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La Lectrice

Publié le par Rosalie210

Michel Deville (1988)

La Lectrice

Après avoir vu "La Lectrice" je me dis que définitivement le cinéma de Michel DEVILLE est davantage fait pour être écouté que pour être regardé. D'ailleurs, un extrait du film était proposé dans l'exposition "Musique et cinéma" à la Cité de la musique il y a une dizaine d'années. les trajets de Constance/Marie ( MIOU-MIOU) dans les rues d'Arles se font en effet sur la musique de la sonate "Le Printemps" de Beethoven dans un esprit plutôt léger, badin alors que par contraste, Arles apparaît comme une ville morte et sans soleil. Une "mise en bouche" qui précède le plaisir de l'écoute des extraits de texte que Constance lit au domicile de ses "clients" à une époque où le livre audio ne s'était pas encore popularisé grâce au CD et au mp3. Plaisir redoublé par des dialogues eux aussi littéraires avec rimes, jeux de mots, répétitions etc. sans doute repris du roman d'origine de Raymond Jean dont le film est l'adaptation. Néanmoins, la différence avec le livre audio c'est que le verbe s'y fait chair. Et c'est là que le bât blesse. Parce qu'en terme de ligne conductrice (ça rime avec lectrice) le film est quand même un peu bancal. Il est censé nous faire partager les fantasmes de Constance qui dans une mise en abîme lit le roman de Raymond Jean et s'imagine dans la peau de Marie dont l'emploi de lectrice se teinte d'érotisme presque à chaque rencontre. Presque car les scènes avec la petite Coralie ne se rattachent pas vraiment au reste et il en va de même avec la vieille générale (jouée par une Maria CASARÈS dont je n'avais vu aucune prestation depuis le début des années 60) en dépit des problèmes très clairement sexuels de sa soubrette jouée par une toute jeune Marianne DENICOURT. Et si les sous-entendus érotiques sont dans les lectures, ils sont bien cachés. En revanche, ils ne le sont pas lorsqu'elle "livre" des bouts de son anatomie au regard de Eric (Régis ROYER) en lui parlant de "toison d'or" et de "source fraîche" ou se livre tout entière au PDG joué par Patrick CHESNAIS sur "L'Amant" de Marguerite Duras. Ou encore lorsqu'elle se refuse avec malice aux vieux et moins vieux notables libidineux qui veulent la soumettre à "Les 120 journées de Sodome" du Marquis de Sade. MIOU-MIOU est charmante dans ce rôle, l'un de ses plus célèbres mais comme je le disais plus haut sous prétexte de rêverie, le scénario se disperse et le visuel manque terriblement d'éclat que ce soit la photographie ou les décors. Plus grave encore, les interactions entre les personnages restent quelque peu abstraites ce qui limite considérablement la portée de l'érotisme que le film est censé véhiculer.

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