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Le Grand Alibi (Stage Fright)

Publié le par Rosalie210

Alfred Hitchcock (1950)

Le Grand Alibi (Stage Fright)

Film méconnu, à tort, (comme la majorité de sa filmographie) de Alfred Hitchcock, "Le Grand Alibi" appartient avec "Les Amants du Capricorne" à sa parenthèse britannique avant qu'il ne retourne filmer pour Hollywood avec le succès que l'on sait. Ce retour aux sources lui permet de renouer avec la comédie policière et l'humour anglais de ses débuts tout en creusant des thèmes sous-jacents au reste de son oeuvre. C'est ainsi que "Le Grand Alibi" fait immédiatement penser (en mode plus léger) à "L'Ombre d'un doute": Eve (Jane Wyman) une jeune oie blanche attirée par un mal(e) aux atours séduisants dont elle ne soupçonne évidemment pas la vraie nature mène une (en)quête initiatique en eaux troubles qui l'amène tout droit dans le ventre du loup dont elle sort transformée ainsi que l'objet de son désir (qui s'est entretemps déplacé du criminel au justicier, le détective Smith, joué par Michael Wilding déjà présent sur "Les Amant du Capricorne"). A cette intrigue, se superpose une réflexion, récurrente chez Hitchcock sur les liens entre réalité et artifice. Le monde du théâtre auquel appartient Eve (on pense aussi au film au titre éponyme de Mankiewicz, forcément) l'amène à jouer un rôle d'habilleuse pour s'infiltrer dans l'intimité de Charlotte (Marlène Dietrich) alors que son amant, Jonathan (Richard Todd), le présumé meurtrier lui raconte sa version des faits à l'aide d'un faux flashback qui oblige le spectateur à s'interroger sur son rapport aux images. C'est d'ailleurs avec ce film que l'influence de Alfred Hitchcock dans les films de David Lynch m'est apparue la plus évidente. Que ce soit l'interpénétration de deux univers a priori étanches, l'un fait de lumière et l'autre d'ombre ("Blue Velvet") ou la réflexion méta sur fond d'images sujettes à caution ("Mulholland Drive").

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