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L'Angoisse du gardien de but au moment du penalty (Die Angst des Tormannes beim Elfmeter)

Publié le par Rosalie210

Wim Wenders (1971)

L'Angoisse du gardien de but au moment du penalty (Die Angst des Tormannes beim Elfmeter)

"L'Angoisse du gardien de but au moment du penalty" est le deuxième film pour le grand écran de Wim WENDERS mais il est considéré comme son premier long-métrage véritablement professionnel (le premier "Summer in the city" était son film de fin d'études). Bloqué près de trente ans en raison de problèmes de droits (Wim WENDERS avait utilisé des extraits musicaux sans en demander l'autorisation au préalable), il constitue aujourd'hui une curiosité, intéressante surtout pour les fans de Wim WENDERS. Le style y est déjà très maîtrisé, on sent que chaque plan a été soigneusement composé (normal pour un cinéaste qui est aussi photographe) et il annonce toute la filmographie à venir. Déjà parce qu'il s'agit de l'adaptation du roman éponyme de Peter HANDKE qui avait déjà collaboré avec Wim Wenders pour la télévision allemande et qui plus tard signera le scénario de "Faux mouvement" (1975) et surtout la "partition écrite" inoubliable de Les Ailes du désir" (1987). Ensuite parce qu'il s'agit de l'histoire d'une errance comme on en verra beaucoup d'autres chez Wenders, sans but, ni début, ni fin comme si le personnage était enfermé dans une prison à ciel ouvert (le film commence et se termine de la même façon, ramenant le personnage à son point de départ). La répétition est le motif dominant du film. Comme dans "Faux mouvement", le personnage semble faire du sur-place, revenant toujours dans le même type de lieux (hôtel, bus, cinémas, bars avec juke-box, stades de foot). Néanmoins, il y a une différence à mes yeux fondamentale entre ce film et ceux qui suivront, c'est son absence complète d'humanité. Joseph Bloch (Arthur BRAUSS) est un personnage dénué de tout affect qui agit plus comme un robot que comme un être humain. On le voit ainsi tuer sans raison apparente et laisser des indices compromettants (d'origine américaine d'ailleurs, est-ce le retour au pays natal qui provoque cet état de glaciation affective?) sans que cela ne semble provoquer en lui la moindre crainte de se faire attraper (peut-être même le souhaite-t-il, cela arrêterait son errance sans fin). Ce type de personnage désincarné, on le retrouve dans les plus beaux films de Wim Wenders, sauf que dans ceux-là, une ou plusieurs rencontres (avec un enfant, avec un ami, avec une femme) se produisaient qui les ramenaient ou les faisaient entrer dans la vie, leur faisaient découvrir ou redécouvrir le monde des émotions, des sentiments. Rien de tel ici et le nihilisme qui imprègne le film finit par rendre celui-ci rebutant.

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