Licorice Pizza
Paul Thomas Anderson (2021)
Paul Thomas ANDERSON a démontré avec "Punch-drunk love : Ivre d amour" (2003) qu'il savait concocter des romances originales avec des ingrédients inattendus. C'est encore une fois le cas du couple de "Licorice Pizza" qui n'a rien de conventionnel. Si la différence d'âge (bien réelle, les deux acteurs ont 12 ans d'écart) ne ressort pas dans le film, c'est parce que Gary Valentine (Cooper HOFFMAN, le fils de Philip SEYMOUR HOFFMAN l'acteur fétiche de PTA décédé en 2014) n'est pas traité comme un adolescent mais comme un jeune entrepreneur ambitieux (on ne saura jamais par quel miracle un soi-disant adolescent de quinze ans ni beau ni riche peut avoir un tel réseau, passer à la TV, monter un commerce de matelas à eau puis de flippers) alors qu'Alana Kane (Alana HAIM) bien que majeure vit toujours chez ses parents et doit leur rendre compte de ses moindres faits et gestes. Si bien qu'au niveau amoureux, tous deux en sont au même point mais ont bien du mal à accorder leurs violons (l'affiche met bien en avant le décalage entre eux). Le physique non formaté des deux jeunes (une asperge brune avec un grand nez et un gros lourdaud roux et acnéique ^^) a fait couler beaucoup d'encre, personnellement j'ai trouvé ces aspérités rafraîchissantes tant la jeunesse à l'écran est représentée la plupart du temps par des clones ripolinés. Et la dynamique de leur relation, à la fois agaçante et touchante de par ses maladresses rappelle bien celle, très burlesque aussi de Adam SANDLER et Emily WATSON. Dommage que nombre de péripéties vécues par le duo soient non seulement improbables mais inintéressantes, faisant intervenir des guest-stars en roue libre (le pire étant Bradley COOPER en fou furieux bon à enfermer mais Sean PENN ivre mort n'est pas mieux). Quant au contexte des années 70, il n'est exploité que superficiellement même si l'emballage (costumes, décors, musique, format d'image etc.) est classieux. Reste la très belle scène nocturne et silencieuse du camion sans essence (choc pétrolier oblige) dévalant une colline en marche arrière par la seule force motrice de la gravité et des talents de meneuse à contre-courant d'Alana à qui Gary a remis sa vie entre les mains. Une belle métaphore du monde qui vient. En dépit de ses scories et de ses imperfections (ou justement à cause d'elles) ce film "rétro-futuriste" s'avère visionnaire.
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