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Simon Werner a disparu...

Publié le par Rosalie210

Fabrice Gobert (2009)

Simon Werner a disparu...

Le premier film de Fabrice Gobert qui se situe au carrefour du teen-movie et du thriller a pour principaux atouts sa mise en scène plutôt bien maîtrisée et son atmosphère qui font penser toutes deux à "Elephant" de Gus Van Sant. Même construction labyrinthique autour d'une énigme centrale, même jeu sur les points de vue différents des mêmes événements qui transforme le film en puzzle, même découpage en chapitre, chacun portant le nom de l'un des lycéens impliqué dans l'intrigue. La musique originale de Sonic Youth, la photographie de Agnès Godard et la photogénie des lieux complète l'ensemble*. 

Néanmoins le film manque de crédibilité (pour ne pas dire de professionnalisme) sur plusieurs aspects cruciaux. Tout d'abord, seuls quelques détails vestimentaires et technologiques renvoient aux années 90, époque à laquelle est censé se situer l'intrigue. Cette reconstitution ne suffit pas à masquer le fait que le film a été tourné en 2009 et sent le "fake" à plein nez (c'est involontaire et c'est là qu'est le problème). Ensuite le jeu des acteurs (pour la plupart débutants à l'époque, y compris Ana Girardot, la "fille de") est inégalement convaincant et ils ne sont globalement pas assez dirigés. Par conséquent, il y a un décalage certain entre une histoire censé être dramatique (la disparition d'un puis de plusieurs élèves, la découverte d'un cadavre) et la désinvolture avec laquelle la plupart de ces jeunes se comportent, continuant à ne se préoccuper que de leurs petit nombril parfaitement insipide (d'autant plus que les dialogues sont affligeants de platitude). J'ai beaucoup de mal à imaginer que de tels événements ne les affecteraient pas davantage, tout comme la vie du lycée dans son ensemble. Enfin la caractérisation des personnages nuit au film. Chacun est enfermé dans son stéréotype et n'en sort pas. C'est particulièrement dommage pour celui du souffre-douleur qui distille une certaine mélancolie et hante le dédale du lycée grâce au fait que son père y possède un logement de fonction. On aurait aimé en savoir plus afin de voir émerger une vraie réflexion sur les affres de l'adolescence mais le film reste à la surface des choses.

* Le lycée François Truffaut de Bondoufle dans l'Essonne où se déroule l'essentiel du film est un "délire" d'architecte construit au début des années 90. Si le bâtiment, perdu au milieu des champs n'est pas adapté à son milieu (les toits-terrasses sous le climat de la région parisienne ce n'est pas l'idéal), il est parfait en tant que décor cinématographique avec ses longs couloirs, ses baies vitrées et son campus central. Un atelier cinéma y a été créé en 2004 auquel j'ai participé la première année et a abouti à la fabrication d'un court-métrage, suivi de nombreux autres que l'on peut trouver sur le site du lycée sous le titre "Bondouflywood" à la rubrique vie culturelle-cinéma.

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