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Martin Roumagnac

Publié le par Rosalie210

Georges Lacombe (1946)

Martin Roumagnac

Avant que Arte ne diffuse le film, je ne savais pas que Jean GABIN et Marlene DIETRICH avaient tourné un film ensemble à la fin de leur liaison. Elle, je la connaissais car contrairement au film, elle est passée à la postérité. Alors ce "Martin Roumagnac" (qui contrairement à ce qui a été longtemps dit rencontra le succès à sa sortie, du moins commercial) mérite-t-il d'être exhumé des limbes? Je pense que oui car s'il n'est pas un chef d'oeuvre de l'après-guerre (contrairement à "Panique" (1946) avec lequel il a certains traits communs, le poids du conformisme social par exemple), il n'est pas dénué d'intérêt. C'est en effet un film de transition pour les deux acteurs qui ne sont plus les jeunes premiers des années 30 mais pas encore les vétérans des années 50. C'est aussi l'unique film français de Marlene DIETRICH (dont le personnage est originaire d'Australie, ça n'est pas très crédible mais passons) et c'est le film qui a permis à Jean GABIN de renouer avec le public français avec le même type de personnage que celui de ses succès des années 30: un brave prolétaire tombant dans le panneau d'une passion fatale. Mais à la différence des films de Marcel CARNÉ ou de Julien DUVIVIER, la "garce" prend du galon et de l'étoffe, au point de finir par échapper à cet archétype dans lequel le cinéma populaire français a l'habitude de l'enfermer. Même si le film oscille entre moments excitants et d'autres plus conventionnels, Georges LACOMBE réussit à capturer l'attraction sexuelle exercée par la star d'origine allemande ainsi que la tension électrique avec son partenaire. Et puis surtout Marlène Dietrich qui n'est pas du genre potiche réussit à créer un personnage de femme passionnant et très moderne, contrairement à celui de Gabin. D'une certaine manière leur future rupture était déjà perceptible dans le film: une femme prête à tout pour être libre, cherchant à concilier des aspirations contradictoires face à un homme possessif cherchant à l'enfermer dans une cage et à l'assigner à un rôle. Une opposition encore plus profonde que celle de la différence de classe sociale qui est évoquée dans le film et qui renverse les rôles puisque la victime devient bourreau. On pourrait d'ailleurs employer le pluriel, les autres hommes tournant autour d'elle étant tout aussi tyranniques, de l'oncle vivant à ses crochets au consul ayant fait un riche héritage (Marcel HERRAND tout juste échappé de "Les Enfants du paradis") (1943) qui accepte d'être cocufié tant que cela reste à l'intérieur de la même classe sociale.

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