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Monsieur Batignole

Publié le par Rosalie210

Gérard Jugnot (2002)

Monsieur Batignole

Il y a deux parties dans "Monsieur Batignole". La première dresse le portrait d'un français moyen attentiste comme 90% de ses compatriotes pendant la seconde guerre mondiale. Un boucher-charcutier (Gérard Jugnot) un peu beauf et pas très regardant sur les méthodes qu'utilise Pierre-Jean son futur beau-fils collabo zélé (Jean-Paul Rouve, tellement convaincant qu'il a décroché le César du meilleur espoir) pour leur obtenir divers privilèges en terme de logement, moyen de locomotion et généreux client. Les deux premiers sont des biens spoliés à des juifs et le troisième est le SS dont Pierre-Jean est le larbin. Arrive alors la seconde partie, quand Edmond Batignole est confronté aux conséquences de ses actes et se voit obligé de prendre parti. Simon (Jules Sitruk), le fils cadet de la famille juive dont les Batignole ont récupéré l'appartement parvient à échapper à la déportation et à revenir frapper à la porte de son ancien chez-lui. La peinture de la camionnette de livraison s'écaille, révélant les étoiles de David cachées dessous. Et Pierre-Jean s'avère être un dangereux psychopathe qu'il est impossible d'amadouer. La vie de Edmond Batignole bascule alors dans le danger et la clandestinité lorsqu'il décide de sauver Simon et ses cousines au point qu'il finit par s'identifier au père biologique de Simon (et au sort des juifs en général).

"Monsieur Batignole" est un film humaniste qui dresse un portrait intéressant d'un français ordinaire confronté à des événements qui le dépassent et l'obligent à se dépasser. Si le début se situe dans une veine réaliste à tendance satirique et ne manque pas de mordant, la suite relève davantage du conte de fée tant les rebondissements sont invraisemblables. Ainsi Batignole se transforme-t-il comme par magie en super-héros capable de terrasser n'importe quel "méchant" (de Pierre-Jean à un flic par trop fouineur), de séduire la fermière esseulée et de redresser les entorses comme les torts. Cet aspect spectaculaire nécessaire aux rebondissements dramatiques n'est pas la manière la plus fine d'évoquer les actions des Justes de France pour contrecarrer le programme génocidaire des nazis. Seule la sensibilité du jeu des acteurs (Jugnot inclus) permet d'échapper à la caricature.

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