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Au Poste !

Publié le par Rosalie210

Quentin Dupieux (2018)

Au Poste !

Plus j'avance dans la découverte du cinéma de Quentin DUPIEUX et plus sa cohérence me frappe. Et ce d'autant plus que je vois ses films dans le désordre. "Fumer fait tousser" (2021) et "Au Poste !" qui se succèdent dans mon visionnage ont ainsi beaucoup en commun. A commencer par l'aspect rétro-futuriste. Les deux films lorgnent du côté des années 80 avec pour "Au Poste !" des références évidentes aux polars de l'époque et en particulier à "Garde à vue" (1981) renommé "Garde à l'oeil". Un organe pris au sens propre qui aurait presque tendance à s'autonomiser du reste du corps comme la bouche (un clin d'oeil à Salvador DALÍ?) de "Fumer fait tousser", sans parler de la fumée de tabac qui s'échappe d'orifices qui eux par contre ne sont pas naturels. Et si j'ai pensé dans ce dernier cas au nonsense des Monty Python, le parallèle avec les derniers films de Luis BUÑUEL m'a sauté aux yeux dans "Au Poste !" ^^. Que ce soit des citations littérales comme le lever de rideau de "Le Charme discret de la bourgeoisie" (1972), mise en abime dont on trouve l'équivalent cinématographique dans "Le Daim" (2019), des souvenirs retravaillés par l'onirisme dans lesquels les repères temporels se brouillent ou les jeux sur le langage (là encore comme dans "Le Daim" (2019), autre perle surréaliste du réalisateur). Mais le point commun le plus important entre tous ces films, c'est leur abîme de désespérance. C'est sans doute une des raisons pour laquelle j'y suis si sensible. L'humour, c'est "la politesse du désespoir" que l'on retrouve aussi bien dans l'arrière-plan grisâtre de la vie de Georges que dans l'ambiance pré (ou post, puisque les repères temporels y sont également brouillés) apocalyptique de "Fumer fait tousser" ou dans le quotidien blafard de Fugain (Grégoire LUDIG) qui se retrouve dans une situation aussi absurde et sans issue que celle de monsieur K. dans "Le Procès" (1962). Est-il simplement coupable d'exister? En tout cas il fait la paire avec le commissaire Buron (Benoît POELVOORDE) dont la vie est tout aussi vide et par conséquent dont l'identité se résume à un rôle (comme celle de Georges tient à son costume). "C'est pour ça" qu'ils étaient fait pour s'entendre.

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