Le Diamant
Paul Grimault (1970)
"Le Diamant" et "Le Chien mélomane" sont des oeuvres tardives de Paul GRIMAULT car réalisées dans les années 70 alors que ses autres courts-métrages datent des années 40. Le changement de style n'en est que plus frappant. Alors que les films des années 40 évoquaient l'univers des contes, Walt DISNEY ou Tex AVERY, ceux des années 70, plus stylisés et évoluant dans un univers de science-fiction dystopique font penser à René LALOUX ou à Roland TOPOR. Sur le fond, les charges anti militaristes sont également plus frontales car au lieu d'être intemporelles elles font directement allusion à l'actualité de l'époque. "Le Diamant" par exemple était projeté en complément de "L'Aveu" (1970) de COSTA-GAVRAS. Il relie deux lieux opposés: une sorte de prison située d'après le costume des gardiens dans une dictature latino-américaine et une île coupée du monde jonchée de diamants dans laquelle vivent des autochtones qui ont choisi le plus gros pour orner leur totem. A l'aide d'un vaisseau qui semble carburer au sang des victimes de la prison (une métaphore limpide!), le professeur Savantas, sinistre personnage qui ressemble à un squelette (et que l'on retrouve dans "Le Chien mélomane", parfaitement complémentaire de "Le Diamant") s'en va voler la pierre en ne se privant pas de laisser derrière lui un champ de ruines causé par les rafales de sa mitraillette-parapluie. Mais le diamant étant trop lourd pour son vaisseau, il finit par tomber dans une immense étendue stérile. Paul GRIMAULT montre à travers ce film que les dernières oasis de liberté dans lesquelles l'homme vit en harmonie avec la nature dans un monde animiste sont détruites par la convoitise d'un capitalisme insatiable qui supporte des régimes de terreur et d'oppression et stérilise tout ce qu'il touche.
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