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Entr'acte

Publié le par Rosalie210

René Clair (1924)

Entr'acte

"Entr'acte" est le deuxième film réalisé par René CLAIR mais le premier à avoir été diffusé dans le cadre du ballet "Relâche" écrit et décoré par Francis PICABIA sur une musique composée par Erik Satie pour la compagnie des Ballets suédois dirigée par Rolf de Maré et dont le chorégraphe était Jean Börlin. La première eut lieu en décembre 1924 au Théâtre des Champs-Elysées et le film de René Clair en faisait l'ouverture ainsi que comme son titre l'indique, l'entracte entre les deux actes du ballet.

Le film est à l'image du ballet, une "folie burlesque habitée par l'esprit dadaïste". Ballet est d'ailleurs un mot impropre tant l'état d'esprit de celui-ci était plus proche du happening potache (d'où le terme "instantanéisme" pour qualifier le courant auquel il appartenait à une époque où le monde du spectacle n'était pas aussi anglicisé). La compagnie avait d'ailleurs représenté en 1921 la pièce de Jean COCTEAU, "Les Mariés de la tour Eiffel" écrite pour eux. Quand on connaît la fascination que René Clair avait pour ce monument, on peut dire qu'il était prédestiné à travailler pour les Ballets suédois.

Entr'acte est un film indispensable pour comprendre l'oeuvre de René Clair, surtout à ses débuts, sa fascination pour le mouvement et la géométrie en particulier. Il s'agit d'un film surréaliste plein de trucages (ralentis, accélérés, surimpressions) qui établit des associations d'images n'ayant a priori aucun rapport entre elles sinon la géométrie (un échiquier et la place de la Concorde par exemple) ou un élément (de l'eau tombe sur ce même échiquier et un bateau en papier se met à naviguer sur les toits de Paris dans les plans suivants). Parfois on est même dans l'illustration de la phrase culte des surréalistes "beau comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie" avec l'exemple du corbillard traîné par un chameau de cirque ou de la danseuse barbue ou encore des allumettes et de la chevelure. Néanmoins si l'affiliation de ce film à l'avant-garde est indéniable (outre Picabia et Satie qui font des bonds au ralenti autour d'un canon, les joueurs d'échecs ne sont autre que Man RAY et Marcel Duchamp), on y trouve comme dans "Paris qui dort" (1925) un hommage appuyé au cinéma de Georges MÉLIÈS, l'un des maîtres de René Clair: une scène d'escamotage dans la plus pure tradition du théâtre Robert Houdin, des ballons d'hélium représentant des têtes qui gonflent et se dégonflent comme dans "L Homme à la tête de caoutchouc" (1901) ou encore un final qui fait allusion à "Les Affiches en goguette" (1906).

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