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Mon homme Godfrey (My Man Godfrey)

Publié le par Rosalie210

Gregory La Cava (1936)

Mon homme Godfrey (My Man Godfrey)

Gregory LA CAVA est l'un des maîtres de la comédie américaine au même titre que Howard HAWKS, Leo McCAREY, Ernst LUBITSCH ou George CUKOR. Cependant contrairement à eux il a été oublié, surtout en Europe alors qu'il a réalisé quelques pépites de l'âge d'or d'Hollywood.

"Mon homme Godfrey" est son film le plus célèbre et le plus célébré tant par la qualité du scénario, l'écriture des dialogues que par l'excellence de l'interprétation. A la trame classique de la screwball comédie (la guerre des sexes), Gregory LA CAVA superpose un enjeu de classe. Il faut dire que le film a été réalisé en 1936, pendant la grande crise que traversaient les USA. Dès les premières images, il annonce la couleur en faisant coexister de grands immeubles bourgeois et une décharge publique avec des cabanes de SDF. Le malaise se renforce lorsque Cornelia Bullock (Gail PATRICK) vient proposer à Godfrey, l'un des SDF (William POWELL) en échange de 5 dollars de se prêter à un "jeu" qui m'a fait penser à "Le Dîner de cons" (1998) en ce que le clochard fait partie d'une liste "d'objets" à ramener comme trophée d'un concours pensé par des bourgeois désoeuvrés. Godfrey refuse l'humiliant marché et envoie bouler la bourgeoise dans un tas d'ordures. Une belle remise en place qui suscite l'enthousiasme de la sœur cadette Irène (Carole LOMBARD). Pour ses beaux yeux, Godfrey accepte de lui faire gagner le concours puis d'entrer au service de la famille en tant que majordome. On passe ainsi d'une peinture de la misère la plus extrême à celle de la bourgeoisie la plus décadente avec "God"frey en position d'observateur extérieur. Car on le comprend très vite, Godfrey est un transfuge social qui s'est donné pour mission (divine?) de rétablir un peu de justice et d'humanité dans tout ce bazar. Ce n'est pas un révolutionnaire (on est aux USA!) mais un homme bon qui veut utiliser son expérience pour aider son prochain en sortant les pauvres de la misère et en responsabilisant les riches. C'est aussi un homme échaudé par une expérience amoureuse malheureuse qui n'a pas très envie de "replonger" dans son milieu d'origine, incarné par des femmes aussi envahissantes que frappadingues: la mère et son ridicule Carlo pique-assiette (j'ai longtemps cru qu'il s'agissait du toutou de la famille, c'est dire ^^), Cornelia qui utilise son intelligence à des fins perverses et Irène qui s'avère stupide, capricieuse et hystérique. Le forcing de cette dernière face aux réticences de Godfrey a autant plus de saveur que Carole LOMBARD et William POWELL rejouent en quelque sorte leur histoire: ils étaient divorcés dans la vraie vie après avoir (brièvement) formé un couple mal assorti dont elle était l'élément extraverti et lui, l'élément réservé.

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