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Un mauvais fils

Publié le par Rosalie210

Claude Sautet (1980)

Un mauvais fils

"Un mauvais fils" est le film qui marque une rupture dans la filmographie de Claude SAUTET. Rupture par rapport à ses films des années 70 en ce qu'il se centre sur la génération des trentenaires et non plus des quinquagénaires (la sienne) dont il sonde avec l'hypersensibilité et la finesse qui le caractérise le mal de vivre. Il trouve logiquement en Patrick DEWAERE tout juste sorti de "Série noire" (1979) l'interprète idéal. Claude SAUTET savait sonder (et révéler) l'âme de ses acteurs et il est le premier à véritablement faire tomber le masque de Patrick Dewaere puisque c'est pour ce rôle qu'il a rasé sa moustache et livré un jeu sobre, dénué de tout artifice.

"Un mauvais fils" raconte la relation conflictuelle entre René, un père "Ducon Lajoie" aigri, rancunier et incapable de communiquer (joué par Yves ROBERT) et Bruno, un fils fragile qui après avoir passé plusieurs années en prison tente de se sortir de l'enfer de la drogue et de se réinsérer. Tâche d'autant plus difficile que la période minutieusement décrite en toile de fond n'est pas propice, la France traversant alors une crise économique et sociale profonde. Mais le film n'est pas misérabiliste car en dépit de ses maladresses, Bruno révèle peu à peu ses qualités humaines dans l'adversité: sa détermination, sa persévérance, son endurance et son aspiration à aimer et à être aimé. Il trouve aussi un père de substitution en la personne de Adrien Dussart (Jacques DUFILHO dont Claude Sautet révèle là aussi une facette inattendue) mélomane efféminé amoureux des lettres qui est l'antithèse du rugueux René et qui le prend sous son aile. C'est par son intermédiaire qu'il rencontre Catherine (Brigitte FOSSEY) autre jeune toxicomane en rupture de père, bref une alter ego dont il s'éprend en dépit de sa froideur apparente. La scène des aveux, tout en retenue est particulièrement belle. Mais le retour à la vie (aux émotions) est délicat à gérer pour des personnes souffrant d'addictions. C'est sur cette délicate ligne de crête qu'évolue Bruno alors qu'en dépit des apparences, le lien avec son père biologique n'est pas coupé et se manifeste par des désordres physiologiques (vomissements, chute accidentelle) qui peuvent faire espérer un retour à l'équilibre. Le message du film est donc porteur d'espoir sur une possible réconciliation entre les générations, celle des durs à cuire des 30 glorieuses et celle des enfants perdus de la crise.

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