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Vicky Cristina Barcelona

Publié le par Rosalie210

Woody Allen (2007)

Vicky Cristina Barcelona

"Vicky Christina Barcelona" est un film qui a un double mérite.

D'une part il masque des questionnements existentiels qui auraient pu être d'un ennui mortel sous les atours chatoyants d'une comédie en forme de carte du tendre touristique de plus en plus épicée pour ne pas dire caliente. La qualité de la distribution et de la photographie apportent un charme indubitable au film qui fait parfois le même effet sur le spectateur que le bon vin et le guitariste espagnol sur Vicky. Et ce même s'il ne connaît pas les monuments de Barcelone (qui doivent beaucoup à Gaudi comme on peut le découvrir dans le film: Sagrada Familia, parc Güell, Pedrera et ses cheminées en forme de chevaliers). Pourtant à travers le marivaudage amoureux des deux jeunes touristes américaines (Rebecca HALL et Scarlett JOHANSSON) et le couple explosif et "almodovarien" formé par Penélope CRUZ et Javier BARDEM, Woody ALLEN pose des questions qui préfigurent celles de "Whatever Works" (2009). Il est loin d'être le premier à opposer l'ennui conjugal qui attend Vicky auprès de son fiancé aussi excitant qu'un "pot de yaourt" pour reprendre l'expression du Monde à la passion auto destructrice qui anime les artistes Juan Antonio et Maria-Helena, trop fusionnels pour ne pas se rendre la vie infernale. C'était déjà l'un des thèmes majeurs du film de Jacques DEMY, "Une chambre en ville" (1982) qui s'y connaissait en problèmes de gémellité artistique. Mais à ces deux extrêmes aussi mortifères l'un que l'autre, Woody ALLEN ajoute des expérimentations amoureuses plus marginales (le saphisme, l'amour à trois) qui au final ne débouchent sur rien. En dépit de la devise de Juan Antonio "Carpe Diem" c'est l'insatisfaction qui prédomine. Vicky se résout à suivre son schéma plan-plan en dépit des avertissements de Judy (Patricia CLARKSON) qui l'héberge à Barcelone et qui ne supporte plus sa situation conjugale très semblable (quoiqu'en dise Vicky). Quant à Cristina, elle n'est pas plus avancée qu'avant puisqu'elle sait certes ce qu'elle ne veut pas mais toujours pas ce qu'elle veut.

D'autre part, ce film qui fait partie de la période où Woody ALLEN faisait le tour d'Europe démontre si besoin était que celui-ci que l'on a longtemps ancré dans une identité "juive new-yorkaise" est en réalité un caméléon. Comme dans "Zelig" (1983) il est capable de se fondre dans n'importe quel décor tout en étant toujours fidèle à lui-même.

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