En Avant (Onward)
Dan Scanlon (2020)
"En Avant" est un film que j'aurais dû voir le dimanche 15 mars 2020. Evidemment c'était déjà trop tard, les cinémas ayant fermé la veille au soir. Heureusement les films qui étaient en cours d'exploitation ont été reprogrammés et j'ai donc décidé de retenter ma chance, cette fois avec succès.
Bien que je n'en attendais pas grand-chose au départ étant donné les critiques assez tièdes que j'avais pu lire, je vais voir au cinéma tous les films Pixar dès leur sortie. En effet, il s'agit d'un studio qui a accouché d'une impressionnante série de chefs d'oeuvre dans les années 2000. Les années 2010 ont été plus chaotiques avec dans la première moitié de la décennie une nette perte d'inspiration voire d'identité au point de ne plus être capable de se démarquer de leur maison-mère depuis 2006, Disney. Par exemple aucune différence entre "Planes" (Disney) et "Cars 2" (le plus mauvais film des studios Pixar), une pléthore de suites dispensables à l'exception de celles de "Toy Story", une morale conservatrice disneyienne dans "Le voyage d'Arlo" et dans "Rebelle" clonée sur les princesses Disney. Fort heureusement, les studios se sont ressaisis avec deux nouveaux chefs d'oeuvre "Vice-Versa" et "Coco" et ont promis d'abandonner les suites au profit de projets originaux ce qui est une excellente nouvelle.
Sans atteindre le niveau de "Vice-Versa" ou de "Coco", "En Avant" s'avère être au final une très belle surprise. L'univers de fantasy dans lequel se déroule l'histoire sert à nous parler de façon quelque peu décalée et amusante de notre monde actuel marquée par le désenchantement et l'absence de repères. L'histoire de ces deux frères qui partent en quête de retrouvailles avec leur père défunt et de réenchantement du monde se situe dans la lignée des films précédents. Belles idées de faire revivre ce père absent à travers les traces qu'il a laissé (photos, enregistrement audio, vêtement, lettre, baguette magique) puis sous forme d'un drôle de fantôme doté de jambes mais sans tête ni buste. Les photos qui isolent le père du reste de la famille sont là pour démontrer que Ian et Barley se sont construits sans lui. Un vide matérialisé par le demi-être qu'ils traînent derrière eux et à qui ils ont donné l'apparence d'un pantin désarticulé burlesque (ou d'un doudou géant). Ils rejettent en effet le modèle proposé par leur beau-père (surnommé de manière très significative "le petit copain de maman") qui en tant que policier incarne l'autorité répressive alors que les deux garçons sont anti-conformistes (au passage combien d'anime sortent du schéma papa-maman-enfants pour proposer d'autres modèles de famille?) Ian qui manque de confiance en lui et se cherche un mentor découvre au fil de son périple bien mieux qu'à conduire ou maîtriser la magie. Il découvre que son point de repère, c'est son grand frère, Barney ("tu ne me chercherais pas si tu ne m'avais pas déjà trouvé") et c'est d'autant plus émouvant qu'il l'a jusque là toujours considéré comme un loser avec son look geek et ses goûts idoines pour l'héroïc fantasy et les jeux de rôles. Mais le passage de relai de la fin est clair, le père à l'ancienne a vécu.
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