Have a Nice Day
Liu Jian (2017)
Une curiosité que ce film d'animation chinois, simple mais percutant qui rappelle beaucoup sur la forme le style pop de Quentin Tarantino: mélange de violence et d'humour noir, ballet de mafieux et d'aspirants mafieux autour d'un sac de billets dérobé à un malfrat (comme dans "Jackie Brown") et même plan iconique en contre-plongée d'ouverture du coffre d'une voiture dans lequel se trouve un type pas mal amoché. L'humour masque quand même la terrible vacuité de la petite société chinoise dépeinte complètement atomisée en individus transformés par l'appât du gain en bêtes féroces. Le film comporte un morceau de bravoure assez épatant: une vidéo détournant des affiches de propagande maoïste en version pop art capitaliste dans laquelle deux des personnages lancés à la course au fric rêvent de "lendemains qui chantent" dans un Shangri-la de pacotille. Ils n'iront pas plus loin que la chambre 301 d'un hôtel minable. Quant à la plupart des autres personnages après s'être entre-déchirés comme des fauves lâchés dans une arène, ils finiront leur course folle dans un grand carambolage. Laissons le mot de la fin à l'élément déclencheur de l'intrigue, Xiao Zhang, un jeune employé du BTP qui arrondit ses fins de mois en convoyant les fonds de son patron mafieux avant de s'enfuir avec la caisse. Il a besoin de cet argent pour payer en Corée l'opération de ravalement de façade de sa fiancée défigurée par une opération de chirurgie (in)esthétique qui a mal tourné en Chine. Par ailleurs il proclame son admiration au tueur à gages venu lui faire la peau. Bref, peu de substance sous la coquille et on appréciera aussi bien l'ironie du titre que du passage sur l'acquisition de la liberté en Chine qui se mesure à ce qu'il est possible ou non d'acheter selon le taux de remplissage de son portefeuille.
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