The Dead Don't Die
Jim Jarmusch (2018)
En dépit des mauvaises critiques, j'avais envie de voir comment Jim JARMUSCH avait traité le film de zombies, après avoir revisité le genre du western, du film noir, du film de sabre et plus récemment, du film de vampires. Et je dirais que les trois premiers quarts du film m'ont plutôt amusé. Le décalage entre les événements qui se déroulent à Centerville et qui se réfèrent à George A. ROMERO et le détachement avec lequel les habitants les vivent confèrent à l'ensemble un aspect irréel (sublimé par des mouvements de caméra toujours aussi admirables), mâtiné d'un humour noir qui fait parfois mouche, même s'il est un peu facile (on y récapépète beaucoup). Les acteurs de premier choix sont pour beaucoup dans le plaisir que l'on peut prendre à voir ces scènes car leur amusement est communicatif. Là où ça se gâte, c'est sur la fin qui devient, il faut le dire, grotesque. Entre une Tilda SWINTON tarantinesque qui s'avère être une extra-terrestre à la E.T. que sa soucoupe volante vient chercher, l'homme des bois joué par Tom WAITS qui se transforme en une sorte de prophète vengeur contre le consumérisme qui serait responsable de la transformation de Centerville en Zombiland* et Ronnie qui tout d'un coup devient son interprète, Adam DRIVER en train de raconter à son acolyte Bill MURRAY qu'il connaît la fin du film parce qu'il a lu le script de "Jim" (et nous spectateur, on est censé faire quoi? Applaudir des deux mains devant cette "transgression brechtienne"? Quoique ce n'était pas la première, il y avait déjà un clin d'oeil au début du film), Jim JARMUSCH ne sait plus où il va (je pense qu'en fait il s'en fiche) et termine donc dans le mur. "The Dead don't die" est un film nihiliste, tout simplement.
* Le dérèglement de la planète par l'action humaine est montré comme la cause de la catastrophe car le rejet que fait Jim JARMUSCH de la technologie en général et des appareils connectés en particulier revient de film en film. Cependant dans "The Dead don't die", il suggère qu'ils ont engendré une population de décérébrés ce qui est au-delà du caricatural. Aucun être humain ne peut être résumé à des addictions à l'alcool, aux bonbons ou au wifi. Pour le coup Jim JARMUSCH ne fait que confirmer que sur ses derniers films, il a tourné à l'aigri en rejetant la société actuelle, que ce soit pour cultiver son jardin (dans "Paterson" (2016) qui reste heureusement un très beau film), vivre en ermite dans les bois ou errer dans ses limbes.
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