Peppermint Candy (Bakha satang)
Lee Chang-Dong (2000)
Deuxième film de Lee Chang-Dong et son premier a avoir été présenté au festival de Cannes (sur un total de cinq à ce jour) "Peppermint Candy" raconte vingt ans de l'histoire tourmentée de la Corée (1979-1999) au travers d'un parcours d'un homme qui à chaque étape s'enfonce un peu plus dans l'abjection et la folie jusqu'au drame final. L'originalité du film consiste à présenter cette histoire en remontant le fil du temps et de façon compartimentée d'où la métaphore filée des rails et du train qui ponctue l'ensemble du film. Chaque étape nous éclaire sur ce qui à pu le pousser à bout. Disons qu'il s'est particulièrement mal sorti des divers rôles qu'il a dû endosser au cours de ces vingt années: il a été un soldat incapable de garder son sang-froid qui a commis un meurtre sans le vouloir, un affreux policier tortionnaire, un amoureux candide qui a tourné au cynique absolu, un mari brutal et infidèle et un homme d'affaires qui s'est fait rouler et plumer. Inutile de dire qu'un personnage aussi sinistre suscite bien peu d'empathie d'autant qu'il passe l'essentiel de son temps à pleurer, à crier ou à rire avec un rictus inquiétant lorsqu'il devient manifeste qu'il est dérangé mentalement. L'autre faiblesse du film finalement pas si éloigné de la première est sa linéarité. Une fois qu'on a compris le dispositif, la structure devient répétitive et m'a fait penser à "La Famille" (1987) de Ettore Scola qui était certes construit de façon chronologique mais qui présentait également une structure en compartiments temporels entrecoupés de travellings sur un couloir. Le film de Lee Chang-Dong a une puissance d'évocation bien supérieure mais dans le genre, j'ai largement préféré "Memories of murder" (2003) de Bong Joon-ho qui me semble mieux rafraîchir la mémoire des coréens sur leurs années sombres que les bonbons à la menthe de l'amour de jeunesse de Kim Yong-ho (Sul Kyung-gu). Tout est une question de relief. Là où "Pettermint Candy" ne possède qu'une seule tonalité (le mélodrame), "Memories of murder" n'hésite pas à jouer la carte du burlesque sans amoindrir pour autant l'horreur de ce qu'il dénonce. Bien au contraire.
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