Richard III
Richard Loncraine (1995)
Les années 90 ont été propices aux transpositions ou aux réécritures modernes des pièces de Shakespeare. Je pense aux premiers films de Kenneth Branagh ("Henry V", "Beaucoup de bruit pour rien", "Hamlet"), à "My Own Private Idaho" de Gus van Sant qui contient des allusions à "Henry IV" mais aussi à la saga littéraire du "Trône de fer" de George R. R. Martin dont le premier volume est sorti en 1996 (popularisée par la suite par son adaptation en série sous le nom de "Game of Thrones") et qui revisite les pièces historiques de Shakespeare, "Richard III" en particulier.
C'est donc dans ce contexte favorable que Richard Loncraine a réussi un joli coup de maître en transposant la célèbre pièce de Shakespeare au cœur d'une Angleterre fascisante dans les années 30. Ce malade du pouvoir qu'est Richard dont les difformités physiques nourrissent l'âme torturée et les actions sanguinaires se marie en effet très bien avec le décorum nazi. Ian McKellen incarne par ailleurs le rôle à la perfection. Impossible d'oublier son sourire en biais qui annonce à chaque fois quelque nouvelle tragédie. Du début à la fin on est tenu en haleine par une spirale de fatalité qui ressemble à la tyrannie totalitaire en ce qu'elle aboutit à faire le vide autour du protagoniste principal. En faisant assassiner tous ceux qui se dressent entre lui et le pouvoir suprême (d'abord ses rivaux, puis les membres de sa propre famille), Richard finit par faire l'unanimité contre lui. A force de voir des ennemis partout, les grands paranoïaques finissent ainsi par réellement les créer, les quelques survivants du massacre orchestré par Richard finissant ainsi par se retourner contre lui et se fédérer pour le vaincre. Ajoutons que la distribution anglo-américaine est de premier ordre: Maggie Smith, Kristin Scott Thomas, Jim Broadbent, Jim Carter, Annette Bening ou encore Robert Downey Jr.
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