Cotton Club (The Cotton Club)
Francis Ford Coppola (1984)
Bien que "Cotton Club" ne soit pas spécialement un film aimable (ce qui explique sans doute son impopularité et sa relégation dans l'ombre au sein de la filmographie de Francis Ford COPPOLA), j'ai eu l'impression en terminant le film d'avoir été comblée ce qui n'est pas si fréquent. Que montre finalement Francis Ford COPPOLA dans le film si ce n'est une certaine réalité de la société américaine au travers de son show business? Car derrière le show il y a le business et il n'est pas des plus propres. Le Cotton Club, cabaret de jazz de Harlem ayant réellement existé au temps de la Prohibition est une scène, comme le cinéma alors en plein essor d'Hollywood derrière laquelle s'agitent des coulisses peu reluisantes. Néanmoins Francis Ford COPPOLA apporte beaucoup de nuances dans sa mise en scène virtuose et c'est cela qui m'a comblé autant que les formidables numéros musicaux. Ainsi Dixie le "héros" musicien joué par Richard GERE est un arriviste c'est vrai mais à côté de son frère Vincent (Nicolas CAGE alias le neveu du réalisateur) qui est prêt à aller jusqu'au massacre des innocents pour assouvir son appétit de réussite, c'est un saint. Il en va de même des deux truands qu'il sert. Le premier, Dutch (James REMAR), un sanguin dominé par ses émotions à qui il a pourtant sauvé la vie ne connaît que les rapports de domination et fait de lui son esclave, de la même façon qu'il a acheté la vénale Vera (Diane LANE). On comprend que Dutch n'arrive pas à la cheville de son rival, Owney Madden (Bob HOSKINS) qui en dépit de sa férocité en tant que gangster a autrement plus de savoir-faire dans les relations humaines. Il a aussi ses entrées dans le milieu artistique en ayant réussi à transformer le plomb (l'argent de la pègre) en or (le Cotton Club) ce qui lui vaut plutôt que de se faire trouer la peau d'aller à "sing sing" ^^^^ où on lui déroule le tapis rouge. Enfin en parallèle de ces guerres de blancs individualistes assoiffés de pouvoir et d'argent, Francis Ford COPPOLA met en lumière la situation paradoxale de la communauté noire sans laquelle l'Amérique n'aurait pu construire son identité artistique mais qui néanmoins subit le joug de la domination des blancs, la ségrégation et les humiliations qui en résultent. Des discriminations qui ont pour effet de souder ses éléments dans un destin commun et de lui donner bien plus de force que n'en ont les WASP. A méditer donc.
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