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Moonage Daydream

Publié le par Rosalie210

Brett Morgen (2022)

Moonage Daydream

Sacré expérience sensorielle que cette "Rêverie lunaire" qui m'a fait penser (et pas qu'un peu) au psychédélisme du voyage vers Jupiter vécu par Bowman dans "2001 : l odyssée de l espace" (1968). C'est logique car le premier tube de David BOWIE lui a été inspiré par le film de Stanley KUBRICK. De fait, "Moonage Daydream" commence très fort avec au terme d'une folle traversée de l'espace-temps (défilement d'images et de sons en accéléré) la chute d'un OVNI sur terre alias (plutôt qu'alien ^^) "Ziggy Stardust and the spiders from Mars" l'album de la consécration. A partir de là, on entre en immersion complète dans ce qui s'apparente à une reconstitution de l'univers mental de l'artiste (d'ailleurs la seule voix que l'on entendra dans le film est la sienne) avec une qualité de son et d'image assez impressionnante. Une reconstitution qui comme je le disais abolit les limites de l'espace et du temps même si le réalisateur trouve un bon compromis entre le chaos qui précède la création et un minimum de chronologie qui permet de ne pas complètement s'y perdre (même s'il vaut mieux connaître le parcours et l'oeuvre de David BOWIE pour pleinement apprécier ce travail kaléidoscopique rempli d'ellipses). Quoique se perdre dans ce dédale visuel et sonore a aussi son charme, personnellement ce que j'ai préféré, ce sont les rimes visuelles et sonores que j'ai trouvé d'une puissance poétique sans pareille en plus d'être riches de sens. J'en citerai trois: l'espace, le sol lunaire, la rotation des planètes, les images de SF tirées de BD ou de vieux films de série B formant une boucle qui correspond à l'oeuvre de l'artiste dont la légende commence avec "Space Oddity" et se termine avec "Blackstar" autour de la figure du major Tom; les nombreuses images liées de près ou de loin à l'expressionnisme allemand qui se rapportent autant à la période berlinoise de Bowie qu'à la thématique obsessionnelle du monstre ("Scary Monsters" pourrait d'ailleurs être Berlin, hanté par les fantômes du passé, couturé par la guerre, balafré par le mur); enfin la déambulation "zen" d'un Bowie peroxydé dans les années 80 en pleine retraite spirituelle dans un pays asiatique qui pourrait être la Thaïlande notamment le long d'escalators qui semblent former eux aussi une boucle mais en forme de 8, d'infini. Tout cela montre en définitive que Bowie était un marcheur, un explorateur, un défricheur de territoires mais qui finissait toujours par revenir sur ses pas ("ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre"). Evidemment, pour l'apprécier il faut adhérer au projet et en comprendre les limites. En insistant sur son isolement, son déracinement, sa recherche d'identité, son monde intérieur, bref en choisissant une vision quelque peu autiste de l'artiste, le réalisateur occulte presque totalement le monde extérieur et surtout les nombreuses collaborations sans lesquelles Bowie n'aurait pas atteint de tels sommets ni pu se renouveler autant.

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