Wild Men
Thomas Daneskov (2021)
"Wild men" est une comédie décalée sur la crise du mâle occidental. C'est le deuxième film du réalisateur danois Thomas Daneskov. Martin (Rasmus Bjerg) quadragénaire danois tout ce qu'il y a de plus "normal" mais ne supportant plus le manque de sens à sa vie décide sur un coup de tête de plaquer boulot, famille et confort pour partir vivre seul dans la nature norvégienne et renouer avec le mode de vie de ses ancêtres. A une nuance près. Les vikings vivaient en communauté et la seule que rencontre Martin dans son périple est une reconstitution qui prétend proposer une expérience authentique sauf qu'à l'époque des vikings, on ne payait pas sa nourriture en carte bleue. C'est sur ce genre de décalage entre l'apparence immémoriale des paysages grandioses et sauvages de la Norvège et la réalité d'un monde moderne qui n'a que des ersatz mercantiles à offrir que joue le réalisateur danois tout au long du film. Une règle du jeu que refuse Martin mais comme il ne sait bien évidemment pas non plus chasser et qu'il a faim, il s'improvise hors la loi en "braquant" (à l'arc) une station-essence. Par conséquent il va rencontrer son miroir inversé, lequel s'appelle Musa (Zaki Youssef), un trafiquant de drogue qui a réchappé d'un accident de voiture dans lequel il s'est blessé et pour qui vivre hors la loi n'est pas une lubie de privilégié incapable d'exprimer son mal-être comme Martin mais une question de survie. Le troisième homme important de l'histoire est le policier lancé à leurs trousses. Enfin lancé est un bien grand mot car il s'agit d'un vieil homme fatigué qui ne s'est pas remis de la disparition de son épouse. Les autres policiers semblent tout aussi peu motivés ce qui a provoqué un rapprochement avec "Fargo" dont Thomas Daneskov est fan. "Wild Men" n'a pas la profondeur du film des frères Coen mais il s'en rapproche par l'humour qui se dégage de ses situations absurdes et de ses personnages déphasés. Un agréable moment de cinéma.
Commenter cet article