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Voyages avec ma tante (Travels mith My Aunt)

Publié le par Rosalie210

George Cukor (1972)

Voyages avec ma tante (Travels mith My Aunt)

"Voyages avec ma tante" adapté d'un roman de Graham Greene est l'un des derniers films de George CUKOR. Au début, j'ai été déconcertée par l'étrange hybridité du film, classique hollywoodien assaisonné d'iconoclasme (comme si on avait réuni dans un même long-métrage "Le Crime de l'Orient-Express" (1974) et "Easy Rider" ^^) (1968), ainsi que son côté surjoué et puis au fil des minutes je l'ai trouvé de plus en plus épatant. Il s'agit en effet d'un film haut en couleurs à tous les sens du terme. Henry (Alec McCOWEN), tristounet vieux garçon anglais coincé et casanier assiste aux obsèques de sa mère (une façon de signifier qu'il est un peu mort lui aussi) quand déboule la sœur de celle-ci, Augusta (Maggie SMITH), une vieille femme extravagante (alors que Maggie SMITH était en réalité beaucoup plus jeune que Alec McCOWEN) qui l'entraîne dans un double voyage, dans l'espace à travers l'Europe et dans le temps avec des flashbacks sur ses aventures amoureuses bariolées de l'adolescence à l'âge adulte ^^^^. Le film est une merveille de beauté plastique, notamment dans l'utilisation de la couleur dans les décors et les costumes (la robe rose et les bougies assorties sont du plus bel effet, de même que le manteau patchwork à dominante rouge sur fond désertique ou les plans nocturnes de gondoles avec un horizon barré par le passage des trains). Cette manière de faire flamboyer les couleurs est à l'image de l'héroïne qui en dépit de son âge et de son apparence chic et glamour se comporte d'une façon que l'on pourrait qualifier de libertaire ce qui correspond à l'époque post-soixante-huitarde. Le panorama de ses amants successifs reflète bien d'ailleurs le changement d'époque puisqu'elle commence sa vie sexuelle et amoureuse avec Visconti (Robert STEPHENS qui était alors encore le mari de Maggie SMITH) après s'être enfuie du pensionnat et qu'elle la termine avec Wordsworth (Louis GOSSETT Jr.), médium sierraléonais consommateur de marijuana (qu'il camoufle d'ailleurs dans l'urne qui contenait les cendres de la mère de Henry ce qui choque celui-ci). Avec des passages obligés par le bois de Boulogne, les lupanars vénitiens et les ateliers d'artistes (elle a posé pour Modigliani et c'est d'ailleurs un travelling sur ce nu féminin semblable à un paysage qui sert de générique au film comme celui que fera une quinzaine d'années plus tard Agnès VARDA sur Jane BIRKIN). Augusta se livre également à divers trafics censés lui permettre de réunir la somme pour libérer Visconti qu'elle croit prisonnier et en proie aux pires tortures. Henry finit par se décoincer au contact de Tooley, une jeune femme enceinte en voyage pour Katmandou (Cindy WILLIAMS) et s'il s'offusque des manières de sa tante, il ne tarde pas à la percer à jour et à faire la différence entre elle qui cherche (en mode bulldozer certes) à lui "redonner la vie" et Visconti qui est juste un escroc minable. La fin laisse habilement planer le doute sur la route qu'ils emprunteront une fois le film terminé: celle de la raison ou celle du grain de folie?

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