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Faire Face (Never Fear)

Publié le par Rosalie210

Ida Lupino (1949)

Faire Face (Never Fear)

Deuxième film de Ida LUPINO (le premier qu'elle a entièrement réalisé), "Faire Face" se situe dans la continuité du premier "Avant de t'aimer" (1949) abordant avec un réalisme semi-documentaire un sujet délicat escamoté dans le cinéma hollywoodien "mainstream". C'est avec plaisir qu'on retrouve le touchant duo formé par Sally FORREST et Keefe Brasselle qui interprètent ici un couple de danseurs sur le point de se fiancer mais qui est brutalement frappé par l'épreuve de la maladie. Dans sa jeunesse, Ida LUPINO a contracté la poliomyélite dont le vaccin n'avait pas encore été découvert et la rééducation de son héroïne a lieu dans le centre où elle-même a été soignée. Ce qui explique sans doute que tant d'éclopés traversent ses films. Mais le récit, malgré son potentiel mélodramatique (comme celui de "Avant de t'aimer") (1949) est surtout âpre et critique. Critique encore une fois envers la société américaine et son culte de la réussite qui exclut de fait tous ceux "qui n'y arrivent pas", tous ceux qui pour une raison ou pour une autre dérogent au modèle dominant. Et âpre dans sa manière d'aborder la crise d'identité que traverse Carol dont la maladie ébranle l'édifice de sa personnalité et la fait douter de son avenir avec Guy. Dans une scène éloquente, on la voit sauvagement défigurer le visage féminin d'un couple de glaise et dans plusieurs autres, rejeter son compagnon avec virulence. Si Carol souffre du dégoût de soi lié à son handicap, Guy endosse le rôle du personnage désemparé cher à la réalisatrice. Chacun d'eux est attiré par des forces centrifuges sans parvenir pour autant parvenir à renoncer à l'être aimé. Dans une scène étonnante, on voit les pensionnaires du centre de rééducation danser en fauteuil, Carol y nouant (au sens propre et figuré) une relation privilégiée avec Len (Hugh O'Brian). De son côté, après une brève expérience ratée dans une agence immobilière qui vend des "maisons heureuses" (coup de griffe évident à "l'american way of life" d'autant que le patron cherche à expulser un propriétaire qui n'a pas remboursé son crédit depuis huit mois), Guy se rapproche de son ex-collègue, Phyllis (Eve MILLER). Len et Phyllis ne sont pas négligés par Ida LUPINO, chacun d'eux est représenté avec beaucoup de dignité, exprimant leurs aspirations et leur refus d'être un choix par défaut. Guy doit donc accepter de découpler sa partenaire de travail de celle avec laquelle il veut partager sa vie et Carol, reconnaître que sa valeur ne se résume pas à ce qu'elle peut produire.

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