Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

War Pony

Publié le par Rosalie210

Gina Gammel, Riley Keough (2023)

War Pony

Le principal intérêt de "War Pony" réside dans son aspect documentaire, mettant en lumière le triste sort des descendants d'amérindiens vivant dans des réserves, sorte de camps de concentration ruraux aux conditions de vie encore pires que celles des ghettos afro-américains urbains. Le film nous propose une immersion dans l'univers de la réserve la plus pauvre de toutes, Pine Ridge, dans le Dakota du sud. La raison de ce choix réside dans le fait que les deux réalisatrices du film, Riley KEOUGH (fille de Lisa-Marie PRESLEYet petite-fille de Elvis PRESLEY) et Gina GAMMELL se sont appuyés sur les témoignages de deux natifs de Pine Ridge rencontrés sur le tournage de "American Honey" (2015) et qui sont devenus les co-scénaristes du film. Nul doute que les deux personnages principaux du film, Bill et Matho sont leurs avatars. A travers leur parcours pour tenter de s'en sortir ou tout simplement, survivre, le film fait un portrait assez désespérant de la communauté. Bill, 23 ans, deux enfants de deux mères différentes est au chômage comme 90% de la population de la réserve et le film raconte ses tentatives pour monter un "business" légal et ainsi s'intégrer au rêve américain. Sauf que les règles du jeu sont dictées par les propriétaires blancs et donc que les dés sont pipés dès le départ. Matho qui est âgé de 12 ans semble lui être un avatar des enfants livrés à eux-mêmes de "Nobody Knows" (2003). A travers lui sont évoqués le délitement des liens familiaux (un père trafiquant, violent et abandonnant destiné à disparaître très tôt de sa vie), la violence endémique, l'alcoolisme qui touche 85% de la population, la drogue (méthamphétamine, une drogue de synthèse à faible coût) et l'absence totale d'une quelconque prise en charge de la société américaine vis à vis des orphelins de cette communauté (l'école le chasse au premier écart, tout comme le seul "orphelinat" qui est tenu par une "locale" qui trafique elle-même). Face à cet horizon bouché, le film offre bien peu de perspectives, tout au plus quelques réminiscences de leur culture d'origine qui ne se manifeste plus que par bribes tant les jeunes sont acculturés et un final qui déconstruit l'un des mythes fondateur de l'Amérique, celui de Thanksgiving. Il aurait été intéressant de creuser davantage cet onirisme et les personnages plutôt que de les montrer seulement comme des réceptacles des maux de leur communauté n'ayant pas de lien entre eux. On peut également déplorer quelques longueurs et maladresses d'écriture qui affaiblissent le propos.

Commenter cet article