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La Dame de Shanghai (The Lady from Shanghai)

Publié le par Rosalie210

Orson Welles (1947)

La Dame de Shanghai (The Lady from Shanghai)

Comme son labyrinthe de miroirs, "La Dame de Shanghai" est un film déroutant dans lequel Orson WELLES s'amuse à brouiller les pistes. C'est une aventure pleine de chausse-trappes dans laquelle les éléments d'exotisme foisonnent (croisière aux caraïbes, quartier chinois de San-Francisco) et sont pourtant démentis par des gros plans sur des bestioles vénéneuses renvoyant à l'atmosphère trouble qui règne à bord du huis-clos du bateau avec ces gros plans sur des visages parfois grimaçants et en sueur. Michael O'Hara (joué par Orson WELLES) définit très bien les relations entre les personnages: ce sont celles de requins sur le point de s'entretuer. Même si l'on reconnaît les ingrédients du film noir, les motivations des personnages sont si nébuleuses que l'on s'y perd. Et c'est volontaire comme le souligne le célébrissime dénouement du film dans la salle des miroirs qui démultiplie l'image de la femme fatale aux cheveux coupés courts, de son mari infirme et du pseudo amant sauveur. A moins qu'il ne fasse éclater ces archétypes justement, de la même façon qu'il sacrifie la longue chevelure flamboyante de Rita HAYWORTH. Car au-delà de la mise en scène éblouissante et de l'atmosphère malsaine (mais vraiment très malsaine) que distille le film, celui-ci tourne en dérision les illusions tournant autour de la princesse en détresse et de son chevalier servant. La première scène fonctionne presque comme une parodie de sauvetage tant le chevalier est mou et sa princesse peu effrayée par la situation dans laquelle elle se trouve. Mais lui y croit, il est même complètement aveuglé. La suite montre comment ce chevalier se retrouve pris au piège dans un ménage à quatre particulièrement glauque puis accusé de meurtre sans parvenir à se dépêtrer de la fascination qu'exerce sur lui la belle Elsa. Laquelle passe son temps à lui demander de "l'emmener" quelque part, continuant à jouer le rôle de la pauvre fille impuissante alors que tout dans son regard et son attitude trahit qu'elle est le véritable cerveau d'une vaste mascarade dans laquelle elle se joue des hommes avant de les manger.

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