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Je ne voudrais pas être un homme (Ich möchte kein Mann sein)

Publié le par Rosalie210

Ernst Lubitsch (1918)

Je ne voudrais pas être un homme (Ich möchte kein Mann sein)

"Je ne voudrais pas être un homme" est une comédie muette réalisée par Ernst LUBITSCH à la fin de la guerre. Beaucoup de ses premiers films réalisés en Allemagne ont été perdus. Et ceux qui ont été retrouvés sont globalement sous-estimés en raison de leur nature de divertissements aux effets faciles destinés à remonter le moral des allemands. Pourtant, je ne vois aucune rupture entre ce film et les comédies sophistiquées qu'il réalisera aux USA à partir des années 20. Bien au contraire, ce qui m'a frappé, ce sont les liens étroits avec la partie la plus connue de sa filmographie et celle de celui qui se considérait comme son héritier, Billy WILDER. L'héroïne, jouée par Ossi OSWALDA par son jeu truculent fait penser à Mary PICKFORD que Ernst LUBITSCH a dirigé à son arrivée aux USA. Sa quête d'émancipation et de rapports hommes-femmes égalitaires où circulerait librement le désir fait penser à "Sérénade à trois" (1933) d'autant qu'elle partage avec Miriam HOPKINS une extraordinaire vitalité et une spontanéité rafraîchissante. Enfin, le thème du travestissement recoupe d'autres films de Lubitsch sur le jeu des apparences ("To Be or Not to Be" (1942) par exemple) et contient une charge érotique que Billy WILDER a su utiliser dans plusieurs de ses films. Dans "Certains l'aiment chaud" (1959) évidemment mais aussi dans "Uniformes et jupon court" (1942) le travestissement permet de partager la même couchette alors que dans "La Garçonnière" (1960), Baxter se glisse dans un lit encore chaud des ébats de ses employeurs. Dans "Je ne voudrais pas être un homme", le tuteur de Ossi, un homme en apparence autoritaire, froid et rigide qui a été engagé pour la dresser se lâche complètement lors d'une soirée bien arrosée, se met à flirter avec Ossi travestie en homme qu'il ne reconnaît pas avant qu'un quiproquo ne fasse que chacun se retrouve dans le lit de l'autre. On pense évidemment à "Victor Victoria" (1982) qui reposait sur un quiproquo semblable d'autant qu'Ossi, même revêtue d'habits féminins boit, fume et joue au poker mais on est étonné par une telle liberté de ton dans un film de cette époque qui sous couvert de travestissement aborde frontalement l'homosexualité (les baisers d'Ossi et de son tuteur préfigure celui de Joséphine et Sugar dans "Certains l'aiment chaud") (1959) .

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