ai tellement aimée que je l'ai regardée deux fois.
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