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Holy Lola

Publié le par Rosalie210

Bertrand Tavernier (2004)

Holy Lola

"Holy Lola" est un film qui divise critiques et public parce qu'il est sans doute lui-même divisé entre deux axes directeurs qui se mélangent assez mal. D'un côté un arrière-plan documentaire sur le Cambodge, ancienne colonie française ayant payé un effroyable tribut humain au nom de l'idéologie maoïste durant la période où les khmers rouges étaient au pouvoir dans la deuxième partie des années 70. Cette souffrance apparaît toujours bien active dans la mémoire collective d'un pays magnifique mais encore convalescent et très pauvre. De l'autre, une fiction autour du parcours du combattant d'un couple français, Pierre et Géraldine (Jacques GAMBLIN et Isabelle CARRÉ) pour parvenir à adopter un bébé cambodgien, leurs difficultés révélant aussi bien l'incurie administrative du pays que son degré élevé de corruption, tous les coups semblant permis dans ce qui s'apparente plus parfois à du trafic d'enfants qu'à une adoption en règle. Le problème réside principalement dans cette partie fictionnelle qui ressemble davantage à une brochure explicative sur les pièges de l'adoption en pays étranger qu'à une expérience cinématographique qui laisserait au spectateur de l'espace pour ressentir et réfléchir par lui-même. On est bombardé de chiffres et de faits qui ne s'incarnent pas à l'écran ou alors maladroitement. Le fait que le couple réside dans un hôtel rempli d'occidentaux dans la même situation ne permet pas de se laisser porter dans cette immersion dans le pays que promettaient les premières images. Cette sensation de coupure est également visible dans les passages, ridicules, où ceux-ci s'adressent à leur futur bébé via un dictaphone. Il aurait mieux valu à la limite leur donner un appareil photo (mais cela aurait fait trop touriste, là ça fait juste bobo). Ou alors, encore mieux, donner du temps pour la rencontre émotionnelle et charnelle avec le bébé, passage largement escamoté (quelques plans lointains tout au plus) alors qu'il me semblait crucial au profit d'une dernière demi-heure redondante autour des énièmes problèmes de paperasse du couple. Quand on sait à quel point une adoption est une greffe délicate, surtout quand la transplantation s'effectue entre deux pays aussi lointains et inégalitaires, on peut se dire que ce que montre le film ne permet pas au final de répondre aux vraies questions que cette adoption pose. C'est dommage car les acteurs sont impeccables, justes et sensibles et l'amour de toute l'équipe vis à vis du pays est palpable, d'ailleurs le grand cinéaste cambodgien Rithy PANH fait une apparition providentielle dans le film. Mieux que rien donc mais Bertrand TAVERNIER nous avait habitué à mieux.

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