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Le Pigeon (I Soliti Ignoti)

Publié le par Rosalie210

Mario Monicelli (1958)

Le Pigeon (I Soliti Ignoti)

Que l'humour soit l'ultime politesse du désespoir comme le disait Chris Marker, on ne peut plus en douter après avoir vu "Le Pigeon". Parce que lorsqu'on regarde les arrière-plans si travaillés du film dont la mise en scène joue admirablement sur la profondeur de champ, que voit-on? La misère, la misère et encore la misère. Le fond de la cour d'une prison, les borgate de la banlieue de Rome surplombés d'immeubles en construction, les grandes tables du réfectoire d'un orphelinat. Bref l'arrière-plan du film appartient sans aucun doute au néo-réalisme à la Roberto ROSSELLINI et contextualise le film. Et pourtant, on passe la majeure partie du temps à rire de bon coeur devant les déboires d'une belle galerie de losers qui tentent de monter un casse aussi minable qu'ils le sont eux-mêmes (façon "The Ladykillers" (1955) ou "Du rififi chez les hommes") (1954) avec un enthousiasme voire un abattage phénoménal. Car "Le Pigeon" est aussi un grand film choral qui réussit à merveilleusement équilibrer les talents des acteurs qui composent l'ahurissante bande de bras cassés qui enchaînent les catastrophes. Parmi eux, deux grandes futures stars: le boxeur raté beau parleur (Vittorio GASSMAN, hilarant quand il en fait des tonnes en s'accusant d'un crime qu'il n'a pas commis ou bien quand il se la joue "rusé") et le photographe plus qu'amateur (Marcello MASTROIANNI) toujours lesté d'un gosse dans les bras quand il n'a pas l'un d'eux dans le plâtre. Car ces clowns ont le coeur tendre et sont donc extrêmement attachants grâce aux touches d'humanité que parsème Mario MONICELLI et qui renvoient également à l'arrière-plan mélancolique. De ce point de vue, l'un de mes moments préférés est celui dans lequel Mario (Renato SALVATORI) achète trois tabliers identiques avec le personnage de Donald Duck au marché aux puces et qu'on découvre un peu plus tard avec une efficacité de mise en scène imparable qu'il les a offert à ses trois "mamans" de l'orphelinat. Ce même Mario qui tombe amoureux de la soeur de l'un de ses compagnons qui la surveille pourtant de près. Il faut dire qu'elle est jouée par Claudia CARDINALE dans l'un de ses premiers rôles.

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