Plaisir d'amour en Iran
Agnès Varda (1976)
Témoin de son temps, ce court-métrage de Agnès Varda qui prolonge son long-métrage "L'une chante, l'autre pas" en développant le passage où Pomme (Valérie Mairesse) et Ali Darius (Ali Raffi) se rendent à Ispahan laisse songeur. Il contient les paradoxes de la période post-soixante-huitarde. D'un côté la libération sexuelle et la fascination pour un orient intemporel, exotique et fantasmé dans la lignée de l'orientalisme du XIX° siècle. De l'autre, l'occultation totale de la réalité du pays sous le régime du Shah qui s'ouvrait alors aux réalisateurs européens, trois ans avant la révolution islamique. "Plaisir d'amour en Iran" est donc une belle carte postale avec au dos une rêverie coquine digressant sur les formes suggestives des mosquées qui apparaît bien déconnecté des réalités du terrain (telles qu'elles peuvent être racontées dans "Persépolis" par exemple). Inutile de préciser qu'aujourd'hui, ce pays n'est plus vraiment associé au paradis des amoureux tel que se le représentent les occidentaux, au luxe, au calme, à la volupté. L'exotisme provient du fait qu'il a pu un jour y être associé.
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