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Cow boy

Publié le par Rosalie210

Delmer Daves (1958)

Cow boy

Jack LEMMON dans un western (ce sera d'ailleurs le seul de sa carrière), voilà qui surprend. Pourtant en réfléchissant un peu, ce n'est pas complètement absurde. Et ce pour deux raisons. D'abord parce que la comédie burlesque étant très physique, Jack LEMMON a les qualités lui permettant d'être crédible dans le far-west et ensuite parce que le film fonctionne comme une démythification du métier de cow-boy. Frank Harris (Jack LEMMON) est au début du film un réceptionniste d'hôtel qui pose un regard enfantin sur les cowboys durs à cuire qui viennent y prendre du repos. L'un d'eux, Reece (Glenn FORD, excellent) se charge de le ramener à la réalité, d'abord avec des paroles qui résonnent comme une douche froide puis avec des actes quand Frank Harris décide de s'engager à ses côtés pour convoyer du bétail. Le film qui commence comme une comédie devient alors un récit initiatique d'abord assez drôle (les déboires de Harris avec sa monture en particulier) puis le ton se durcit lorsque le réalisateur adopte un point de vue quasi-documentaire pour nous montrer l'étendue de la rudesse du métier de cowboy: la poussière, la chaleur, le confort plus que spartiate, les difficultés de la tâche consistant à convoyer un troupeau de milliers de bêtes, les multiples dangers (serpents, indiens voleurs de chevaux, emballement du troupeau). Mais le plus marquant reste l'état de deshumanisation voire de sauvagerie des cowboys qui adoptent des comportements individualistes révoltants voire dangereux. En dépit d'un final qui revient à la comédie de façon quelque peu artificielle lorsque Glenn FORD et Jack LEMMON deviennent amis en déteignant l'un sur l'autre, ce qu'on retient, c'est plutôt l'autodestruction de l'ex-shérif qui ne sait plus gérer les relations humaines autrement qu'avec un flingue. Peut-être aurait-il fallu davantage assumer ce ton sans concessions pour que le film atteigne sa pleine puissance au lieu de la désamorcer avec ce final conventionnel bien peu crédible. Il n'en reste pas moins que s'il n'est pas le meilleur western de Delmer DAVES, "Cow-boy" n'est pas non plus un film médiocre, il est rempli de scènes fortes et bien filmées (s'il y a si peu de films de convois de bétail c'est justement parce que c'est une gageure pour un cinéaste), pose un regard intéressant sur la réalité du métier de cow-boy et a un discours pertinent sur la question. Il n'est juste pas complètement abouti.

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