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Sang pour sang (Blood Simple)

Publié le par Rosalie210

Joel et Ethan Coen (1983)

Sang pour sang (Blood Simple)

C'est avec "Blood Simple", leur premier long métrage que j'ai découvert les frères Coen (j'ai d'ailleurs vu par la suite au cinéma la plupart de leurs films jusqu'à "Ladykillers") (2004). "Blood Simple" m'a marqué par son atmosphère (poisseuse) et par sa mise en scène (brillante). Une scène en particulier a laissé en moi une trace indélébile, celle des trous de balles tirées à travers la cloison, une scène que j'ai ensuite reconnue lorsqu'elle a été reprise par Luc BESSON au début de "Léon" (1994). Elle révèle aussi un formidable travail sur la lumière effectué par Barry SONNENFELD, futur réalisateur des films de la famille Addams et des Men in Black.

En revoyant le film, j'ai été frappée par ses similitudes avec d'autres longs-métrages des Coen comme "The Big Lebowski" (1998): la présence d'une voix-off, le choix d'ancrer l'histoire dans l'Amérique profonde, le ton cynique et désabusé, l'incapacité des personnages à communiquer (source de nombreux malentendus). En même temps, dès ce film en forme d'exercice de style (les personnages assez mécaniques sont au service de l'intrigue et celle-ci épouse les codes du film noir avec une touche d'horreur à la "Shining") (1980), on observe le goût des réalisateurs pour les hommages au cinéma pas seulement hollywoodien mais anglo-saxon en général. En effet "Blood Simple" est un thriller hitchcockien transplanté au Texas avec des scènes d'un suspense insoutenable (soulignée par une bande-son anxiogène du meilleur effet), notamment autour d'un homme qui agonise pendant près de 16 minutes (toute ressemblance avec "Le Rideau déchiré" (1966) et ce jusqu'à la pelle est une pure coïncidence ^^). C'est aussi le premier rôle d'une toute jeune Frances McDORMAND appelée à faire une belle carrière, notamment auprès des frères Coen. Quant au personnage répugnant et retors du détective gluant joué par Emmet WALSH, il symbolise l'aspect dégénéré du milieu dans lequel trempe le film, tout comme les plans récurrents de poissons en train de pourrir sur le bureau de l'homme assassiné (une métaphore de la putréfaction qui me rappelle "Répulsion" (1965) et la progression de la démence symbolisée par une carcasse de lapin en décomposition). Pour finir, il y a dans ce premier film que l'on peut qualifier de "néo-noir" une touche tarantinesque dans le jeu avec le spectateur aussi bien que dans la bande-son vintage ("It's the Same Old Song").

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