Orphée
Jean Cocteau (1950)
"Orphée" c'est "Le Sang d un poète" (1930) appliqué à une figure mythologique qui fascinait Jean COCTEAU et sans doute à laquelle il s'identifiait. Transposé dans le milieu littéraire germanopratin des années cinquante symbolisé par Juliette GRÉCO, le mythe d'Orphée vu par Cocteau ne prend pourtant son essor que lorsqu'il passe de l'autre côté du miroir pour rencontrer "la mort au travail" (définition du cinéma lui-même). En effet Orphée (Jean MARAIS) est un poète qui se nourrit de messages de l'au-delà (messages qui font penser à ceux qu'envoyaient les résistants par la BBC pendant la guerre). C'est aussi un Narcisse amoureux de son reflet, cet autre lui-même qu'il ne peut rencontrer qu'aux enfers. La pauvre Eurydice est reléguée au rang d'empêcheuse de créer en rond, "bonne femme" obsédée par "la layette et les impôts". On aurait envie de gifler Cocteau devant tant de misogynie crasse mais heureusement il y a les superbes images poétiques expérimentales qui sauvent l'ensemble ainsi que la profonde mélancolie émanant de spectres qui pourtant transgressent l'ordre établi en tombant amoureux des vivants. La princesse (Maria CASARÈS) amoureuse éperdue d'Orphée et son valet, Heurtebise (François PÉRIER, impérial) dont les sentiments poignants pour Eurydice me touchent au plus profond de moi à chaque fois que je revois le film.
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