Boule de feu (Ball of fire)
Howard Hawks (1941)
J'avais envie depuis très longtemps de voir "Boule de feu" réalisé par Howard Hawks avec Billy Wilder au scénario, celui-ci n'ayant alors pas encore commencé sa propre carrière de réalisateur à Hollywood. Hélas le film est difficilement visible car non édité en DVD zone 2. Cela fait partie de ces aberrations d'édition des films de grands réalisateurs hollywoodiens en France, comme pour "Le gouffre aux chimères"... de Billy Wilder.
Avec "Boule de feu" on a donc deux cinéastes pour le prix d'un (même si le second n'avait alors réalisé qu'un seul film, en France ). On y reconnaît le genre de prédilection de Howard Hawks, la screwball comédie entre un professeur linguiste coincé genre grand dadais naïf, type de personnage dans lequel Gary Cooper excelle (il prolonge ses rôles chez Capra, en particulier Longfellow Deeds) et la gouailleuse et sexy Barbara Stanwyck en danseuse de cabaret gravitant dans l'orbite d'un groupe de gangsters et maniant l'argot avec beaucoup de pétulance. Deux mondes aussi opposés que possible qui n'auraient jamais dû se rencontrer. Mais au cinéma tout est possible et c'est bien la magie de cette rencontre qui en fait tout le sel avec pour anges gardiens les sept autres professeurs assimilés aux sept nains du conte des frères Grimm. Sugarpuss (surnom évocateur et qui fait penser à la future Sugar de "Certains l'aiment chaud") est cette boule de feu projetée dans la tour d'ivoire poussiéreuse des huit têtes pensantes pour le transformer en "dancefloor" et titiller les hormones du plus jeune, le professeur Potts qui sonne comme "empoté". Il faut dire qu'il était temps qu'elle arrive pour éclairer leur lanterne puisque dans leur travail de rédaction encyclopédique, ils bloquaient à la lettre S comme Slang (argot) mais aussi comme Sex. La découverte de l'amour par ces deux-là a quelque chose de magique et on est pas près d'oublier cette scène nocturne dans lequel Bertram se trompe de chambre et parle sans le savoir à une Sugarpuss plongée dans la pénombre dont on ne voit que le regard embué avant que cela ne se termine dans une étreinte passionnée en ombre chinoise. Délicieux, tendre, rythmé, remarquablement dialogué et interprété, ce film est un régal de tous les instants.
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